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ANALYSE

L’économie régionale mise à mal par la crise sanitaire

Alors que le confinement a pris fin le 11 mai dernier, il est l’heure de dresser les premiers bilans d’un pays forcé à l’arrêt durant près de deux mois. La région Auvergne-Rhône-Alpes est l’une des plus touchées au niveau économique.

L’économie régionale mise à mal par la crise sanitaire

En Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), la crise sanitaire aurait entraîné une baisse de 34 % de l'activité économique, par rapport à une situation normale. C'est ce qu'a établi l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans l'une de ses récentes enquêtes. La région Aura aurait d'ailleurs été l'une des plus touchées économiquement au niveau national. Une situation qui s'explique par la présence d'un fort tissu industriel.

La Corse et l'Ile-de-France figurent aussi parmi les territoires très touchés.

En face, la Bretagne serait la région métropolitaine la moins affectée (- 31 %).
En Aura, l'impact est variable selon les départements et les secteurs d'activité. Le tourisme, tout d'abord, a été mis à l'arrêt à une période propice aux sports d'hiver, dans une région qui compte 170 stations de ski. La Savoie représente, par exemple, l'un des territoires où la baisse de l'activité économique a été la plus forte (- 38 %) : l'hôtellerie-restauration et les activités touristiques, contraintes à l'arrêt, ont pesé sur la production économique locale. Pour ces mêmes raisons, et avec la présence des stations de ski, la Haute-Savoie et l'Isère connaîtraient également des baisses similaires de leur activité économique. Les départements les moins concernés par le tourisme hivernal sont davantage épargnés, à savoir le Cantal (- 30 %),
la Haute-Loire et l'Allier (- 31 %).

Chute des transactions bancaires

Dans les territoires dédiés aux sports d'hiver, le départ des touristes et d'une partie des saisonniers, à l'annonce du confinement, ont également conduit à une baisse des montants de transactions en carte bancaire. Lors de la première semaine de confinement, l'Insee a relevé une baisse de 60 % de transactions bancaires par rapport à l'année précédente. Un chiffre qui s'est amélioré début avril, en raison du développement des livraisons à domicile, de la réouverture de ventes à emporter dans la restauration, des magasins de bricolage et des jardineries. Ce sont cependant les départements les plus peuplés qui ont connu ces fortes baisses de transactions, comme le Rhône (- 64 %). Un phénomène que l'on relève également à Paris, où la clientèle touristique est généralement présente tout au long de l'année.
Outre le secteur touristique (hébergement et restauration), d'autres branches d'activités ont été impactées. C'est le cas du secteur de la construction (- 75 %) ou encore des services, notamment ceux liés à des emplois à domicile, aux activités associatives, bibliothèques, musées (- 76 %). A l'inverse, le milieu agricole (- 13 %) et le secteur agroalimentaire (- 5 %) ont connu une baisse modérée, car faisant partie des activités prioritaires.

Une hausse de l'activité partielle

L'arrêt total de nombreux secteurs a entraîné une hausse de la demande de mise en activité partielle pour 1 440 800 salariés en Aura, soit un peu moins de la moitié des salariés de la région, proportion plus élevée que la moyenne enregistrée en France. Le chômage a connu un bond historique de près de 9 % au mois de mars dans la région, qui se classe troisième derrière la Bretagne et les Pays de la Loire (+ 9,7 %). L'Insee rappelle que cet accroissement des effectifs inscrits en mars 2020 provient essentiellement d'une nette augmentation des entrées (fin de mission d'intérim, fin de contrat courts, non-renouvellement) et d'une très forte baisse des sorties.
Au niveau départemental, la Savoie (+ 3,2 %) et la Haute-Savoie (+ 3,1 %) sont les plus concernées par cette hausse de demandeurs d'emplois. En volume, le Rhône et la Haute-Savoie contribuent à eux deux à plus de la moitié de la hausse régionale (+ 58 %).
En somme, la crise sanitaire sans précédent que vient de connaître la région Auvergne-Rhône-Alpes, et à plus grande échelle le territoire national, a causé une chute importante de l'économie. La récente réouverture des secteurs d'activité, hormis celui de la restauration, était primordiale pour relever les finances du pays.

Amandine Priolet