Jaillance a investi neuf millions d'euros

En 2013 et 2014, en vue d'améliorer sa productivité et sa compétitivité, la Cave de Die Jaillance a investi neuf millions d'euros : six dans un bâtiment et trois dans du matériel. Il s'agit de la première tranche de travaux de son plan directeur. Dans la matinée du 4 juin, après une visite guidée, les nouvelles installations industrielles ont été inaugurées en présence de représentants de la profession, d'élus, de partenaires... Un bâtiment de 6 000 mètres carrés a été construit pour le stockage et la prise de mousse. Il se situe de l'autre côté de la voie ferrée, où se trouvaient déjà la réception de la vendange et la cuverie de vinification. Y a été installée une ligne d'embouteillage-prise de mousse automatisée (tirant 10 000 bouteilles à l'heure), avec deux robots. A la sortie de prise de mousse, une navette automatique transporte les palettes dans l'entrepôt via une galerie de liaison. Et l'essentiel de la ligne de dégorgeage a été modernisé. En outre, la cave met en place une nouvelle méthode de suivi des lots (identification par radiofréquence).
La Clairette rosé en « stand-by »
Plusieurs raisons ont conduit la cave de Die Jaillance à agrandir son site, notamment la croissance de son activité (+ 30 % en volume vinifié depuis 10 ans). Le lancement d'un pack de trois bouteilles de 20 centilitres de Clairette (ne pouvant être conditionné auparavant) en est une autre. La troisième est la perspective de produire de la Clairette rosé. L'Inao avait approuvé la modification du cahier des charges de l'appellation mais ce projet a été mis en « stand-by » car l'appellation Bugey Cerdon y a fait opposition. Il revient à l'Inao de trancher. Obtenir gain de cause, le président de la cave de Die Jaillance, Eric Vanoni, l'a espéré l'après-midi de ce 4 juin, en assemblée générale. C'était la dernière placée sous sa présidence (depuis 2007). Ce même jour, Olivier Rey a pris le relai (voir encadré).
Un nouveau record
En 2014, la cave de Die Jaillance a battu un nouveau record, en réceptionnant plus de 9 400 tonnes de vendange. 68 957 hectolitres ont été vinifiés : 89 % en Clairette tradition, 7 % en brut, 2 % en Crémant et 2 % en Châtillon-en-Diois.
Sur le plan commercial, le contexte économique étant difficile, « 2014 a été compliquée », a observé le directeur général, Jean-Louis Bergès. Les trois premiers mois de l'année se sont placés très en retrait (jusqu'à - 30 % à fin mars). Par contre, l'export et le caveau ont réalisé des chiffres d'affaires historiques. Grâce à des efforts commerciaux et de marketing, la cave a réussi à redresser la situation et fini l'année avec un chiffre d'affaires en croissance de 2 %. Poursuivant sa progression, la marque Jaillance représente 66 % des ventes en volume et 72 % du chiffre d'affaires. Même si les responsables de la cave espéreraient mieux, les volumes en bio ont augmenté de 7 %. Les produits haut de gamme et la CHD(1) se sont affichés en hausse de 6 % et l'export de 3 %. La VPC(2), par contre, a reculé de 5 %.
Un groupe solide
Le chiffre d'affaires du Groupe Jaillance a approché les 9,5 millions d'euros (+ 2 %). La champagnisation à façon a progressé de 44 %, suite à la reprise des Cordeliers(3) début 2014. La croissance du Crémant de Bordeaux est de 16 % et celle des vins tranquilles de 13 %. Malgré des investissements « massifs », en 2014, le Groupe Jaillance a réalisé le meilleur résultat net depuis sa création (+ 63 %, à 1 037 000 euros). Pour Jean-Louis Bergès, les résultats « confirment la solidité du Groupe et le bien-fondé de la stratégie adoptée ».
Annie Laurie
(1) CHD : consommation hors domicile.
(2) VPC : ventes par correspondance.
(3) Les Cordeliers : producteur historique de Crémant de Bordeaux.
La Cave de Die Jaillance cave coopérative fondée en 1950.
Marque Jaillance créée en 2001.
Plus de 200 adhérents.
1 125 hectares de vignes.
9 412 tonnes vendangées en 2014 (9 210 en 2 013 et 8 555 en 2011).
68 957 hectolitres vinifiés.
Cave de Die Jaillance : Olivier Rey, nouveau président de Jaillance
A la présidence de la Cave de Die Jaillance, Oliver Rey succède à Eric Vanoni.
Olivier Rey : « J'ai 48 ans et suis installé à Aix-en-Diois depuis 1992. J'ai une exploitation bio à dominante viticole, avec 14 hectares de vignes en AOC Clairette de Die, de l'ail, des courges, céréales, cultures fourragères et 250 brebis. J'emploie un salarié permanent, des saisonniers et, depuis cette année par le biais d'un groupement d'employeurs, mon fils (21 ans) qui envisage de s'installer sur l'exploitation. A la cave coopérative de Die, je suis administrateur depuis une vingtaine d'années et vice-président depuis 2013. J'ai aussi été membre de la chambre d'agriculture pendant deux mandats. »
Comment voyez-vous la situation actuelle et l'avenir de Jaillance ?
O. R. : « Ses volumes et chiffre d'affaires sont en croissance, dans la lignée des vins effervescents. Cette progression est notamment liée à la nouvelle politique mise en place et à la notoriété de la marque Jaillance, qui gagne des points dans la grande distribution au détriment des marques distributeurs. 2014 étant encore une bonne année, il a été décidé d'augmenter le prix de base, de distribuer du résultat aux coopérateurs et un intéressement au personnel. 2015 se présente bien, les ventes se maintiennent. En agriculture biologique, la cave est reconnue et n'abandonne pas le challenge. Quant à la Clairette de Die rosé, pouvoir en produire serait un vrai relai de croissance, une complémentarité pour l'AOC et notamment Jaillance.
Qu'est-ce qui vous motive ?
O. R. : « Ma motivation, en tant que président, est de gagner encore en notoriété sur chaque produit de la cave et dans tous les réseaux. C'est aussi que tous les viticulteurs trouvent leur place, d'essayer de maintenir voire d'améliorer leur revenu. C'est encore de favoriser la transmission des exploitations en s'appuyant sur l'innovation (GFA1, SCI2...) pour installer des jeunes viticulteurs coopérateurs. Enfin, dans la conduite du conseil d'administration, l'un des enjeux est de prendre en compte le monde concurrentiel des vins effervescents pour trouver des solutions aux problèmes et rester reconnus par les consommateurs. »
Propos recueillis par Annie Laurie
(1) GFA : groupement foncier agricole.
(2) SCI : société civile immobilière.