L’impression 3D, un débouché pour l’agriculture ?

«Le milieu agricole est un secteur qui nous intéresse fortement », indique Maryline Chasles, directrice du « 8 Fablab Drôme » situé en plein cœur de Crest. Derrière cette entité se cache une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), ouverte en mai 2014, dédiée à l'innovation, à la fabrication numérique et à l'impression 3D.
Sur une superficie de 500 m², dont 120 d'atelier de fabrication, toute sorte de matériels est disponible : découpeuse-graveuse laser, imprimantes 3D plastique et céramique, Méga 3D, fraiseuse à commande numérique, poste de conception assistée par ordinateur ou encore matériel de prototypage électronique. Si ces nouvelles machines continuent d'intriguer, elles répondent à l'évolution des métiers et de la société actuelle. Elles permettent aussi de proposer des services supplémentaires et d'ouvrir le champ des possibles.
Par exemple, l'impression 3D consiste à superposer des couches de matières, par filament. Elle est guidée par des coordonnées transmises par un fichier numérique 3D, dessiné et scanné par le biais d'un logiciel. Ce procédé peut ainsi répondre à tout type de demandes, quelle que soit la profession exercée.
Des possibilités diverses
Pour l'heure, le 8 Fablab a encore peu de contact avec le monde agricole. « Nous avons besoin de communiquer sur les services que nous proposons, afin que les agriculteurs poussent la porte du 8 Fablab et se rendent compte des diverses possibilités », avoue Bastien Pyon, manager.
Jusque-là, certains exploitants ont rejoint le laboratoire de fabrication numérique pour faire des réparations sur du petit outillage. « Ils ont pu fabriquer ou réparer des outils à moindre coût, en plastique rigide ou souple. » De la création d'un embout d'atomiseur agricole à la réparation d'un pistolet de tuyau d'arrosage, les possibilités sont nombreuses. « Nous disposons également d'un atelier d'usinage du bois », précise-t-il. Il est ainsi possible de créer des panneaux de direction ou des pancartes de signalétique, des petites étagères et autres outils nécessaires lors de vente à la ferme par exemple. Les solutions sont nombreuses :
« Les professionnels du monde agricole peuvent créer leurs propres outils en fonction de leurs activités et de leurs méthodes de travail, selon leurs propres besoins. Ils peuvent ainsi trouver ici des solutions pour se simplifier la vie », poursuit Bastien Pyon.
Des produits locaux et biosourcés
Le 8 Fablab Drôme a récemment travaillé en collaboration avec l'Office national des forêts (ONF) pour créer un cache de protection sur une débroussailleuse. « L'ONF est venu à notre rencontre pour que l'on travaille sur un prototype et, ainsi, le proposer au fabricant », indique Bastien Pyon.
Le 8 Fablab Drôme propose des produits respectueux de l'environnement : « Le bois PEFC que nous utilisons provient essentiellement de revendeurs locaux, situés sur Valence ou Montélimar. Quant à la matière plastique, nous travaillons principalement avec un fournisseur de matériaux bio-sourcés. L'un des plastiques le plus couramment utilisé est d'origine végétale, l'acide polylactique, dont la matière première est de l'amidon de maïs », explique-t-il. Ainsi, le 8 Fablab réduit au maximum l'utilisation de plastiques pétrochimiques.
Géré par une équipe de six personnes, le 8 Fablab encourage aussi le monde agricole à développer un projet collaboratif.
Dans le milieu rural, la communauté de communes du Val de Drôme a, par exemple, lancé un projet de bornes de mobilité afin de permettre aux citoyens de se déplacer sans voiture individuelle. Conçue par un studio de design, cette station de mobilité a été ensuite prototypée dans les locaux du 8 Fablab. Autonome en énergie grâce à un panneau solaire et connectée par réseau sans fil, sa conception limite ainsi son impact sur l'environnement et s'intègre dans le paysage. Les deux premières bornes ont été installées à Eurre et Beaufort-sur-Gervanne et d'autres devraient être fabriquées en 2020 pour couvrir l'ensemble du territoire. « Nous avons du potentiel à faire valoir pour la filière agricole », conclut Bastien Pyon. L'ère du numérique sera-t-elle l'une des solutions pour l'agriculture de demain ? Sans doute...
Amandine Priolet