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Visite ministérielle

L'enseignement agricole, priorité du ministre Didier Guillaume

Quelques jours après sa nomination comme ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Didier Guillaume a fait son premier déplacement officiel dans un lycée agricole de la Drôme puis en Isère. Il a évoqué plusieurs dossiers d'actualité et fait quelques annonces.
L'enseignement agricole, priorité du ministre Didier Guillaume

Pour son premier déplacement officiel en tant que ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Didier Guillaume a choisi la Drôme. « Un choix politique et sentimental », a-t-il confié le 19 octobre, au lycée agricole du Valentin à Bourg-lès-Valence. Cette visite avait pour thème l'enseignement agricole, « un objectif prioritaire de mon ministère, a-t-il indiqué. La formation, l'alternance, l'apprentissage, la recherche sont les gages d'un bon développement de l'agriculture, avec des agriculteurs très bien formés à la transition agroécologique. »

« Un signe fort »

Accompagné du proviseur du Valentin, et avec des élus du département et le préfet, le ministre de l'Agriculture a échangé avec des étudiants de classe préparatoire aux grandes écoles d'ingénieurs et vétérinaires.
© journal L'Agriculture Drômoise

Ainsi que l'a expliqué Michel Sinoir, directeur de la Draaf, Auvergne-Rhône-Alpes est la plus grande région française en termes d'enseignement agricole. Y sont dénombrés 24 243 élèves et 3 527 apprentis. Le lycée du Valentin compte quant à lui 391 élèves en enseignement secondaire et supérieur. Son proviseur, Maurice Chalayer, a présenté les diverses composantes de l'établissement (lycée, CFPPA, centre d'apprentissage) et les multiples formations qui y sont dispensées. Même si de plus en plus d'élèves ne se destinent pas à devenir agriculteurs, « la discipline agricole est la plus importante de cet établissement et elle est présente dans tous les cursus », a-t-il souligné. Il a aussi mis en avant les liens avec la recherche, l'expérimentation, l'innovation et cité, entre autres, le salon Tech&Bio, événement organisé par la chambre d'agriculture sur les terres du Valentin depuis 2011. Pour Régis Aubenas, président du conseil d'administration du Valentin, ce premier déplacement du ministre Didier Guillaume est « un signe fort ». Il a mis en avant la qualité de l'enseignement dispensé, les bons résultats aux examens et les taux d'insertion élevés dans la vie active. Il a, aussi, regretté le dénigrement des pratiques agricoles et invité le ministre à agir pour stopper cela.

« L'enseignement agricole est une pépite »

Didier Guillaume avec les étudiants, dans le hall agroalimentaire du Valentin.
© journal L'Agriculture Drômoise

Le ministre de l'Agriculture a pu échanger avec des élèves de terminale S et des étudiants de classe préparatoire aux écoles de vétérinaires. L'occasion pour lui de mettre à nouveau l'accent sur le besoin d'éducation, de recherche et d'innovation du secteur agricole. « Etudier dans un lycée agricole, ce n'est pas être dans un sous-lycée, leur a-t-il dit. L'enseignement agricole est une pépite. » Il a également mis l'accent sur les métiers qui structurent les zones rurales et souhaité revaloriser l'apprentissage. En visitant le hall agroalimentaire du Valentin, Didier Guillaume a là aussi dialogué avec des étudiants et des enseignants. Divers programmes de recherche et de financement ont été évoqués, de même que les liens avec les entreprises de ce secteur d'activité très présent en Drôme.

« Arrêter de montrer du doigt l'agriculture »

« Il faut arrêter de montrer du doigt l'agriculture, les agriculteurs et les agricultrices, a dit Didier Guillaume. L'histoire paysanne a créé la France d'aujourd'hui. Après la seconde guerre mondiale, on a demandé aux paysans français de nourrir la France et l'Europe. Des cultures intensives ont été faites et l'Europe a été nourrie. Aujourd'hui, les choses évoluent. Nous avons besoin d'avoir une alimentation de grande qualité, une autonomie alimentaire avec toutes les formes d'agriculture que nous avons : conventionnelles, bio, exportatrice, en circuit court... » Le ministre de l'Agriculture a martelé que « le métier d'agriculteur a un avenir et que tous les lycées agricoles de France ont des résultats en tous points remarquables », avant d'ajouter : « J'aurai réussi mon mandat de ministre si, en partant, on comptera plus d'élèves dans l'enseignement agricole et si le métier d'agriculteur aura été réhabilité ».

