Irrigation des céréales 2018 : pas d’urgence à ce jour

Sur les deux sites irrigables d'Arvalis-Institut du végétal de Lyon Saint-Exupéry (Rhône) et Étoile-sur-Rhône, la pratique de l'irrigation amène régulièrement des quintaux supplémentaires en fonction de la pluviométrie printanière. Nous constatons que le rendement diminue mécaniquement de 1 % quand la satisfaction des besoins en eau de la culture baisse de 1 %, en relatif à une culture bien alimentée.
Cette valeur n'est pas fondamentalement différente de celle du maïs, seule la période diffère et des ETP plus faibles mènent à une plus faible valorisation de l'eau. Au final, les gains de rendements liés à l'irrigation vont de 0 à 25 quintaux pour les limons profonds d'Étoile-sur-Rhône et de 5 à 30 quintaux pour les sols de graviers. En règle générale, on peut compter de 6 à 9 q/ha de gain pour 30 mm d'irrigation.
Sécurisation du rendement face au déficit hydrique
Les besoins en eau du blé augmentent rapidement du stade début montaison à sortie dernière feuille, et diminuent progressivement à partir du stade pâteux. En fonction du climat et de la réserve utile du sol, pluie et irrigation devront couvrir, 8 années sur 10, de 1,5 à 2 mm/jour pour la plaine du Forez ou les graviers profonds de Bièvre et de la plaine de Lyon, et de 2 à 3 mm/jour pour les situations de la Drôme et les graviers de plaine de l'Ain. Ces valeurs permettent, à l'avance, de caler un tour d'eau et une fréquence de retour. Le blé peut valoriser de 1 à 2,5 irrigations, en moyenne. Des calculs réalisés pour le colloque « Innover pour une meilleure irrigation » qui s'est déroulé dans notre région en 2016 ont permis de préciser les besoins en eau des céréales pour la période allant du stade épi 1 cm à grain pâteux (voir le tableau besoin en eau du blé du stade épi 1 cm à grain pâteux pour la région Rhône-Alpes).
Ou en est-on aujourd'hui ?
Les blés sont au stade épi un cm et entrent dans la phase de grande sensibilité au stress hydrique, même si la consommation des cultures est encore limitée à ce stade.
Les conditions météorologiques avec des pluies généreuses ces dernières semaines ont permis aux réserves du sol de se reconstituer. Les niveaux des sondes tensiomètriques observés sur le département sont bas, ils reflètent cet état de fait. Il n'y a aucune urgence concernant l'irrigation à ce jour.
Yves Pousset, Arvalis-Institut-du-végétal
Les clés pour réussir son irrigation
- Il faut décider dès le semis les parcelles qui seront arrosées pour adapter le choix variétal (éviter les variétés sensibles à la moucheture ou à la verse par exemple).- Le blé est une culture qui s’implante tôt avec un enracinement profond, on peut apporter de 25 à 50 mm en une irrigation, en fonction de la nature du sol.
- Il faut être prêt à irriguer tôt pour valoriser l’azote et éviter un stress hydrique précoce.
- L’irrigation peut sécuriser les rendements à un niveau élevé ; il faut en tenir compte pour ajuster la dose totale d’azote et la dose au dernier apport (dilution possible qui peut faire baisser le taux de protéine).
- En cas de conflit d’usage, donner la priorité au blé dur sur le blé tendre.
- Disposer d’un outil de pilotage (sondes tensiomètriques, bilan hydrique etc…) pour déclencher au bon moment.
- Soigner, sur les dernières irrigations, le réglage du matériel pour éviter la verse (pression correcte au canon, changement de buse), attention au vent.
- Ne pas hésiter à différer légèrement le début de l’irrigation du maïs pour finir l’irrigation du blé les années difficiles.
- Cas particulier des blés durs : attention à ne pas arroser sur la fleur, ne reprendre l’irrigation que si déficit avéré (pilotage obligatoire) et temps sec, sinon augmentation du risque fusariose et surtout moucheture.
Yves Pousset, Arvalis-Institut-du-végétal