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Élevage

L’asinerie des Combes s’ouvre au public

En plus de la valorisation du lait de leurs ânesses, Laurence et Michel Reichert proposent à présent des séances de médiation animale.

Par Morgane Eymin 
L’asinerie des Combes s’ouvre au public
©ME-AD26
En 2025, Laurence et Michel Reichert vont proposer des séances de médiation animale individuelles et collectives.

À l’origine de l’asinerie des Combes, une histoire d’amour. Originaire de Belgique, Laurence Reichert a commencé sa carrière en tant qu’éducatrice spécialisée à la Bergerie de Faucon, dans les Alpes-de-Haute-Provence, une ferme d’accueil et de vie pour adolescents. C’est là-bas qu’elle a rencontré Michel Reichert, un Alsacien aux multiples casquettes. Ce dernier a suivi des études dans les domaines agricole et environnemental avant de devenir travailleur social. En 2014, après avoir réfléchi à son projet et trouvé le lieu idéal, le couple saute le pas. Michel Reichert s’installe à Valherbasse pour lancer l’asinerie des Combes.

Une longue installation

Le projet de Laurence et Michel Reichert est né de leur expérience commune avec des ânes dans les Hautes-Alpes. « C’est un animal très polyvalent, moins exigeant qu’un cheval et qui entretient bien les paysages », estime le couple. Ainsi, deux axes de valorisation de leur élevage ont émergé : le lait d’ânesse pour la production de produits d’hygiène et cosmétiques et la médiation animale. À l’installation, Laurence et Michel Reichert ont dû auto-financer leur projet. « À l’époque, le lait d’ânesse était plus rare. C’était encore un marché de niche donc il y avait une valeur ajoutée intéressante mais c’était peu connu », rapportent les éleveurs. La production de lait a commencé avec cinq ânesses et un âne. Jusqu’en 2015, la ferme passait par un savonnier pour transformer sa matière première. Michel Reichert s’est par la suite formé à la saponification à l’Université européenne des saveurs et des senteurs dans les Alpes-de-Haute-Provence. En parallèle, il a aménagé un laboratoire de transformation sur la ferme.

En 2015, Michel Reichert s’est formé à la saponification à l’Université européenne des saveurs et des senteurs dans les Alpes-de-Haute-Provence. En parallèle, il a aménagé un laboratoire de transformation sur la ferme. ©ME-AD26

Le couple a eu plusieurs difficultés pour s’installer. Durant près de sept ans, il n’a pas pu obtenir de baux pour faire pâturer ses ânes. « C’était un vrai frein à notre développement. On nous proposait des terres pour désherber mais nous ne savions jamais combien de temps nous pourrions les conserver. C’était une incertitude permanente », rapporte Michel Reichert. Aujourd’hui, l’asinerie des Combes loue quinze hectares. La ferme repose actuellement sur douze ânes, des femelles et leurs petits. Pour parvenir à cet équilibre, le couple a dû redoubler d’efforts. Laurence Reichert a continué de travailler en tant qu’éducatrice spécialisée jusqu’en septembre 2023. Elle a suivi un BPREA avant d’être officiellement reconnue conjointe collaboratrice en janvier 2025.

Diversification et médiation animale

L’asinerie des Combes valorise le lait d’ânesse sous onze types de savons différents (amande, lavandin, agrumes…), dont des shampoings solides, composés d’environ 12 % de lait d’ânesse et d’huiles essentielles et végétales. Lait corps, crème visage et crème réparatrice pour les mains se composent quant à elles de 40 % de lait frais. Les produits sont vendus en direct à la ferme, dans quelques magasins et sur leur boutique en ligne sous la marque « O lait d'ânesse ». Si l’ânesse peut produire jusqu’à sept litres de lait par jour, le couple en récolte seulement deux litres pour que le reste soit destiné aux ânons. Une année est nécessaire pour sevrer un âne. Une fois cette étape passée, les mâles et femelles sont revendus. Laurence et Michel Reichert reçoivent aussi de plus en plus de personnes intéressées par le lait frais d’ânesse pour des cures (digestion, problèmes de peau ou respiratoires…).

Laurence Reichert s’est formée à la médiation animale en 2024. La raison ? Après plus de dix années de valorisation du lait, les éleveurs lancent la deuxième phase de leur projet. En 2025, ils souhaitent proposer des séances de médiation animale individuelles, notamment pour des enfants et adolescents aux difficultés diverses (volets relationnels, trouble d’apprentissage ou du comportement…). L’asinerie s’ouvre aussi à des petits groupes pour traiter de différentes thématiques à travers la médiation animale comme l’estime de soi ou le développement sensoriel pour les personnes en situation de handicap. Enfin, Laurence et Michel Reichert valorisent aussi un petit verger en vendant des fruits (pommes, poires, coins, noix…), des jus et des confitures.

Lauréats du trophée "Agriculture soucieuse de l'environnement”

Le couple a remporté le trophée « Agriculture soucieuse de l'environnement » lors de la cérémonie des Trophées de l'agriculture organisée par la chambre d’agriculture de la Drôme en 2024. ©ME-AD26

 

Les productions de l’asinerie des Combes sont certifiées en agriculture biologique. Les terres louées par Laurence et Michel Reichert ont été converties, notamment après des constats de friche. Le couple s’investit dans la création d’un collectif regroupant des agriculteurs et des naturalistes sur le secteur de la Drôme des collines. Objectifs : réinviter la biodiversité dans les fermes, échanger entre professionnels et sensibiliser le public. Enfin, les éleveurs ont aussi fait construire une marre sur leur parcelle et fait planter plus de 500 mètres de haies. Ils se basent ainsi sur l’hydrologie régénérative pour stocker l’eau et attirer davantage de biodiversité. Le couple a d’ailleurs remporté le trophée « Agriculture soucieuse de l'environnement » lors de la cérémonie des Trophées de l'agriculture organisée par la chambre d’agriculture de la Drôme en 2024.