Christophe Ledoux

Dossiers d'actualité /

Ce qu'a dit Didier Guillaume

Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation.
© journal L'Agriculture Drômoise
Glyphosate /
« La France sortira en 2020 »
« La France sortira du glyphosate en 2020, a confirmé Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture. Aujourd'hui, il y a une demande de la société et le président de la République s'est engagé dans cette direction. Il n'y a donc aucun débat. Tous les députés et sénateurs de la majorité présidentielle sont sur la même ligne. »
Suppression du dispositif TODE /
« Il y aura des compensations »
« La ligne politique fixée par le chef de l'Etat et le Premier ministre est très simple : vivre de la rémunération de son travail, a expliqué Didier Guillaume. Il y a une baisse des charges généralisée. Le pouvoir d'achat des Français est en train d'augmenter. Mais il y a un cas spécifique qui est celui de la fin du CICE et du TODE en agriculture. Certaines exploitations agricoles vont perdre du revenu. Le chef de l'Etat et le Premier ministre ont dit qu'il y aurait des compensations. Donc il y aura des compensations. »
Loup /
« Il faut aller plus loin »
« Depuis les premières attaques, il y a eu plusieurs plans loup, qui ont porté leurs fruits. Mais ce n'est pas suffisant, a dit Didier Guillaume. Il ne peut pas y avoir d'opposition entre le pastoralisme et la nature. Si demain il n'y a plus d'élevage, c'est la fin des territoires car ils ne seront plus entretenus. Moi, je veux défendre les éleveurs et le métier de berger. Il faut aller plus loin mais on n'est pas là pour dire qu'il faut éradiquer les loups car il y a des textes européens. » Le ministre a exprimé sa solidarité vis-à-vis d'un éleveur de Marches dont le troupeau d'ovins a été attaqué par le loup à Barbières la semaine dernière.
Loi agriculture et alimentation (Egalim) /
« Redonner un revenu décent aux agriculteurs de France »
« Les agriculteurs veulent vivre décemment de leur travail et chaque fois que j'entends leur détresse, ça me fait vraiment mal au ventre, a confié Didier Guillaume. Nous allons tout faire pour redonner un revenu décent aux agriculteurs de France. » Pour cela, le ministre a évoqué la loi Egalim, qui prévoit d'inverser la formation des prix.
Sécheresse et élevage /
« L'Etat ne vous laissera pas tomber »
« C'est une sécheresse qui touche l'Europe, ce qui rend compliqué de trouver du fourrage et de la paille. Je me rendrai sur le terrain dans les jours qui viennent et des annonces seront faites, a indiqué le ministre de l'Agriculture. Je veux dire à tous les agriculteurs et notamment aux éleveurs touchés que l'Etat ne les laissera pas tomber. Tenez bons. »
C. L.

 

