L’agriculture de demain sera numérique

Le numérique touche toutes les dimensions de l'agriculture aujourd'hui. La production elle-même a déjà vu bon nombre d'applications qui vont encore se développer. L'utilisation des capteurs sur des animaux ou des drones pour surveiller les parcelles est déjà une réalité. Exemple, en Espagne, l'utilisation des pesticides sur les vignes a diminué de 20 %, grâce à l'installation de capteurs. L'utilisation des drones sur les cultures commence à rendre possible des traitements plus rapides et plus ciblés, d'où des économies d'intrants. Mais ils permettront aussi d'épandre des produits ou même des insectes en lutte biologique.
Vidéosurveillance dans les étables
Déjà, internet permet aux agriculteurs de faire leurs déclarations Pac (politique agricole commune) en ligne, d'échanger de plus en plus d'informations entre eux grâce au web et, bien sûr, d'acheter du matériel agricole. Le taux de connexion des agriculteurs est d'ailleurs l'un des plus élevés, et le serait encore plus si le haut débit était généralisé sur le territoire. C'est d'ailleurs une des recommandations les plus fortes du rapport de Renaissance numérique(1).
Autre application, la vidéosurveillance permettra de plus en plus de gérer des troupeaux en stabulation et les biocapteurs de surveiller l'état de santé des animaux (température, par exemple). Des technologies similaires (capteurs, vidéo) permettraient aussi de gérer plus efficacement l'irrigation. Tous ces usages devraient permettre une amélioration des rendements et (ou) une économie de moyens, donc un respect plus grand de l'environnement. Le rapport de Renaissance numérique imagine même l'utilisation d'imprimantes 3D par des agriculteurs produisant une partie de leurs équipements. L'ensemble de ces outils devraient permettre une révolution agricole nouvelle, imagine le « Think tank ». Selon une étude américaine, l'usage du numérique permettrait une économie possible de 15 % en moyenne sur les intrants. Cela ne concerne pas que les pays occidentaux, mieux équipés. Le développement des « smartphones » dans les pays émergents permet déjà de recueillir des données agronomiques et météo, de les traiter et de faire profiter les agriculteurs du résultat. Autre retombée de la numérisation en agriculture, la réduction des coûts des équipements. Tant par la mise en réseau des agriculteurs et leur accès bien plus large qu'aujourd'hui à des équipements de seconde main, que par l'achat en commun ou le financement participatif (crowdfunding).
Circuits plus courts
La numérisation et les nouveaux médias auront un réel impact sur la commercialisation des denrées agricoles. C'est évidemment le phénomène des circuits courts, internet permettant de mettre en place des circuits sans intermédiaires même lorsque le consommateur et le producteur sont situés à des centaines de kilomètres de distance. Déjà, un agriculteur français sur cinq vend une partie de sa production en circuit court. Ce rapprochement devrait aussi permettre de rassurer le consommateur, sur l'origine de ce qu'il mange et sur sa qualité sanitaire. Le phénomène permettrait aussi à l'agriculteur de récupérer une partie de la valeur ajoutée, perdue en raison de la multiplication du nombre d'intermédiaires. Mieux encore, la numérisation peut ouvrir l'accès à des marchés exports que l'agriculteur ne pouvait atteindre auparavant.
Pour permettre aux agriculteurs – mais aussi aux consommateurs – de bénéficier de cette numérisation, il convient de mener plusieurs actions. D'abord, le « Think thank » insiste pour élargir la couverture internet à l'ensemble du territoire et introduire la pratique du numérique dans la formation des agriculteurs. Il faut également que les coopératives développent le « big data agricole » et qu'émerge la vente en circuits courts grâce à des sites internet dédiés. Pour améliorer la transparence, les agriculteurs doivent être mis au cœur des applications de certification et de traçabilité des produits alimentaires et les acteurs de l'agroalimentaire doivent proposer des outils au grand public pour les informer sur la provenance des produits.
(1) Renaissance numérique est un think tank (centre de réflexion) spécialisé sur la société numérique. Il réunit des grandes entreprises de l'internet, des entrepreneurs, des universitaires et des représentants de la société civile. Le présent rapport sur la numérisation en agriculture a été sponsorisé par Intermarché et la société de services SAP.