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Eau et agriculture

L'agriculture au cœur du 11e programme de l'Agence de l'eau

L'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse a choisi la Drôme pour donner le top départ de son 11e programme. L'accent a notamment été mis sur les aides destinées à soutenir le monde agricole dans la préservation de l'eau.
L'agriculture au cœur du 11e programme de l'Agence de l'eau

« Sauvons l'eau ». Tel est le nom du 11e programme de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse (RMC) doté de plus de 2,6 milliards d'euros sur la période 2019-2024. Son contenu a été présenté le 24 janvier à Chatuzange-le-Goubet, devant plus de deux cents « acteurs de l'eau » (représentants des collectivités locales, des chambres d'agriculture, des fédérations de pêcheurs, industriels...). L'amélioration de la qualité des eaux et l'adaptation au changement climatique sont les deux enjeux majeurs de ce nouveau programme. Des moyens sont aussi prévus pour aider les collectivités à investir en matière d'eau potable et d'assainissement. « Nous devons continuer notre combat sur l'eau », a expliqué Annick Cressens, présidente de la commission Isère-Drôme-Ardèche, tout en précisant que ce 11e programme avait été validé à la quasi-unanimité par le Comité de bassin RMC.

230 millions d'euros pour l'agriculture

Au centre, Annick Cressens, présidente de la commission géographique Isère-Drôme-Ardèche, et Laurent Roy, directeur général de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, ont présenté les enjeux et priorités du 11e programme.
© journal L'Agriculture Drômoise

En 25 ans, la qualité de l'eau sur le bassin RMC s'est considérablement améliorée. Grâce à l'entretien des stations d'épuration et à une meilleure maîtrise des rejets industriels, plus de la moitié des rivières présentent un bon état écologique (54 % en Rhône-Alpes). Toutefois, « il reste encore des points noirs », a indiqué Laurent Roy, directeur général de l'Agence de l'eau RMC, pointant notamment la collecte des eaux usées ou encore les pollutions diffuses agricoles. En vue de remédier à ces dernières, 230 millions d'euros seront mobilisés pour le monde agricole dont 80 sur le volet de la réduction des intrants. Ainsi, au titre du plan Ecophyto 2, des aides viendront soutenir la conversion à l'agriculture biologique, l'acquisition de matériels alternatifs aux pesticides mais aussi de pulvérisateurs réduisant l'usage et la dérive des produits ou encore la création d'aires de lavage. Selon les territoires, leur taux varie de 50 à 70 %. Des soutiens sont également prévus pour accompagner l'expérimentation agricole en faveur de la qualité de l'eau ainsi que la mise aux normes des exploitations au titre de la directive nitrates.

Faire face à l'urgence climatique

Avec une pluviométrie de plus en plus concentrée dans le temps et de longues périodes de sécheresse, le bassin RMC est particulièrement concerné par le changement climatique. Aussi, « 40 % du montant total des aides du 11e programme seront consacrés à aider les territoires à faire face à l'urgence climatique », a souligné Annick Cressens. L'agence de l'eau soutiendra la mise en place de systèmes d'irrigation plus économe en eau (comme le goutte-à-goutte) ainsi que des projets de substitution de la ressource (transferts et retenues d'eau) « lorsqu'ils sont nécessaires ». Le passage à des cultures plus économes en eau ou encore la rénovation d'ouvrages d'irrigation seront également aidés.
« L'attribution des aides fera l'objet d'une sélectivité accrue », a-t-il été souligné. Seront particulièrement pris en compte les gains environnementaux des actions envisagées, le rapport coût/efficacité des opérations... Quant à la fiscalité, elle sera « plus incitative », a-t-il été précisé. Ainsi, par exemple, les montants des redevances entre irrigation gravitaire et non gravitaire seront rééquilibrés, avec augmentation pour la première et baisse pour la seconde.

Christophe Ledoux

En savoir plus /

Les Agences de l'eau

L'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, à Lyon.
Depuis 1964 et l'avènement de la gestion de l'eau par grand bassin, les agences de l'eau fonctionnent par programmes pluriannuels. Leurs ressources proviennent de redevances payées par chaque usager (particuliers, collectivités, agriculteurs, industriels et autres entreprises) en fonction de leur consommation d'eau et selon le principe « pollueur-payeur / préleveur-payeur ». Du fait d'une moindre pression fiscale imposée par le gouvernement, les budgets des 11e programmes (par rapport aux 10e) sont en baisse (- 13 % pour l'Agence RMC). L'argent collecté sert principalement à financer les actions de lutte contre les pollutions diffuses d'origine agricole et industrielle, la protection des captages d'eau potable, la restauration des rivières et zones humides, le stockage de l'eau, la solidarité dans les services d'eau et d'assainissement... Sur les 2,6 milliards d'euros du 11e programme de l'Agence de l'eau RMC, l'agriculture bénéficiera d'un retour à hauteur de 260 millions d'euros.
C. L.

 

Point de vue / Jean-Pierre Royannez, premier vice-président de la chambre d'agriculture de la Drôme, est l'un des représentants agricoles au comité de bassin Rhône Méditerranée Corse. Il nous explique son rôle.

« Peser sur les orientations afin de servir l'agriculture »

« Le comité de bassin définit les orientations de l'Agence de l'eau. Il comprend 165 membres nommés pour six ans, formée à 40 % d'élus, à 40 % d'usagers de l'eau (agriculteurs, industriels, associations de défense de l'environnement, pêcheurs...) et à 20 % de représentants de l'Etat. On l'appelle le "parlement de l'eau". Pour Auvergne-Rhône-Alpes, au sein du collège "économique" qui regroupe l'agriculture, la conchyliculture et l'industrie, nous sommes seulement deux agriculteurs : moi-même au titre de la chambre d'agriculture de la Drôme, et Jean-Marc Fragnoud pour la chambre régionale d'agriculture. Notre rôle consiste à peser sur les orientations pour que soient ouvertes des lignes budgétaires utiles au monde agricole, tout en étant conformes aux priorités de l'Agence de l'eau. Nous avons ainsi obtenu des moyens pour une meilleure gestion quantitative et qualitative de l'eau. Par exemple, pour la création de retenues collinaires, l'extension de réseaux d'irrigation, le financement de matériels de travail du sol, de pulvérisateurs réduisant la dérive... Nous expliquons aussi la réalité du métier agricole afin d'éviter des actions inefficaces ou irréalisables. Les sujets abordés sont larges. Quoi qu'il en soit, lorsqu'un agriculteur ou un maître d'ouvrage bénéficie d'une aide de l'Agence de l'eau, c'est grâce à ce travail que nous menons en amont. »
C. L.

 

A Albon /

L'action réussie d'agriculteurs

A Albon, dans le Nord-Drôme, le captage des Prés-Nouveaux, qui alimente 5 000 habitants, a pu être débarrassé du S-métolachlore, une substance contenue dans un désherbant utilisé notamment sur le maïs. La réduction de son utilisation par les agriculteurs mais aussi par deux communes voisines, la mise en œuvre de rotations de cultures et du désherbage mécanique ainsi que l'implantation de haies le long des rivières ont permis, en 2015, de ne plus dépasser les normes limites de potabilité.
Source Agence de l'eau RMC