L’emploi partagé au service des éleveurs laitiers

En accord avec les services de remplacement agricole et les groupements d'employeurs, une disposition du Crof bovin lait permet d'offrir un accès à de l'emploi partagé aux éleveurs laitiers afin d'améliorer leur condition de vie et de travail. La pépinière pour l'emploi partagé se traduit par la mise à disposition d'un salarié agricole qualifié à des groupes informels d'éleveurs pendant un an. L'objectif de la démarche est également d'alléger les contraintes des éleveurs en les accompagnant sur un plan relationnel et administratif.
Un vrai soulagement
Jean-Claude Rabany, vice-président de l'association des filières d'élevage d'Auvergne-Rhône-Alpes et porteur du projet dans la région, y voit une nécessité : « Les producteurs de lait ont besoin de main-d'œuvre et aussi d'être déchargé des contraintes administratives ». Un point de vue partagé par Mickaël Gonin, éleveur laitier dans le Beaujolais qui a été bénéficiaire de l'action à l'automne 2016, et pour qui, « lâcher le boulot de ferme pour faire de l'administratif n'était pas le but ». Au contraire, cette action lui a permis de mieux gérer sa production et d'avoir plus de facilités de travail : « Avoir quelqu'un un ou deux jours par semaine à la ferme est un vrai soulagement par rapport à un emploi occasionnel ». Autrement dit, c'est l'assurance d'avoir une personne « qualifiée et qui connaît la ferme. L'employé sait quoi faire si je dois m'absenter, c'est tout de suite plus simple », ajoute l'éleveur laitier. Il souligne d'ailleurs l'efficacité de l'accompagnement fourni. « Le service de remplacement nous a présenté des profils qu'il a sélectionnés jusqu'à l'entretien d'embauche. Les premiers jours, nous avons dû former l'employé pour qu'il s'adapte dans la ferme, et nous avons très vite trouvé des automatismes ». Pour l'éleveur laitier, qui forme un Gaec avec son frère et possède cent vaches laitières (800 000 litres de lait par an), la main-d'œuvre supplémentaire n'a pas été de trop. « Nous étions en plein dans une période de rénovation dans la ferme, il y avait toujours quelque chose à faire », ajoute-t-il.
Financement du salarié à 50 %
Deux autres groupes d'éleveurs en Savoie et en Ardèche ont bénéficié de la pépinière pour l'emploi partagé en 2016. L'avantage de cette opération, c'est que le Crof bovin lait finance à 50 % (au maximum) le salaire de l'employé en fonction du nombre d'éleveurs dans le groupe. Ce dernier doit être constitué de plusieurs exploitations d'au moins trois éleveurs pour pouvoir bénéficier de l'action. Ainsi, plus de 40 000 euros ont été débloqués en 2016 dans l'enveloppe du Crof bovin lait et les professionnels souhaiteraient réitérer l'opération. Pascale Schaerer, chargée de mission et de l'animation de la filière bovin lait, estime qu'il serait intéressant de renouveler l'action mais que des contraintes existent. « En 2017, nous avons un budget équivalent, des projets de groupes, mais pas encore d'engagement ferme. Les élus ressentent un réel besoin sur le terrain. Les salariés spécialisés sur l'emploi le ressentent aussi, mais constatent des freins, tel que la crainte de l'engagement de la part de certains éleveurs », souligne-t-elle. Profiter d'un salarié reste en effet un engagement économique qu'il faut pouvoir assumer. Mickael Gonin, qui n'aurait sûrement « jamais fait le pas sans le soutien financier offert par le Crof » est satisfait par le salariat partagé même « s'il faut pouvoir assumer économiquement aussi ». S'il ne fait aujourd'hui plus partie de cette opération pour diverses raisons, l'éleveur assure qu'il « réitérera sûrement l'expérience ». La pépinière pour l'emploi partagé est une solution pour de nombreux éleveurs surchargés ayant des moyens financiers limités.
ICHN / Il manque 853 millions d’euros
Selon la FNSEA, le nouveau gouvernement lui a indiqué avoir découvert une « insincérité budgétaire » dans la maquette de la programmation des ICHN dans le 2e pilier de la Pac. 853 millions d’euros n’auraient pas été budgétés pour honorer les engagements du précédent gouvernement sur les paiements de l’ICHN en 2019 et 2020 à périmètre constant. À l’heure où nous bouclons ces pages, nous n’avons pas plus d’information sur les raisons de ce manquement. Face à cette situation, la FNSEA a indiqué au gouvernement refuser catégoriquement un transfert entre le 1er et le 2e pilier, ce qui reviendrait à prendre dans la poche des agriculteurs. Par ailleurs, la FNSEA refuse que ces paiements d’ICHN ne soient pas honorés. La solution doit venir du budget de l’État, estime le syndicat.De son côté, la FDSEA de la Drôme vient d'alerter les députées drômoises sur cette situation, soulignant que « les conséquences pourraient être très lourdes pour les agriculteurs du département, et notamment dans ce contexte de crise économique agricole qui perdure depuis plusieurs années. » La fédération insiste elle aussi pour que l’Etat honore ses engagements « car, changement ou non de majorité, écrit-elle, la continuité de l’Etat reste un principe républicain ».