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Economie pastorale

L'Adem, totalement engagée au service du pastoralisme

Les groupements pastoraux sont appelés à se transformer en collectifs pastoraux. Une évolution annoncée à l’assemblée générale de l’association départementale d’économie montagnarde, qui est au service du monde pastoral depuis trois décennies.
L'Adem, totalement engagée au service du pastoralisme

L'assemblée générale annuelle de l'association départementale d'économie montagnarde (Adem) qui s'est tenue à Die le 11 avril. Dans son rapport moral, Philippe Cahn, son président a tout d'abord parlé du moment fort que constitue l'anniversaire de la création du service pastoral de la Drôme il y a 30 ans. Il a ensuite souligné l'intervention des conseillers régionaux Claude Aurias et Didier-Claude Blanc auprès du président Laurent Wauquiez, afin de tenter de débloquer les dossiers concernant les groupements pastoraux à gestion concertée dont l'existence était en effet compromise.

Philippe Kahn et Dominique Narboux, respectivement président et coordinatrice de l'Adem, en compagnie d'André Gilles, vice-président du Département en charge de l'agriculture.

Le loup principale préoccupation

L'Adem fonctionne pratiquement sans subventions directes (sauf les 800 euros accordés de la chambre d'agriculture) mais avec des financements pour des actions spécifiques, a-t-il rappelé. Il a mis l'accent sur l'enquête pastorale ayant permis de préciser qu'avec 104 000 hectares, l'ensemble des espaces pastoraux du département représente 15 % du territoire de la Drôme. Il a également mis en avant les actions sur le multi-usage et l'action prédation. « Cela reste le principal sujet d'inquiétude du monde pastoral, 2016 ayant été une année noire avec plus de 400 victimes indemnisées pour notre seul département. 2017 commence très mal avec déjà quinze attaques et 60 victimes, un chiffre jamais atteint pour un premier trimestre », a-t-il déclaré avant de remercier l'équipe de salariés composée de quatre personnes et de conclure : « L'engagement de l'Adem au service du monde pastoral est total ».

 

Une évolution progressive

L'accompagnement des collectifs pastoraux est l'une des activités majeures de l'association. Actuellement, on compte 29 groupements pastoraux (GP) classiques et 39 GP à gestion concertée. Or l'actualité de l'Adem, c'est justement l'évolution de ces groupements pastoraux. Dominique Narboux, salariée de l'association depuis 30 ans, a rappelé la genèse des GP à gestion concertée. « Malgré le soutien de la DDT(1), ils ont été malmenés et finalement, au milieu de l'année 2016, les nouvelles créations ont été interdites. A la fin de l'année, les dossiers ont été refusés. Pour cette raison, nous avons fait la proposition de les transformer en collectifs pastoraux, avec une perte de l'agrément groupement pastoral ».
Ces collectifs pastoraux, qui ne fonctionnent plus sous forme de syndicats agricoles mais associative, vont se mettre en place progressivement. Et, petit à petit, tous les GP vont devenir des collectifs pastoraux. « Les deux conseillers régionaux ont agi dans le but de les pérenniser. Nous avons enfin une ouverture », a ajouté Philippe Cahn.

Equipements

L'amélioration de l'exploitation des surfaces pastorales constitue le deuxième volet des missions de l'Adem. Au travers notamment de l'accompagnement à la réalisation d'équipements (27 dossiers déposés en 2016) ou encore des diagnostics et suivis avec plusieurs partenaires (dans la cadre de la convention Agrifaune et sur les espaces naturels sensibles). Un zoom a été fait sur l'inventaire des cabanes pastorales réalisé l'an dernier. Il a permis de faire un recensement et un état des lieux des hébergements. Les 63 logements pastoraux sont, pour un tiers, en mauvais état ou précaires.

