Jean-Pierre Royannez, dans l'agriculture depuis tout jeune

Aujourd'hui âgé de 54 ans, Jean-Pierre Royannez entre tôt dans la vie active. « Après un Bepa à la MFR de Divajeu, d'où je sors à l'âge seize ans et demi, je deviens aide familial sur l'exploitation de mes parents, à Alixan », indique-t-il. En ce temps-là, le lait du troupeau caprin est transformé en fromages. Cinq ans plus tard, au début des années 1990, Jean-Pierre Royannez reprend la ferme. Il construit une chèvrerie et décide de vendre le lait. A l'époque, il travaille avec son épouse et l'exploitation compte 10 hectares. La surface est ensuite agrandie et une EARL à deux associés est constituée. Puis l'agriculteur se retrouve seul sur l'exploitation jusqu'à ce que son fils, Loïc, vienne y travailler en 2016, après un bac pro à la MFR de Divajeu également. D'abord en tant que salarié, pendant six mois, avant de s'associer avec son père le 1er janvier 2017. L'EARL est alors transformée. Elle devient le Gaec Chévrilait. Commentaire de Jean-Pierre Royannez : « Loïc a toujours eu envie d'être agriculteur. "Comme papa sauf les réunions", disait-il quand il était petit ».
Développer et moderniser l'élevage
L'installation de Loïc (21 ans actuellement) se traduit par un coup de jeune donné à l'exploitation. Avec comme projet de « développer et moderniser au maximum l'élevage caprin pour améliorer les conditions de travail », explique Jean-Pierre Royannez. Pour ce faire, sont construits une nouvelle chèvrerie en bois (de 2 300 m2) et un hangar de stockage métallique (700 m2). Le chantier débute à l'automne 2017 et les chèvres entrent dans leur nouveau bâtiment en juillet 2018.
Un robot d'alimentation distribue le concentré (trois fois par jour) et repousse le fourrage (huit fois par jour). L'élevage est équipé d'une distributrice-pailleuse montée sur télescopique, d'une salle de traite rotative de 44 places. L'aire d'attente est sur caillebotis et un chien électrique (barrière électrifiée) permet, si besoin, de faire avancer les chèvres vers la salle de traite. Dans la laiterie, ont été installés un tank à lait neuf (de 5 200 litres) et l'ancien (de 1 700 litres) utilisé durant les périodes de faible production (débuts et fins de lactation). Leur lavage est automatique. A l'extérieur, les céréales destinées à l'élevage sont stockées dans deux cellules et le tourteau de colza dans un silo (120 tonnes de capacité totale)... L'ancienne chèvrerie, elle, a été conservée pour loger les chevreaux et chevrettes.
600 chèvres d'ici fin 2020
Le Gaec Chévrilait élève des chèvres de race saanen. Son objectif est de passer d'un effectif de 230 mères en 2017 à 350 cette année et 600 d'ici fin 2020. Et de maintenir la production à 900 kilos de lait par chèvre. L'élevage est situé dans l'aire de l'AOP Picodon, dont le cahier des charges impose la sortie du troupeau sur une aire d'exercice d'au moins 5 m2 par chèvre. Celui de Jean-Pierre et Loïc Royannez dispose de davantage d'espace puisqu'il a accès à un parcours d'un hectare autour des bâtiments.
« L'élevage est conduit en production désaisonnée, avec des mises bas en septembre et le plus possible regroupées », précise Jean-Pierre Royannez. Le lait est collecté par le groupe coopératif Agrial pour son usine de Crest. A l'exception des animaux de renouvellement, les chevreaux sont vendus à l'âge de huit jours et partent dans un atelier d'engraissement.
En autonomie fourragère
L'élevage est en autonomie fourragère. Seul est acheté du correcteur azoté pour équilibrer la ration alimentaire des chèvres (tourteau de colza). La moitié de la surface de l'exploitation est réservée aux fourrages. Sur les 50 % restants, sont cultivées des céréales dont une quinzaine d'hectares pour le troupeau. Du blé et du maïs sont aussi livrés à la coopérative Drômoise de céréales. Et des semences (tournesol, colza) sont multipliées pour Top Semence sur une dizaine d'hectares. 50 à 60 hectares sont irrigués. Et les terres de l'exploitation sont irrigables à plus de 80 %. Quant au matériel, le Gaec en possède en individuel, en copropriété avec un voisin et en utilise aussi via une cuma.
Du fonctionnel, pas du luxe
En termes de moyens humains, le Gaec emploie un ouvrier à mi-temps sur les cultures (déjà présent sur l'exploitation avant l'installation de Loïc). A l'avenir, un mi-temps supplémentaire sera peut-être créé sur l'élevage. « Le bâtiment a été conçu afin de pouvoir fonctionner avec une personne seule pour la traite, l'alimentation et se dégager du temps pour des responsabilités professionnelles, les week-ends, congés... C'est très agréable et confortable. Pour notre chèvrerie, nous n'avons pas voulu du luxe mais du fonctionnel. La transition a été un peu compliquée. Nous avons connu deux ans difficiles, avec beaucoup de travail. Il reste quelques améliorations à faire mais c'est presque fini. Les installations fonctionnent et les chèvres sont bien logées », confie encore Jean-Pierre Royannez, qui ne cache pas sa satisfaction d'avoir été rejoint par son fils sur l'exploitation.
Annie Laurie
Repères
- Gaec Chévrilait, créé en 2017 : deux associés, Jean-Pierre et Loïc Royannez.- Exploitation de 120 hectares dont 50 % en fourrages.
- 230 chèvres saanen en 2017 et un objectif de 600 en fin 2020.
- Nouveaux investissements pour le projet : 750 000 euros dans une chèvrerie, un hangar de stockage et du matériel.
- Production de lait en AOP Picodon.
Responsabilités professionnelles
Jean-Pierre Royannez vient d'être élu président de la chambre d'agriculture de la Drôme. Il est aussi membre du bureau de la FDSEA de la Drôme (il en a été président de 2005 à 2014) et de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes (il a présidé la FRSEA Rhône-Alpes de 2008 jusqu'à sa fusion avec celle de l'Auvergne). Il a également siégé au conseil d'administration de la FNSEA de 2011 à 2017.Par ailleurs, il siège au comité de bassin Rhône-Méditerranée de l'Agence de l'eau et au comité technique de la Safer. Il est en outre membre du conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) Auvergne-Rhône-Alpes.