L'avenir s'agrandit pour Vercors Lait

C'est reparti pour trente ans ! Inaugurée le 15 juin, l'extension du bâtiment de Vercors lait fait renaître la coopérative sous d'heureux auspices : la construction en bois local vient d'être récompensée par un trophée au Prix national de la construction bois 2019. Une fierté pour les coopérateurs et surtout les élus qui ont soutenu le projet depuis sa création. Le président de la coopérative, Paul Faure, n'a d'ailleurs pas manqué de les remercier chaleureusement dans son discours inaugural, rendant hommage au passage à l'ancien sénateur Jean Faure pour son appui à la laiterie « quand ça allait mal ».
« Ça me rassure de voir qu'on est parti dans la bonne direction à l'époque », sourit en coulisse le vénérable élu. Reprise par les agriculteurs en 2003, exsangue en 2008, la coopérative de Villard-de-Lans a su se redresser de manière spectaculaire en quelques années. Son chiffre d'affaires se situe aujourd'hui autour de 7,5 millions d'euros. Grâce à cette extension, la coopérative, qui fait travailler plus de 40 personnes et a investi 550 000 euros en matériel pour améliorer l'affinage et l'emballage des fromages, dispose désormais de plus de 1 000 m2 supplémentaires pour transformer les 5,6 millions de litres de lait qu'elle collecte (dont 30 % en bio) en quelque 700 tonnes de fromage (dont 350 tonnes de bleus, contre 147 produits en 2007).
Sécuriser le revenu des agriculteurs
« C'est un outil formidable pour sécuriser le revenu des agriculteurs du territoire », a souligné Franck Girard, maire de Saint-Nizier-du-Moucherotte et président de la communauté de communes du massif du Vercors, qui a porté le projet. L'investissement immobilier de 3,8 millions d'euros a été en partie financé par le Feader (fonds européen agricole pour le développement rural), la Région (au titre des projets stratégiques) et par le département de l'Isère, à hauteur d'un peu plus d'un million d'euros d'aides accordées dans le cadre du plan de relance de 2015. « Vous avez su vous organiser de la production à la vente en passant par la transformation pour vous assurer un revenu, a salué Jean-Pierre Barbier, le président du Département. C'est pour cela que nous vous avons soutenus. » En conventionnel, le prix payé aux producteurs s'établissait en effet autour de 375 euros les 1 000 litres en 2018 (460 en bio).
Rappelant que « les agriculteurs doivent vivre de leur travail et être justement rémunérés », l'élu en a profité pour déclarer que la coopérative aurait, de ce point de vue, toute sa place au sein du Pôle agroalimentaire. « On aimerait que Vercors Lait adhère au Pôle. C'est une question de solidarité. Vous êtes des agriculteurs, vous avez la chance d'avoir une AOP, mais tous les agriculteurs du département n'ont pas cette chance-là », a lancé le président Barbier. Réponse embarrasée de Paul Faure : « Pourquoi pas, mais c'est compliqué car nous sommes à cheval sur deux départements, la Drôme et l'Isère. »
Marianne Boilève