Jeune installé : une nouvelle exploitation inaugurée

En début d'année, les Jeunes Agriculteurs de la Drôme (JA 26) ont lancé des « journées nouvel installé ». Inaugurer l'exploitation d'un (ou de) jeune(s) récemment installé(s), tel en est le principe. Le but est « de les encourager et de leur montrer notre soutien, expliquent les responsable du syndicat. Nous travaillons ardemment au maintien d'une agriculture pérenne, notamment à travers le renouvellement des générations ».
Quatre exploitations* ont ainsi été inaugurées en début d'année. Ce 18 octobre, c'était au tour de celle de Yann Permingeat, à Montvendre. Pas loin de 100 invités y ont assisté : voisins, collègues, famille, élus, partenaires, responsables d'organisations agricoles, étudiants du lycée agricole du Valentin (1ère et 2e années du BTS agronomie productions végétales par apprentissage)...
Un changement de cap
Dans sa formation initiale, Yann Permingeat ne s'était pas orienté vers l'agriculture même si, depuis longtemps, il donnait des coups de main à son père sur l'exploitation. Après un Bac professionnel hôtellerie-restauration à Tain-l'Hermitage (2009-2012), puis un emploi de cuisinier (2012-2014), il a complété ses connaissances avec un CAP pâtisserie au CFA de Livron (2014-2016). Mais, en 2016, il a eu l'opportunité de reprendre une exploitation voisine, celle de deux frères en Gaec dont l'un voulait arrêter l'agriculture. Pour s'installer, Yann est donc retourné au lycée, cette fois-ci au Valentin, pour un BPREA en un an (2016-2017). Puis il a suivi son parcours installation. Et, le 1er janvier 2018, il s'est installé en Gaec avec son père, Philippe.
167 hectares et un poulailler
Auparavant, l'exploitation familiale était une EARL à deux associés - Philippe Permingeat et son épouse, Laurence - avec 75 hectares (ha) de SAU et un poulailler (de 1 250 m2) construit en 2011. Avec les 92 ha (repris en location) du Gaec voisin dissolu, Yann et Philippe Permingeat cultivent à présent 167 ha, dont 130 irrigués, répartis sur dix communes mais au trois quarts concentrés sur Beaumont-lès-Valence et Montvendre (140 ha sont à moins de six kilomètres). Sur leurs terres, sont produits blé, maïs, orge, soja consommation. Mais aussi maïs, tournesol, colza et pois chiche semences. Et sont élevées six bandes de 25 000 volailles de chair par an, en intégration avec Valsoleil.
Côté organisation du travail, Philippe s'occupe des volailles, de l'entretien du matériel, des cultures. Yann des cultures, de l'entretien du matériel, de l'administratif (Pac...). Laurence, qui est salariée à mi-temps sur l'exploitation, des volailles et de l'administratif. Et Claude Mazot (ancien associé du Gaec repris), salarié un quart de temps, intervient sur les cultures et l'irrigation.
300 000 € d'investissements
Au total, 300 000 € ont été investis : dans une moissonneuse-batteuse, trois tracteurs, deux pivots d'irrigation, trois enrouleurs, du matériel de préparation du sol et de semis, une castreuse à maïs. Yann a emprunté 300 000 € sur cinq ans. Son exploitation étant en zone de plaine, il a bénéficié de 26 600 euros de DJA (dotation jeune agriculteur, dont le premier acompte a été versé en août 2018) : au montant de base de 12 000 euros se sont ajoutés 15 000 euros pour intensité d'investissements (supérieurs à 100 000 €). Et la Région lui a octroyé une aide de 1 000 € (attribuée en février 2018).
A moyen terme, ce jeune agriculteur projette entre autres d'embaucher un apprenti ou un salarié. Il envisage aussi d'investir dans du matériel plus performant, compte tenu de l'agrandissement de l'exploitation. En outre, dans l'optique de moins recourir aux produits phytosanitaires, il réfléchit à l'évolution de ses pratiques culturales, notamment vers le désherbage mécanique.
Remettre du lien
« En 2020, nous essaierons d'inaugurer plus d'exploitations, a indiqué le président de JA 26, Jordan Magnet, car c'est un moyen de rencontrer les élus, les financeurs, le voisinage... Il est important de remettre du lien. » Ces inaugurations sont aussi un moyen de mettre en avant le rôle du syndicat et de faire un point sur les installations dans le département (voir ci-...). Le maire de Montvendre, Bruno Servian, les a qualifiées « de manifestations innovantes ».
« Pouvoir se gérer soi-même, produire ses produits est une chance », a souligné le vice-président du Département en charge de l'agriculture, André Gilles. Les agriculteurs doivent « garder la tête haute, ils ne sont pas là pour tuer les gens mais les nourrir », a commenté le président de la section volailles de Valsoleil, Serge Faure. « Soyons fiers de nos agriculteurs », a confié à son tour le sénateur Bernard Buis, avant de rappeler que les politiques peuvent relayer leurs demandes. Dernier à prendre la parole, le président de la chambre d'agriculture, Jean-Pierre Royannez, a terminé ses propos avec une note d'optimisme : « Il ne faut pas oublier les agriculteurs en difficulté mais il y a possibilité de bien vivre du métier. Notre agriculture a un bel avenir. On est nombreux à y croire ».
Annie Laurie
* Exploitations inaugurées début 2019 : celles de Julien Follut à Saint-Thomas-en-Royans (22 février), de Mathilde et Florentin Chaffois à Charens (25 février), Mathilde Eysseric à Bouchet (18 mars), Emilie Froget et Benjamin Fanget à Saint Avit (26 mars).
L'installation en Drôme
En 2017 (MSA) : 102 installés de moins de 40 ans dont 50 avec la DJA et 29 de plus de 40 ans.En 2018 : 59 passages en CDOA.
En 2019 : environ 55 dossiers déjà sélectionnés en CDOA et une prévision de 70 en tout sur l'année, selon Nathalie Guérin, gestionnaire installations au service agriculture de la DDT de la Drôme.