L'Adem œuvre pour le pastoralisme collectif

L'animation pastorale est la mission première de l'Adem de la Drôme. Son président, Philippe Cahn, l'a rappelé en assemblée générale, le 27 avril à Die. Il y a notamment exprimé la volonté de sensibiliser toutes les collectivités territoriales sur le rôle du pastoralisme : une économie, des productions de qualité, la préservation de la biodiversité, l'entretien de paysages...
Hélas, cette activité est confrontée à une prédation croissante des loups. « 2017 est la pire année que nous ayons connue », a déploré Philippe Cahn. En France, 12 000 victimes ont été constatées. En Drôme, un record a été atteint avec 169 attaques (près d'un tiers de plus) et 568 animaux indemnisés (40 % de plus qu'en 2016). A cette assemblée, le plan loup a d'ailleurs fait l'objet d'échanges entre la profession et le sous-préfet de Die, Patrick Bouzillard.
Les impacts de la prédation étudiés
L'Adem, a-t-il été indiqué, est à l'origine d'un projet d'étude visant à mieux appréhender les impacts humains, économiques, environnementaux et touristiques de la prédation à l'échelle régionale et territoriale. En outre, une expérimentation sur la géolocalisation de troupeaux et chiens de protection est en cours de réflexion avec la chambre d'agriculture de la Drôme. L'idée est de comprendre le travail des chiens, notamment autour des parcs de nuit..., en s'appuyant sur un travail de l'institut de l'élevage, a précisé Dominique Narboux, technicienne de l'Adem.
Le collectif pastoral, nouveau statut
En 2017, le statut de collectif pastoral (CP) a été reconnu en tant qu'association à vocation pastorale. Les aménagements pastoraux vont ainsi pouvoir continuer. L'an passé, neuf CP ont été créés. Et, progressivement, tous les groupements pastoraux (GP) seront ainsi transformés. Ces changements sont l'occasion d'intégrer de nouveaux éleveurs pastoraux, de redéfinir les règles de fonctionnement des collectifs et de réfléchir à des projets d'équipements, fait-on remarquer au sein de l'Adem. Cette association accompagne les groupements à gestion concertée dans leurs démarches administratives de création. L'an passé, elle s'est aussi investie pour la souscription des nouvelles MAEC (mesures agro-environnementales et climatiques) et la mise en place des plans de gestion sur cinq ans. Cela a concerné 14 GP et plus de 2 000 hectares.
Equipements pastoraux
En 2017, l'Adem a accompagné 25 dossiers de travaux d'améliorations pastorales, portés par des GP, CP et communes. Sur l'année, quelques 600 000 euros (HT) ont été demandés aux financeurs (Région, Département et Union européenne). Et des dossiers déposés les années d'avant ont abouti. C'est le cas de la construction d'un abri mobile (projet démarré en 2015), grâce auquel un berger peut suivre son troupeau sur les zones de pâturage. Le Parc naturel régional des Baronnies provençales (porteur du projet) est propriétaire de cette cabane sur roues et l'a financé à hauteur 30 %. Le reste a été apporté par le Département, la Région et l'Europe (Feader) dans le cadre du plan pastoral territorial (PPT) des Baronnies provençales. L'Adem, elle, a accompagné techniquement cet équipement et assure la gestion des locations.
Parmi les autres dossiers de travaux, peuvent être signalés du broyage pour le GP Serre de Montué, de la contention mobile partagée pour sept éleveurs du GP à gestion concertée (GPGC) de l'Allier, un impluvium individuel pour le GPGC de Val de Sure, des clôtures...
Des collaborations
L'Adem fait équipe avec d'autres sur des projets pastoraux. Par exemple, elle collabore avec la chambre d'agriculture de la Drôme, notamment dans le domaine de la Pac, des MAEC... Avec le GDS (groupement de défense sanitaire) auprès de GP bovins en 2017 : des réunions ont permis d'engager des réflexions collectives et (ou) d'établir des règlements sanitaires. Un partenariat de ce type est prévu cette année pour les groupement ovins. Un travail est parallèlement conduit dans le cadre de la convention interrégionale du Massif des Alpes (Cima) pour établir un outil commun d'accompagnement des GP sur les aspects sanitaires. A cette échelle-là, d'autres réflexions sont menées sur les MAEC, les chiens de protection et un guide pratique sur les responsabilités juridiques en espace pastoral a été édité. Rédigé avec une juriste, il est destiné aux éleveurs, bergers, propriétaires, élus. Le partenariat se poursuit également au sein du Réseau pastoral Auvergne-Rhône-Alpes, (présidé par Philippe Cahn).
Par ailleurs, l'Adem contribue à l'atelier « pratiques pastorales » du réseau Alpages sentinelles. Depuis 2012, les alpages de Jocou et Darbounouse sont annuellement suivis dans ce cadre. En 2017, a ainsi été produit un référentiel des végétations pastorales d'alpage intégrant les variations climatiques sur celles-ci. Mais aussi une méthode d'analyse de la vulnérabilité des alpages aux variations climatiques. Et un livret explicatif sur le changement climatique en alpage. A noter encore, l'Adem de la Drôme anime l'Association française de pastoralisme (AFP).
Annie Laurie
Repères
Le pastoralisme collectif en Drôme :- 63 000 ovins, 10 000 bovins, 8 500 caprins et 2 500 équins.
- 400 éleveurs au sein de 29 groupements et 40 collectifs pastoraux (GP et CP).
- 250 propriétaires réunis en 7 associations foncières pastorales (AFP).Domaines d'intervention de l'Adem : vie des GP, CP AFP, structuration foncière, équipements et aménagements, expertises, études, veille technique et prédation, formation, emploi de bergers, communication auprès du grand public.
Projets sylvopastoraux / Le chauffage au bois déchiqueté offre des perspectives de débouchés pour la réouverture d'espaces d'estive, un enjeu actuel.La réouverture de surfaces d'estive
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A l'assemblée générale de l'Adem, l'un de ses techniciens, Fabien Candy, a présenté des travaux sylvopastoraux en alpages conduits en partenariat avec la DDT(1) et le CRPF(2). « Un enjeu majeur », a-t-il dit : pour l'herbe, des milieux ouverts, la circulation des troupeaux et dans le contexte actuel de forte prédation. Pour de tels travaux, même s'ils ne sont pas reproductibles sur tous les alpages, le développement du chauffage au bois déchiqueté ouvre des débouchés.Des actions cruciales pour l'avenir
Fabien Candy a présenté deux exemples. Le premier, sur l'alpage de Vente-cul, où les travaux sont finis et ont donné un pâturage « efficace ». Le second, sur l'estive de la montagne de l'Aup, « une opération blanche » (0 euro la tonne de bois contre 4 dans l'autre cas). Le technicien a qualifié de « remarquable » le travail partenarial conduit dans ce cadre entre forestiers, services de l'Etat et partenaires environnementaux. « Ces projets ont très bien fonctionné et sont cruciaux pour l'avenir des alpages », a-t-il encore confié. Et le président de l'Adem, Philippe Cahn a ajouté : « Ils sont exemplaires ». Pour Dominique Narboux, technicienne, « avec ce genre d'action, on repousse la fermeture de milieux et donne des petites poches d'avenir pour les futurs exploitants ». Et Pierre Tabouret, technicien au CRPF, a souligné l'apport de ces actions pour le maintien d'espaces d'estive ouverts.A. L.(1) DDT : direction départementale des territoires.
(2) CRPF : centre régional de la propriété forestière.