L’agnelage d’automne se prépare dès maintenant

Les clés de la réussite d'un agnelage sont essentiellement liées à l'état d'engraissement des brebis. Si la ration est souvent surveillée et améliorée le dernier mois de gestation, c'est déjà trop tard si les brebis ne sont pas en bon état corporel. Ceci est d'autant plus vrai pour un agnelage d'automne (août/septembre) où les conditions d'alimentation estivales ne sont souvent pas optimales. C'est donc dès maintenant qu'il faut réfléchir à comment alimenter ses brebis qui vont agneler en août ou septembre prochain.
Bien identifier son lot de brebis gestantes
Il faut dans un premier temps bien identifier son lot de brebis gestantes pour pouvoir réserver la meilleure herbe aux brebis en milieu de gestation, notamment durant l'été, où la qualité de l'herbe peut vite évoluer. Pour cela, il faut avoir recours aux échographies qui sont réalisées quarante jours après la fin de lutte. Le coût de l'échographie est largement compensé par l'économie réalisée en ne complémentant pas les brebis vides d'une part et d'autre part, par les meilleurs résultats obtenus à l'agnelage en ayant optimisé la conduite des gestantes.
Statut parasitaire en milieu de gestation
Attention, le manque d'état corporel peut-être lié aussi à un problème sanitaire. Il faut donc déterminer le statut parasitaire de ses brebis en milieu de gestation. En fonction de la dernière période de traitement, de l'évaluation de l'infestation, il faut déterminer si le statut parasitaire des brebis semble satisfaisant ou non. En cas de doute, des analyses coprologiques peuvent être réalisées. En tous cas, si un traitement antiparasitaire doit être réalisé, il ne faut pas attendre car ce sera autant de temps perdu pour assurer une reprise d'état.
Suivant la taille du lot, reséparer les brebis grasses et les maigres
À l'herbe, l'allotement est moins facile à réaliser qu'en bergerie surtout en fonction du nombre. Mais si l'état d'engraissement est très hétérogène et que le lot est important, il peut être intéressant dans la mesure du possible de recouper le lot en 2 de façon à bichonner les moins en état.
Optimiser le poids des agneaux à la naissance
Si les rappels précédents ont pour objectif d'avoir des brebis qui arrivent en très bon état au dernier mois de gestation, la bonne alimentation des mères durant le dernier mois de gestation est aussi primordiale car certes, elle ne permettra pas de reprise d'état mais optimisera au moins le poids à la naissance des agneaux. Un agneau qui pèse moins de 2,5 kg à la naissance a 80 % de risque de ne pas atteindre le poids d'abattage, ou 50 % des agneaux pesant moins de 3 kg à la naissance meurent avant d'être commercialisés.
Des études ont également mis en évidence un écart de croissance de 20 g par jour sous la mère pour une différence de 500 g de poids de naissance. D'autre part, l'Inrae a clairement montré que les agneaux de faible poids à la naissance doivent être abattus moins lourds, pour éviter toute pénalisation liée à un excès de gras. Un kilo d'écart à la naissance entraîne une diminution de 0,6 à 1 kg du poids carcasse.
C'est au cours des quatre dernières semaines de gestation que le poids de la portée se détermine. Il est alors conditionné en grande partie par la ration de la mère qui a des besoins élevés alors que sa capacité d'ingestion est au plus bas, conséquence du développement du ou des fœtus. Il faut donc à la fois distribuer du très bon pour subvenir aux besoins, mais aussi une ration suffisamment fibreuse pour faire ruminer, ce qui n'est pas toujours facile.
Là aussi l'herbe peut suffire, à condition qu'elle soit courte et feuillue, sinon un apport de 300 g de céréales au cours des trois dernières semaines de gestation reste conseillé.
Rentrée en bergerie ?
Si malgré une qualité moyenne, l'herbe est encore présente en quantité, une complémentation en céréales est suffisante. En revanche, si la quantité est limite, il faut peut-être se poser la question de savoir s'il faut affourager au pré ou rentrer les brebis bien avant la mise-bas. Plusieurs paramètres sont à prendre en compte pour la décision. Si la quantité d'herbe est limite et en plus de qualité moyenne, comme c'est souvent le cas à cette période, il peut être plus intéressant de la garder pour d'autres catégories d'animaux aux besoins plus faibles, et de rentrer les gestantes sans trop tarder pour optimiser leur alimentation. Il faut aussi évaluer l'état des stocks hivernaux, rien ne sert de rentrer des brebis si c'est pour les rationner en bergerie. La qualité du fourrage qui peut être distribué à l'extérieur doit également être observée à la loupe. Pour que les brebis consomment du fourrage en extérieur, il faut vraiment de l'appétence : enrubannage ou foin de type regain, sinon elles n'en consomment pas suffisamment, sur-pâturent, donc maigrissent et en plus se parasitent.
Pensez aussi à la préparation du bâtiment
De par ses aménagements, son ambiance et l'hygiène qui y sont apportés, la bergerie d'agnelage tient une place décisive dans la maîtrise de la mortalité agneaux. Avant l'entrée des brebis en bergerie pour l'agnelage, le bâtiment doit être curé, si possible décapé et désinfecté, avec au moins un vide sanitaire d'un mois. C'est donc le moment de le préparer et de réfléchir à son aménagement. Des cases d'agnelages installées avant le début des mises bas sont souvent un indicateur que l'éleveur est prêt pour cette période importante, d'où une meilleure organisation du travail pendant l'agnelage, qui se traduira par de meilleurs résultats. Le nombre de cases d'agnelage doit correspondre à environ 10 % du nombre de brebis qui vont mettre bas. Leur surface est de minimum 1,5 m².Prévoir une surface en aire paillée de 1,5 m² par brebis avec 1 agneau, et 2 m² par brebis avec 2 agneaux. Le paillage est également primordial en période d'agnelage, il doit être réalisé tous les jours pour les mères avec agneaux, sur la base de 1 kg de paille par brebis et par jour. En cas de forte chaleur, il ne faut pas hésiter à ouvrir les bâtiments et à faire des courants d'air, à condition que ces courants d'air ne soient pas au niveau des agneaux mais plus en hauteur.
Comment apprécier l’état corporel (cliquez ici)
Michel Pocachard, conseiller ovin,
Avec l'appui des fiches éditées par l'Institut de l'élevage