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Filière vinicole

L'histoire d'un labo coopératif, le Laco

Voici 40 ans à Suze-la-Rousse, des caves coopératives créaient un laboratoire d'analyses œnologiques, le Laco. Cet outil a grandi et étendu ses prestations au fil du temps. Aujourd'hui, il est pluridisciplinaire.
L'histoire d'un labo coopératif, le Laco

Le Laco Analyse et Conseil fête ses quarante an ce jeudi 29 juin. Il a, en effet, été créé en 1977 à Suze-la-Rousse. Ce laboratoire d'analyse et de conseil œnologique est né de la volonté des responsables des caves coopératives du Sud-Drôme et Nord-Vaucluse(*) « qui ont su croire en l'avenir, souligne la directrice actuelle de ce laboratoire, Andrée Jovine. « Des visionnaires qui ont fait preuve d'une belle initiative » : plutôt que de monter un petit laboratoire chacun dans leur cave, ils ont préféré se fédérer et mobiliser des moyens pour se doter d'un outil plus conséquent. Ces mêmes coopératives avaient déjà fondée l'Union des vignerons des Côtes-du-Rhône (UVCDR, autrement dit le Cellier des Dauphins), en 1965.

A l'origine, une crise

« Dans les années 1965-1970, rappelle Andrée Jovine, « la viticulture traversait une crise. Elle s'est remise en cause avec la volonté de s'en sortir. Il lui fallait améliorer la qualité de sa production et restructurer son vignoble. Il y avait des besoins d'appuis techniques et analytiques ». D'où la création du Laco, un laboratoire coopératif (société civile d'intérêt collectif agricole), « pour l'analyse œnologique et la restructuration du vignoble, précise sa directrice. L'amélioration de la qualité du vin passait par l'encadrement œnologique et le conseil ».
Dans un premier temps, le Laco avait pour vocation d'apporter un soutien technique aux caves coopératives. Par la suite, il a ouvert ses prestations aux domaines viticoles particuliers. Il s'autofinance, dispose de ses propres budgets de fonctionnement, de formation et d'investissement. « Les grandes décisions d'investissement sont prises avec le conseil d'administration. Mais la gestion du système qualité, des analyses... se fait en interne et en totale indépendance », indique sa directrice.

Une place stratégique

Le Laco est situé au cœur de la vallée du Rhône. « C'est le plus gros laboratoire d'analyses œnologiques de la vallée, note sa directrice. Sa place est assez stratégique puisqu'il est à la confluence de trois grandes régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Languedoc-Roussillon. »
Initialement, le Laco était installé au premier étage du château de Suze-la-Rousse (propriété du Département) et cohabitait avec l'Université du vin, fondée un an après lui. Ces deux structures sont indépendantes mais ont grandi ensemble. En plus, des années durant, elles ont partagé le même directeur, Patrick Galant. « Cela nous a beaucoup rapprochés, confie Andrée Jovine. Nous formons une grande famille. »

 

Après avoir logé dans le château de Suze-la-Rousse, le Laco s'est installé à son pied.

S'adapter aux besoins, une philosophie

Au cours de ses 40 ans d'existence, le laboratoire a fait évoluer ses prestations. « Notre philosophie est de nous adapter aux besoins de nos clients, de développer des activités en fonction de la demande du terrain », assure sa directrice. Ainsi, des analyses agronomiques sont venues compléter son offre de services lorsque s'est manifestée la volonté de restructurer le vignoble. En ces temps-là, le Laco s'est chargé de plusieurs études de terroirs, cartographies pour des AOC viticoles qui sont passées en cru ou appellation communale.

De l'ancien au moderne
Au fil du temps, leur activité grandissant, le laboratoire et l'Université du vin ont fini par se trouver à l'étroit dans leurs murs. Donc, en 1991 et à l'initiative de Patrick Galant, a été créé l'Espace Médicis au pied du château de Suze-la-Rousse (une SCI) à l'emplacement des ruines des anciennes écuries. A présent, le Laco occupe 1 000 m² de locaux modernes et fonctionnels au rez-de-chaussée de cet espace. L'Université du vin, elle, est logée à l'étage.

