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Projets d’infrastructures de transport

L’A45 divise encore

En réflexion depuis des décennies, le projet d’une nouvelle liaison autoroutière entre Lyon et Saint-Étienne prend forme avec l’A45 dont le tracé relie La Fouillouse à Brignais(*). Tandis que les agriculteurs de la Loire se préparent à négocier les compensations et limiter son impact, la profession agricole du Rhône milite encore pour une autre option.
L’A45 divise encore

Le 7 juillet, le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes a débloqué le versement de sa participation financière pour la construction de la future A45 devant relier Saint-Étienne à Lyon, soit 131,7 millions d'euros. Ce choix a été conforté après analyse, par un cabinet indépendant, des conditions de réhabilitation et de modernisation de l'A47 jugées trop longues et coûteuses (plus d'un milliard d'euros et près de dix ans de travaux). Le coût total de ces 48 km reliant La Fouillouse à Brignais, nécessitant la construction de 4 tunnels et 11 viaducs, est estimé à 1,2 Md d'euros. La Région, le Département de la Loire et la Métropole stéphanoise apporteront le même montant ; l'État doit participer à hauteur de 395 millions d'euros. Le conseil régional souhaite un lancement rapide du chantier dont l'achèvement est prévu en 2022. Selon les élus, cette autoroute, « utile pour le développement économique », créera 1 700 emplois pendant la durée du chantier.

Les Ligériens veulent des compensations

Politiquement, les opposants ne désarment pas, notamment Christophe Guilloteau, président du Département du Rhône, et certains maires. On reproche au projet de menacer des zones de captage d'eau, de faire disparaître des terres arables, de faire doublon avec l'A47 et puis d'être raccordé à l'A450 déjà très fréquentée. Les zadistes qui se sont illustrés à Sivens ou Notre-Dame-des-Landes menacent d'intervenir.
La profession agricole ne reste pas immobile, mais la vision diffère des deux côtés de la frontière départementale. Lors de la fête de l'agriculture organisée par Jeunes agriculteurs (JA) fin août, Raymond Vial, président de la chambre d'agriculture de la Loire a annoncé avoir demandé des compensations : restructuration foncière et création de retenues collinaires. Un comité de défense est en cours de création, sous l'égide de la FDSEA et de JA. Il sera chargé notamment de négocier les indemnisations. « Bien sûr nous subissons cette décision mais il serait contre-productif de s'opposer ou de pratiquer la politique de la chaise vide, estime le président de la FDSEA, Gérard Gallot. Nous devons participer aux discussions avec Vinci afin de limiter les impacts pour les agriculteurs concernés, qu'ils puissent continuer à exercer leur métier dans de bonnes conditions. » Le tracé traverse à la fois des zones de cultures et herbagères mais aussi les coteaux arboricoles du Jarez. « Il y aurait peut-être moyen d'utiliser l'eau du Rhône dont les droits de pompage sont sous-exploités », estime le président.

Les Rhodaniens toujours opposés

Dans le Rhône en revanche, ce n'est pas le même son de cloche. « Pour nous, l'A45 n'est pas encore actée, insiste Gérard Bazin, président de la chambre d'agriculture. On souhaite que d'autres choix soient encore étudiés ». L'emprise agricole serait relativement forte, notamment sur le plateau mornantais « et mettrait en grandes difficultés les exploitations locales ». Les agriculteurs de la région lyonnaise sont soumis à une terrible pression foncière et souffrent du grignotage régulier de leur territoire par des projets d'infrastructures de tout type. Et au-delà de l'A45 en elle-même, l'arrivée de cette autoroute à Brignais pourrait faire ressurgir un autre projet, le COL (contournement ouest de Lyon), un vieux serpent de mer que les agriculteurs du Rhône préféreraient voir rester dans les cartons...
D. B.
(*) : L'A45 doit traverser les communes de La Fouillouse, La-Tour-en-Jarez, La Talaudière, Saint-Chamond, Cellieu, Chagnon, Saint-Martin-la-Plaine, Saint-Maurice-sur-Dargoire, Mornant, Montagny, Orliénas et Brignais.