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L'Ardema, support d'expérimentation en montagnes sèches

La ferme expérimentale de l'Ardema, à Mévouillon, teste des techniques adaptées aux montagnes sèches et consacre une grande part de son activité à la lutte contre le dépérissement de la lavande.
L'Ardema, support d'expérimentation en montagnes sèches

La ferme expérimentale de l'Ardema (association de recherche et de développement de l'économie montagnarde agricole), à Mévouillon dans les Baronnies, est un site unique situé à 900 mètres d'altitude (58 hectares dont 12 cultivables). Depuis 30 ans, elle est propriété du Département de la Drôme, qui l'a confiée à la chambre d'agriculture en bail emphytéotique pour des recherches et expérimentations en montagnes sèches.
A l'assemblée générale de l'Ardema, en novembre, son responsable administratif, Benoît Chauvin-Buthaud, a présenté une situation financière saine. Cela, « grâce au soutien de la chambre d'agriculture qui, sur un budget de 60 000 euros, en apporte 40 000. Le reste provient de la vente de prestations et de productions de la ferme (boutures, semences) », explique la présidente de l'Ardema, Nathalie Gravier, qui souligne l'intérêt de cet outil au service de l'agriculture de montagnes sèches.

Que des Ppam en 2017

En 2017, l'Ardema a consacré la totalité de son programme de recherche et d'expérimentations aux plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) et principalement au dépérissement de la lavande et du lavandin. Des essais sont conduits pour le compte de l'Iteipmai* et d'autres sont en lien avec le Crieppam**, partenaire technique. Les années d'avant, un travail a en outre été mené sur les cultures fourragères, avec entre autres des essais en prairies multi-espèces adaptées aux conditions climatiques sèches. Le programme régional Pep*** dédié à ces dernières est arrivé à son terme en 2016. 2017 est donc une année de transition, en attendant la mise en place d'un nouveau dispositif. Annexes mais récurrentes, des cultures de diversification font aussi l'objet d'expérimentations (comme le fenouil en 2016, l'anis en 2017 et un essai de culture d'achillée millefeuille sera installé en 2018).
A cette assemblée générale, Cédric Yvin, conseiller spécialisé Ppam à la chambre d'agriculture de la Drôme, a fait le point sur le programme de recherche et d'expérimentation de l'Ardema et donné des résultats. Certains essais sont conduits depuis plusieurs années, d'autres sont plus récents. « Concernant le dépérissement de lavande, elles sont orientées sur des techniques alternatives et complémentaires, indique Nathalie Gravier. L'objectif est de renforcer les plantes car, actuellement, aucune variété n'est résistante. Seules existent des variétés tolérantes. Sont donc testées des techniques et pratiques pouvant limiter au maximum l'impact du dépérissement. »

Des évaluations et des collections

Un essai, en place depuis 2012 à la ferme expérimentale de Mévouillon, a pour objectif d'évaluer la tolérance au dépérissement, la productivité et la qualité d'huile essentielle de nouveaux clones de lavande (néotols). Un autre vise à évaluer l'efficacité, contre le dépérissement des lavandes bleues à bouquets, d'une couverture de cages avec filet anti-insectes avec ou sans toit, transposable à des surfaces plus importantes que des serres. Par ailleurs, des variétés de lavande déjà diffusées sont comparées (notations du dépérissement, teneur et rendement en huile essentielle, chromatographies). Un essai (démarré en 2009) sur les fertilisants alternatifs (organique seul ou avec phytostimulant, compost, pailles distillées, BRF****) s'est terminé cette année. Il consistait à évaluer leur impact sur la production d'huile essentielle. Les travaux sur la fertilisation vont se poursuivre avec deux nouveaux essais. L'un sur des fertilisants foliaires en lavande (mis en place en 2017) est destiné à vérifier si les oligoéléments présentent un intérêt pour la lavande. L'autre (démarrage en 2018) portera sur l'optimisation de la fertilisation azotée du lavandin suite à un apport de compost de paille distillée. Depuis 2015, un essai de sur-semis de lavande (dans le but de combiner les avantages des plants et des semis) avait pour objectif d'évaluer l'intérêt de cette technique. Les résultats s'étant révélés non concluants, cette expérimentation a été arrêtée. Le désherbage de l'anis vert (ombellifère) en agriculture biologique pour la production de graines alimentaires a aussi été testé en vue de déterminer le meilleur itinéraire. Mais l'essai a dû être abandonné en raison de la sécheresse (non récoltable).
A noter encore, des collections de lavandins et de sauges officinales sont en place afin de conserver des clones en zone de montagne pour répondre aux besoins du marché et des programmes de sélection. Est en outre cultivée une parcelle (renouvelée en 2015) de pieds-mères de thyms chémotypés*****, qui constitue un réservoir pour fournir les pépiniéristes en clones contrôlés.

Annie Laurie

* Iteipmai : institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales et aromatiques.
** Crieppam : centre régional interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum, aromatiques et médicinales.
*** Pep : pôle d'expérimentation et de progrès.
**** BRF : bois raméal fragmenté.
***** Chémotype : profil analytique spécifique de l'huile essentielle.