Pour germer rapidement, et ainsi limiter les dégâts de ravageurs à la levée, la graine a besoin d'un lit de semence suffisamment chaud et aéré. Il est donc crucial de s'assurer non seulement du réchauffement du sol ; minimum de 8°C à 5 cm de profondeur, mais il faudra s'assurer également que les jours suivant le semis bénéficieront d'une météo douce et ensoleillée. La date de semis, liée aux conditions pédoclimatiques locales, sera ajustée aux conditions météo de l'année et à la précocité de la variété choisie. Les semis précoces, à partir de fin mars-début avril sont en moyenne les plus productifs, en sol argilo-calcaire notamment. Semer sur un sol ressuyé c'est éviter une cause de compaction et des difficultés d'enracinement. Un tournesol bien enraciné disposera ainsi d'une capacité moins limitante pour son alimentation hydrique et minérale, il sera alors en capacité de supporter la sécheresse estivale, contrairement à un tournesol mal enraciné (tableau densité des semis à consulter).

Prendre soin du semis, facteur clé du rendement

Un peuplement mal adapté lié à une densité de semis défaillante est régulièrement un des facteurs explicatifs de rendements décevants. Selon les situations, les pertes liées à une sous-densité ou une sur-densité sont de l'ordre d'un quintal/ha en moyenne et peuvent atteindre facilement 3 q/ha (source essais Terres Inovia). La régularité de peuplement compte autant que la densité ! Un peuplement régulier et homogène permet d'obtenir une teneur en huile plus élevée et des capitules qui sèchent plus rapidement en fin de cycle (source essais Terres Inovia). Pour y parvenir, adaptez la vitesse du semis avec un maximum de 5 km/ha et soyez vigilant sur la profondeur de semis : 2-3 cm dans un sol frais et 4-5 cm si le sol est sec en surface. L'écartement entre rangs compris entre 50 et 60 cm est celui qui donne les meilleurs résultats. Pour un écartement large (75-80 cm), des pertes moyennes de l'ordre de 1 à 4 q/ha sont enregistrées (comparé à un écartement de 50 cm).

Face aux attaques d'oiseaux : levée rapide et effarouchement

Depuis plusieurs années, Terres Inovia explore différentes pistes pour limiter les dégâts d'oiseaux au moment du semis et de la levée (les plantules ne sont plus en danger à partir de l'émergence des premières feuilles). Les conditions de levées rapides et la protection par des dispositifs d'effarouchement (et/ou tirs au fusil dans les départements où cette pratique est autorisée) constituent à ce jour les leviers les plus efficaces. A rappeler que la présence humaine, en particulier au lever et coucher du jour, est toujours dissuasive. Une méthode agronomique, reposant sur l'effet de confusion apportée par un couvert végétal implanté avant le tournesol a montré son efficacité, la difficulté repose sur la destruction du couvert et, à ce jour, les modalités testées ne sont pas satisfaisantes. En revanche, la coordination des semis au sein d'un territoire est une solution pertinente même si sa mise en œuvre reste délicate.
Phosphore et potasse : faire l'impasse, c'est pénaliser le rendement
Les carences phospho-potassiques freinent la croissance végétative de la plante et limitent son potentiel de rendement. Elles peuvent être observées si les teneurs du sol en éléments phospho-potassiques sont trop faibles par rapport au besoin de la plante et en cas d'enracinement médiocre et de disponibilité en eau limitante. Il est encore temps d'apporter cette fertilisation de fond si ce n'est pas déjà fait ! Un apport d'environ 40 unités d'acide phosphorique et 40 unités de potasse permettent de couvrir les exportations de la culture pour un rendement de 25 q/ha en sol plutôt pauvre.

Protégez la levée des ravageurs du sol dès le semis

• Vis-à-vis des limaces, les plantules de tournesol sont vulnérables de la levée jusqu'au stade 2 feuilles. Ainsi, si les conditions au semis sont humides et si une attaque est attendue (risque évalué avant le semis avec un piège), il est recommandé d'appliquer un granulé anti-limaces à la surface du sol juste après le semis avant que le tournesol ne germe. Pour les parcelles jouxtant un cours d'eau, utilisez un appareil qui contrôle l'épandage en bordure (type SPANDO TDS), ou un anti-limace à base de phosphate ferrique (autorisé en culture bio).
• Les taupins et noctuelles terricoles occasionnent dans certaines situations des pertes de pieds importantes. Contre ces ravageurs, comme pour les oiseaux, une levée rapide sera un levier efficace à mettre en œuvre en priorité (semis dans un sol suffisamment réchauffé, lit de semence fin). Une légère augmentation de la densité de semis permettra également d'anticiper et compenser les pertes éventuelles. Pour les situations à risque – taupin, antécédents d'attaques ou précédents favorables (prairie, friches, culture fourragère ou légumineuse) - un insecticide pourra être appliqué au semis. Plusieurs produits insecticides à base de microgranulés sont autorisés en application au semis (Belem 0,8 MG/Daxol à 12 kg/ha, Karate 0,4 GR de 12 à 15 kg/ha, Trika Expert+ à 15 kg/ha et Force 1,5G à 10 kg/ha). Veillez à utiliser le diffuseur adapté en fonction du produit utilisé. 

Alexis Verniau – Terres Inovia