Profession agricole /

Echanges avec le ministre

Sur plusieurs sujets d'actualité, des responsables agricoles ont pu échanger avec le ministre de l'Agriculture.
© journal L'Agriculture Drômoise
Lors de la visite ministérielle de Didier Guillaume au lycée agricole du Valentin, Anne-Claire Vial, présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme, a évoqué la nécessité de faire avancer la recherche en agriculture. Non seulement pour lever certaines impasses techniques mais aussi pour faire face au défi du changement climatique. Par ailleurs, elle a informé le ministre du projet de labellisation Syppre* de la plateforme des techniques alternatives et bio (Tab) d'Etoile-sur-Rhône. Anne-Claire Vial a aussi mis l'accent sur les liens entre la chambre d'agriculture et le Valentin dans la cadre du salon Tech&Bio, mais aussi en matière de recherche sur les fourrages avec la ferme du Valentin et les chambres d'agriculture de Drôme et d'Isère.
Par ailleurs, lors d'une rencontre informelle entre le ministre de l'Agriculture et les syndicats agricoles, plusieurs dossiers ont été abordés. Anne-Claire Vial, Sébastien Richaud (président de JA), Jean-Pierre Royannez et Régis Aubenas (FDSEA) ont évoqué l'installation (être viable et perdurer dans le temps), le TODE (maintien du dispositif sans ponctionner le premier pilier de la Pac) et le loup (seuil des prélèvements insuffisant pour stopper la prolifération du prédateur). D'autres thèmes ont été abordés comme la sécheresse (difficulté à entrer dans le dispositif des calamités agricoles), l'irrigation et plus particulièrement le stockage de l'eau « pour garantir le futur des productions agricoles ». Ont aussi été soulignés tous les efforts réalisés par les agriculteurs en matière d'environnement dans l'utilisation des produits phytosanitaires. « Notre agriculture est en phase de transition, les avancées en la matière et les décisions prises ne doivent pas laisser les agriculteurs sans solution », a-t-il été dit. En outre, FDSEA et JA ont demandé au ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation plus de moyens humains pour la DDT de la Drôme, compte tenu des retards de traitement de certains dossiers liés au manque de personnel administratif. Ils ont aussi insisté auprès de Didier Guillaume pour que soit redonnée au ministère de l'Agriculture « une place prépondérante et légitime » à même de prendre en considération les difficultés du monde agricole pour lui apporter des solutions adaptées.
* Syppre : a pour objectif d'accompagner la mise au point de systèmes de grandes cultures innovants.

 

A la MFR de Chatte /

« Ce qui compte, c'est la vie de la ruralité... »

Comme au lycée du Valentin, le nouveau ministre de l'Agriculture a échangé avec des élèves de la MFR de Chatte.
Après la Drôme, Didier Guillaume s'est rendu à la MFR de Chatte, en Isère. « L'enseignement agricole n'est pas une filière à part, il se situe au même niveau que les autres enseignements », a martelé le nouveau ministre de l'Agriculture. Par leurs témoignages, les jeunes ont largement abondé dans ce sens, soulignant tous les bénéfices qu'ils retirent d'un système d'enseignement au plus près des intérêts des élèves. Ce dont s'est félicité le ministre. « Ce sont des établissements où l'on ne forme pas que des agriculteurs mais à tout un tas de métiers », a-t-il mentionné, avant d'ajouter :  « Ce qui compte, c'est la vie de la ruralité, le maintien de paysages et de territoires vivants. »

 

A la Senura /

« La recherche est indispensable »

A la Senura, les responsables agricoles ont insisté sur les besoins de fonds d'Etat pour le financement des stations expérimentales.
© journal L'Agriculture Drômoise
A l'heure où la pression sociétale est à son paroxysme concernant les traitements agricoles avec un point de crispation autour du glyphosate, le nouveau ministre de l'Agriculture est justement venu visiter la station expérimentale Senura à Chatte où, depuis plus de vingt ans, on décortique les noix pour en mieux connaître leurs maladies et leurs agresseurs. Portée par les agriculteurs, la station réalise une quarantaine d'essais chaque année et fait notamment porter ses recherches sur le colletotrichum, le champignon devenu l'ennemi public numéro un de la noix, causant jusqu'à 70 % de dégâts sur une même parcelle.Co-président de la Senura, Jean-Claude Darlet, par ailleurs nuciculteur et président de la chambre d'agriculture de l'Isère, a insisté sur les besoins de fonds de telles stations. En l'espace de dix ans, « les fonds FranceAgriMer sont passés de 50 à 5 % du budget de la station », a-t-il indiqué, le budget de la Senura passant de 600 000 à 850 000 euros. Les collectivités ont pris le relais mais les professionnels dénoncent l'injonction de solutions et l'absence de moyens, notamment dans les petites filières dont se désintéressent les majors de l'industrie agrochimique dans leurs recherches appliquées de solutions alternatives.
Didier Guillaume a souligné combien « la recherche est indispensable pour le pays, la souveraineté alimentaire, la compétitivité passent par là ». Le ministre a donné rendez-vous aux représentants du monde agricole et aux élus présents en septembre 2019, pour le prochain salon Tech&Bio dans la Drôme et la 800e foire de Beaucroissant en Isère.
I. D.