Une offre de services élargie

En 2016, le Laco s'est doté d'une nouvelle salle d'analyses sensorielles équipée de 30 postes de dégustation.

Les analyses œnologiques demeurent toujours le cœur de métier du Laco. Les analyses agronomiques, elles, ont été délocalisées dans un grand laboratoire en Alsace que le Laco a acheté puis revendu mais avec lequel il a conservé des liens privilégiés. Par contre, il a étoffé son offre avec d'autres prestations. Parmi celles-ci, les analyses sensorielles, dont le développement a conduit le Laco à construire une nouvelle salle qui leur est dédiée. D'une surface de 156 m2 et équipée de 30 postes de dégustation, elle a été inaugurée voici tout juste un an (le 30 juin 2016). Elle accueille différents jurys d'experts et panels de consommateurs pour évaluer des vins, autres boissons et produits agroalimentaires. Chacun de ces départements (analyses œnologiques, sensorielles et corps gras) sont accrédités Cofrac.
Que de chemin parcouru, donc, au cours de ces quarante années.Tout en conservant son caractère coopératif, le Laco a su évoluer, se moderniser. Aujourd'hui, il est armé pour poursuivre l'aventure.

Annie Laurie

(*) Les membres fondateurs du Laco sont les coopératives La Suzienne (Suze-La-Rousse), Costebelle et Costerousse (Tulette), de Rochegude, Saint Maurice, Saint Pantaléon-les-Vignes, Nyons, Vaison et Cécilia (Sainte-Cécile-les-Vignes), La Vinsobraise (Vinsobres), l'UVCDR et le syndicat général des Côtes-du-Rhône.

 

Les hommes et femmes du Laco

Le personnel du Laco.  
A la présidence du Laco, cinq présidents se sont succédés : Jean-Marie Valayer (aussi président du Cellier des Dauphins), Marc André puis René Sabatier (qui ont tous deux été présidents de la Cave La Suzienne), Yves Arnaud (président de la Cave de Rochegude) et maintenant Jean-Louis Labaume (l'actuel président de la Cave La Suzienne).
Aujourd'hui, le Laco emploie douze salariés dont quatre œnologues, un ingénieur agronome, une responsable qualité et technique, un microbiologiste. Andrée Jovine assure la direction depuis le départ à la retraite de Patrick Galant (en 2008).

 

Les activités d'aujourd'hui

Le Laco analyse quelque 120 000 échantillons par an. Il propose :
- des analyses de vin principalement mais aussi d'huiles végétales et de corps gras (la Coopérative de Nyons étant aussi oléicole) ainsi que de bières (des petites brasseries se sont installées dans la région) ;
- des analyses sensorielles, tests de consommateurs, tests avec panels d'experts et la formation de jurys qualifiés à la dégustation de produits agroalimentaires ;
- des analyses microbiologiques ;
- des analyses d'effluents vinicoles.
Le conseil œnologique (de la maturité des raisins jusqu'au conditionnement du vin) s'inscrit aussi dans l'offre de services du Laco. Il a des clients en agriculture conventionnelle, biologique et biodynamie. Il réalise en outre des audits et expertises, notamment en hygiène et sécurité alimentaire. Et il assure des formations en collaboration avec l'Université du vin de Suze-la-Rousse.
« Laco est en constante évolution et souhaite affirmer positivement son empreinte environnementale et sociétale, explique sa directrice. Cette année, notre équipe s'est engagée dans une démarche RSE s'appuyant sur les trois piliers que sont l'environnement, le social et l'économie. La mise en place de l'Iso 26000 est garante de cette philosophie partagée par la coopération et apporte à nos clients l'assurance du respect des principes du développement durable. »