L’alternative “ bioplastique ” se met en place doucement
Si une alternative « bioplastique » se met en place, il n’est pas prévu de substitution des sacs de caisse en GMS par des sacs biosourcés.

Le 22 juillet au soir, les députés ont adopté la loi de transition énergétique pour la croissance verte. Ils ont affiché une volonté de substitution des sacs plastiques de fruits et légumes, viande, poisson, pharmacie et d'une manière générale de petit commerce par des sacs compostables et plus ou moins biosourcés. En vertu de l'article 19 bis, « il est mis fin à la mise à disposition, à titre onéreux ou gratuit, à compter du 1er janvier 2017, de sacs en matières plastiques à usage unique destinés à l'emballage de marchandises en libre service comme au rayon fruits et légumes, sauf pour les sacs compostables en compostage domestique et constitués, pour tout ou partie, de matières biosourcées ». Cette interdiction frappera les sacs de caisse dès le 1er janvier 2016. La loi ouvre également une opportunité pour d'autres emballages bioplastiques : les films plastiques qui couvrent les publications. L'utilisation des emballages plastiques « non biodégradables et non compostables » en compostage domestique pour l'envoi de la presse et de la publicité « est interdite ». Place sera donc donnée aux plastiques compostables, qui sont, de fait, biosourcés, indique-t-on au Club bioplastiques.
Club bioplastiques : la filière prête à investir
La filière bioplastique « a déjà consacré plus de 40 millions d'euros depuis
15 ans pour les sacs de caisse. Il serait profondément dommageable de ne pas lui permettre enfin un développement dans l'Hexagone », a indiqué le Club Bioplastiques le 21 juillet à travers un communiqué. La France « compte aujourd'hui des acteurs de pointe à chaque niveau de la filière, de l'amont agricole, jusqu'à la fabrication de sacs en passant par la fabrication de résine », souligne-t-il. À propos de l'absence d'exemption à l'interdiction pour les sacs de caisse à usage unique au 1er janvier 2016, « l'expérience à l'étranger a montré que ce type d'interdiction absolue était dans la pratique systématiquement contournée avec des sacs plastiques traditionnels ayant des conséquences encore plus dommageables sur l'environnement, alors que les sacs en bioplastique offrent une alternative biosourcée qui sera biodégradée », conclut le communiqué du club.
Des industriels français à la pointe
Alors que la mise en place d'une législation incitative au marché des sacs plastiques biosourcés se fait à tout petits pas, plusieurs industriels français sont prêts à accroître leur production de bioplastique. À court terme, ces acteurs font face aux prix bas des plastiques d'origine fossile, mais ils misent à long terme sur les propriétés compostables et renouvelables de leurs résines. Chacun de ces opérateurs a une stratégie particulière : des produits différents, pour des utilisations variées (sacs plastiques, films agricoles, récipients en plastique dur) et avec des technologies différentes : voies amidonnières ou voies thermiques ou mécaniques. Végéplast produit environ un millier de tonnes d'une matière à 100 % d'origine végétale. Cette petite société, basée près de Tarbes (Hautes-Pyrénées) et détenue à 20 % par la coopérative Vivadour, produit de la vaisselle jetable et des capsules pour doses de café. Son créneau est celui des plastiques durs. La matière première est composée d'amidon, de fibres et de protéines qui proviennent du blé et du maïs. Le groupe coopératif Limagrain basé dans la plaine de Limagne produit près de 1 000 tonnes de bioplastique par an sous la marque Biolice. Le Biolice est composé d'une farine de céréale, cultivée en Limagne, maïs entre autres, d'un additif d'origine pétrolière et de plastifiants biosourcés. Au total, 25 à 50 % de matière biosourcée selon les épaisseurs de film visées. Plus un plastique est fin, plus la difficulté est grande d'y inclure de la matière végétale. Les principales utilisations du Biolice sont le film agricole de paillage maraîcher, l'emballage pour sapins de Noël et le sac de caisse.
Sphère, société française leader européen de l'emballage ménager, est un fabricant de bioplastiques à partir de la voie amidonnière. Elle exploite 30 000 tonnes de résine biosourcée à travers sa filiale Biotec qui travaille une matière première biosourcée, la fécule de la pomme de terre.
Roquette, amidonnier, fabrique une matière première plastique d'un genre particulier : l'isosorbide. Il est produit à partir du sorbitol, molécule obtenue par hydrogénation du glucose, qui est lui-même issu de l'hydrolyse de l'amidon. Cette molécule dérivée de l'amidon de blé ou de maïs entre dans la composition de récipients transparents et difficilement cassables. Roquette fait monter en puissance son usine de 25 000 tonnes à Lestrem (Nord-Pas-de-Calais). L'entreprise s'est retirée des projets de production de sacs plastiques, dépitée par les hésitations de la législation à adopter une incitation à l'utilisation de sacs de caisse biosourcés.
Au niveau européen, deux entreprises se distinguent également dans la production de bioplastiques : la société italienne Novamont (résine plastique à base d'amidon) qui se dit prête à investir dans une usine en France si la législation devient incitative et le groupe allemand BASF, chimiste par excellence, qui vend des résines biosourcées et biodégradables notamment sur le marché agricole (films de paillage, ficelles, attaches pour tomates.)