Accès au contenu
Agrotourisme

L’agriculture, un produit touristique très demandé

De la Bourgogne aux vignobles des Côtes-du-Rhône, le tourisme à thème connaît depuis quelques années un engouement qui ne se dément pas. Désormais, les produits agricoles, les paysages façonnés par l’agriculture et les producteurs sont au rang des programmes touristiques les plus demandés.
L’agriculture, un produit touristique très demandé

Dans la région de Cluny, en Saône-et-Loire, un viticulteur a planté plusieurs truffières et une safranière que des groupes d'une vingtaine de personnes viennent découvrir. Ils écoutent les explications du maître des lieux qui dévoile juste assez des mystères du précieux champignon pour attiser la curiosité d'un auditoire attentif. Le border collie de la maison pointe quelques grosses truffes de Bourgogne qui affleurent. Le spectacle est bien rodé et soulève des « oh ! » d'admiration. Dans les dépendances aménagées de la ferme, la dégustation de tartines de beurre truffé et de crème anglaise safranée s'organise. Dix euros par personne pour une heure sur le terrain et dégustation comprise. L'office du tourisme de Cluny et du clunisois propose cette activité au programme d'un circuit de visites à la carte qui enchaîne l'abbaye de Cluny, le château de Lamartine et la découverte des remarquables paysages préservés du Charolais. À Tournon, c'est l'œnotourisme qui domine les programmes proposés par l'office du tourisme. Depuis quelques années débarquent ici des bateaux de croisière qui descendent le Rhône, de Lyon à Port-Saint-Louis-du-Rhône. Américains, Australiens, Allemands, Anglais ou Suisses viennent découvrir les saint-joseph, les crozes, les blancs de l'Hermitage, Viviers et Avignon.

 

Le tourisme fluvial

Visite au plus près des vignes, explications et dégustations sur le terroir.
Marie-Josée Faure est fille de vigneron et, avant de tenir un magasin de vins, elle a suivi une formation à l'université du vin de Suze-la-Rousse (Drôme). Très vite elle perçoit la nécessité de maîtriser l'anglais pour entrer en communication avec une clientèle aux origines de plus en plus anglo-saxonnes. Elle s'initie donc à l'anglais du vin dans une école spécialisée de Londres. Forte de sa connaissance des Côtes-du-Rhône et de ce bagage linguistique, elle s'installe en 2008 comme guide touristique avec pour unique programme le mariage du vin et des paysages. Seul le Rhône sépare Tournon de Tain mais le premier est ardéchois et patrie du saint-joseph quand le second est drômois, creuset du crozes-hermitage et territoire de sa mythique colline de l'Hermitage. À eux trois, ces vignobles offrent autant de diversité viticole que de paysages. « Même les viticulteurs du Bordelais nous envient nos terrasses et nos vignes accrochées à des morceaux de collines », assure Marie-Josée Faure dont l'activité touristique connaît, d'avril à octobre, un surprenant développement. À la halte fluviale de Tournon et de Tain, chaque bateau de croisière déverse 100 à 160 touristes qui passent une demi-journée à arpenter la colline de l'Hermitage ou à déguster dans les vignes ou dans les caves la gamme prestigieuse de ces côtes-du-rhône septentrionaux. Des vignes dont on peut raconter l'histoire et expliquer par leur géologie granitique pourquoi, dans les parcelles les plus remarquables, on ne produit pas plus de 25 hectolitres à l'hectare. Les jolis noms des cépages utilisés, la roussanne, la marsanne ou la syrah ajoutent une identité à ces vins de caractère.

 

Mieux comprendre ce qu'on a dans le verre...


Mais si les touristes étrangers se pressent dans la vallée du Rhône, les Lyonnais, Stéphanois ou Grenoblois viennent en voisins découvrir un vignoble qu'ils connaissent mais « ils cherchent à mieux comprendre ce qu'ils ont dans leur verre ». Les balades avec dégustations dans les vignes font le plein. « Une heure sur la colline de l'Hermitage et autant sur le sentier des tours côté Tournon avec dégustation d'un crozes blanc et d'un saint-joseph rouge, 15 euros par personne », précise Marie-Josée. Mais si la dynamique de l'œnotourisme est bien là, notre guide regrette « que tout soit fermé le week-end ». Les touristes n'aiment pas se heurter aux portes closes des magasins et des caveaux... 

Serge Berra

 

 

La force du tourisme rural

Le tourisme rural représente près d’un tiers de la fréquentation touristique française soit 30,3 % des nuitées (près de 290 000) selon la direction générale des entreprises (DGE).
Et depuis des années, passer des vacances au vert fait toujours plus d’adeptes, portés par une envie d’authenticité et de vie en pleine nature. Le label Gîtes de France qui compte 60 000 hébergements dont 82 % situés en zone rurale a vu son activité croître de manière importante en 2014, avec un volume d’affaires en hausse de 5,1 % en un an et une augmentation des nuitées vendues de 2,6 % sur la même période. Dans le Rhône, selon l’Association départementale du tourisme rural du Rhône (ADTR 69), les nuitées dans les réseaux Gîtes de France et Bienvenue à la Ferme ont elles aussi augmenté. L’agritourisme rhodanien progresse de son côté de 5 % avec, au 1er janvier 2015, 99 exploitations labellisées Bienvenue à la Ferme pour une ou plusieurs formules.
Les offres aussi se multiplient. En 10 ans, Bienvenue à la Ferme a enregistré 60 % d’adhérents en plus pour atteindre le nombre de 9 000 dont 6 500 producteurs fermiers. Ces derniers ont vu leur proportion augmenter de 80 % sur la dernière décennie. Et au-delà de l’hébergement, la vente à la ferme tient également la dragée haute de l’agritourisme avec 70 % des adhérents BAF en vente directe. Pour 40 % d’entre eux, la vente directe représente d’ailleurs plus de 75 % du chiffre d’affaires de l’exploitation. En effet, le tourisme rural est une vraie force économique. L’an dernier, Gîte de France, par exemple, a engendré un chiffre d’affaires direct de près de 646 millions d’euros et indirect de 1,3 milliard d’euros et a été à l’origine de près de 31 750 équivalent temps plein.
L’agence de développement touristique lyonnais, Only Lyon, a aussi fait le choix du tourisme vert en créant des séjours hors de la capitale des gaules. « Lyon est la capitale d’une grande région touristique et nous souhaitons être la plaque tournante du tourisme régional en complétant notre offre. C’est pourquoi nous réfléchissons à proposer des offres notamment aux touristes dans des hauts lieux régionaux comme le beaujolais, la caverne du Pont d’Arc ou encore le palais idéal du facteur Cheval », commente, Jean-Michel Daclin, président d'OnlyLyon tourisme et congrès. 
M.-C. S.-B.