Plans pastoraux territoriaux

Concernant l'accompagnement des plans pastoraux territoriaux, 2016 a été une année de transition entre ceux de première et de deuxième générations. Trois sont en cours : le Diois, les Baronnies provençales et la réserve des hauts plateaux du Vercors. 28 dossiers ont été déposés pour un montant global de 186 000 euros hors taxes de travaux.
Il a par ailleurs été question de la fête de la transhumance, de la formation des bergers et des interventions auprès de scolaires d'autres départements.
Quant au résultat de l'exercice écoulé, il s'est soldé par un résultat positif de 3 257 euros. Les difficultés de trésorerie ont été soulignées, elles tiennent au fait que le Feader(2) n'est pas encore en route et a obligé l'Adem de contracter un emprunt. Le budget prévisionnel s'équilibre à 235 500 euros, le montant des cotisations est inchangé. 

Elisabeth Voreppe
(1) Direction départementale des territoires.
(2) Fond européen pour le développement rural.

 

Rétrospective / Le service pastoral de la Drôme fête ses 30 ans. L'occasion d'évoquer son histoire mais aussi les nouvelles pistes de travail dégagées.

Trente ans d'appui au pastoralisme

L’Adem (association départementale d’économie montagnarde) fête cette année le 30e anniversaire de la création du service pastoral de la Drôme. Un hommage a été rendu par Philippe Cahn aux anciens présidents : à Robert Delage, auquel il a succédé et toujours membre du bureau, mais également à Jean-Claude Oddon qui, pendant plusieurs années et jusqu’en 2007, a présidé aux destinées de l'association. Il a été l’instigateur du service pastoral.
Un document rétrospectif a été réalisé à partir d’entretiens avec les différents protagonistes. Il se termine par un bilan et des perspectives. Le bilan de ces trente années est retracé dans trois domaines. D’abord la structuration du domaine pastoral, avec la création de 70 groupements. Ensuite les améliorations pastorales, avec des investissements à hauteur de 8,1 millions d’euros. Et enfin la reconnaissance du pastoralisme drômois, la dernière enquête ayant révélé les 77 000 hectares de parcours drômois.
De nouvelles pistes de travail
De nouvelles pistes de travail ont été dégagées : conforter les GP ; agir sur le foncier en réactivant la création des associations foncières pastorales ; concilier les usages des espaces pastoraux ; agir en faveur de la qualité des logements de bergers ; maintenir une gouvernance partagée entre monde agricole et territoires et enfin renforcer le réseau pastoral Rhône-Alpes.
L'Adem au fil du temps
Invité à s’exprimer, Jean-Claude Oddon a divisé ces trois décennies en quatre périodes débutant par quatre étapes importantes. « D’abord la création de l’Adem en 1976, dans un but de développer l’activité économique en montagne. Puis la création du service pastoral en 1987, le pastoralisme devenant petit à petit l’unique objet de l’association ; avec la mise en œuvre de la loi pastorale, la création des associations foncières pastorales ainsi que des groupements pastoraux et le lancement des grands équipements (la première cabane en 1989). Puis l’enquête pastorale de 1996 a donné un nouvel élan ; avec l’abandon progressif de la garde des troupeaux, ça a été le chantier des clôtures qui représentent encore 30 % des investissements. Enfin en 2008, ça a été la modification du fonctionnement : les territoires, le monde agricole et le pastoralisme travaillent ensemble. L’Adem conserve son échelle départementale. »
L’ancien président a souligné la contribution de l’Adem aux réseaux pastoraux, en rappelant que Philippe Cahn est président du réseau Rhône-Alpes. Et il a rendu hommage à Dominique Narboux : « Elle était sur le fil du rasoir tout le temps et avait le pied marin ». Et il a ajouté : « C’est bien de se retourner sur son passé. Quand nous sommes partis, je ne pensais pas que nous serions encore là aujourd’hui. Si le service alpage n’existait pas, il faudrait l’inventer ! ».
Philippe Cahn s’est adressé à lui en ces termes : « C’est grâce à des visionnaires comme toi que les choses avancent. Que de chemin parcouru… ». 
E.V.
Jean-Claude Oddon a retracé  l'histoire de l'Adem, dont il a été président pendant plusieurs années.