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bâtiments en Construction

L’intégration paysagère doit être discrète

La notion d’intégration paysagère des nouveaux bâtiments d’élevage se décline à plusieurs échelles : celle du grand paysage, du site et du bâtiment en lui-même.
L’intégration paysagère  doit être discrète

«Bien intégrer une construction dans son environnement nécessite de prendre du recul par rapport à l'existant, d'analyser le paysage et la topographie du lieu », explique Olivier Draussin, architecte conseiller au CAUE 39. Depuis 2008, le conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (CAUE) du Jura est missionné par le conseil départemental comme expert auprès des porteurs de projet de bâtiments d'élevage. « Nous avons dressé un cahier des charges détaillant les critères relatifs à la bonne intégration paysagère des nouveaux bâtiments d'élevage. Les éleveurs qui respectent les préconisations peuvent prétendre à une aide à la réalisation de travaux de 10 % sur un montant plafonné de 70 000 à 80 000 euros (en montagne) », détaille Florence Clément architecte conseiller CAUE 39.

Un bâtiment simple et compact

« Nos prescriptions portent sur l'orientation du bâtiment. Implanté parallèlement aux courbes de niveau, celui-ci doit respecter la disposition générale du bâti du secteur. Il doit être intégré à l'exploitation pour éviter l'éparpillement dans le paysage. La construction sera située plutôt au bas d'une pente ou dans un repli du terrain », précise Olivier Draussin.
Dans le guide pratique « Concevoir son bâtiment agricole avec le paysage »1, le CAUE 39 conseille d'opter pour un bâtiment simple et compact en bois de préférence. Les tunnels, trop artificiels sont exclus. Plus long que haut, la bâtisse offrira des façades homogènes. Les bardages couvrant l'ensemble du pan, du pied jusqu'au toit. Menuiseries, enduits éventuels présentent la même teinte que le bardage : une neutralité de tons dans un nuancier de gris. Les couleurs claires, tout comme les verts sont à proscrire, c'est vrai pour les enduits comme pour les filets brise-vent. Pour les toitures, le brun rouge est conseillé. Seuls les bâtiments équipés pour le séchage solaire en grange seront gris anthracite. « Un bâtiment agricole présente des lignes horizontales, la disposition des translucides ne doit pas rompre cette configuration pour ne pas attirer l'œil, rajoute Olivier Draussin. Le positionnement en dôme est de plus en plus courant ».

Les abords et la végétation

« Le grand principe, c'est minimiser l'impact visuel. Il faut donc dissimuler autant que possible les silos en les plaçant à l'intérieur ou derrière le bâtiment. Leur couleur doit se confondre avec celle de la façade », rappelle Olivier Draussin. « Il est indiqué de couvrir les fumières et d'enterrer les fosses. Là aussi, on joue sur les teintes et on utilise la végétation. »
Pour habiller les constructions imposantes, les plantations complémentaires permettent d'accompagner les formes. Il est essentiel de privilégier les haies bocagères et les essences d'arbres déjà existants. La bonne tenue des abords est un élément déterminant à prendre en compte. Pour les accès, opter pour des revêtements naturels plutôt que les surfaces imperméabilisées. 

Magdeleine Barralon
1Téléchargeable sur le site du CAUE 39 en cliquant ici

 

Gaec des Bruyères  à Cuisia (Jura) / Les bons conseils du CAUE
« Notre bâtiment date de 2013. C’est à la direction départementale des territoires (DDT), lorsque j’ai déposé notre projet de construction que l’on m’a conseillé de m’adresser au CAUE », raconte Geneviève Theurf du Gaec des Bruyères. « Lorsque nous avons présenté notre projet à l’architecte conseil, nous avons constaté qu’il était conforme aux préconisations du CAUE, en particulier pour le choix du bois, ce qui nous permettait d’obtenir une aide financière supplémentaire. Il nous a guidé en matière de couleurs pour les façades, pour l’aménagement des accès et des abords. Nous avons joint la fiche de préconisations du CAUE à notre demande de permis de construction, ce qui a, me semble-t-il, accéléré les choses », confie-t-elle. Le Gaec des Bruyères, qui a pu bénéficier d’un financement des travaux, projette aujourd’hui la construction d’un bâtiment de stockage équipé d’un dispositif de séchage en grange. Comme pour la précédente construction, les associés ont demandé conseil au CAUE.