L’odeur de la mort par prédation descendue sous le nez du préfet
Le cadavre d’une génisse attaquée par le loup a été déposé devant la préfecture d’Annecy le 7 juillet.

À l’appel de la FDSEA des Savoie, de JA74, des syndicats ovins et caprins, une centaine d’agriculteurs et de chasseurs solidaires sont venus déposer, le 7 juillet juste sous les fenêtres de la préfecture à Annecy, le cadavre d’une génisse attaquée le 4 juillet en montagne. La bête a été gravement blessée à l’arrière et les éleveurs ont dû se résoudre à l’euthanasier sur place pour abréger son agonie.
Exposer l’horreur
Tous les manifestants sont choqués par les agressions quotidiennes de loups des derniers jours sur presque tous les massifs de Haute-Savoie. En plus des prédations récurrentes sur les ovins, des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des attaques sur des lots de génisses en alpage aux Glières (lire encadré). C’est de ce troupeau que provient le corps en début de putréfaction de la jeune vache. L’exposer aux médias et aux passants est une façon d’interpeller l’opinion publique sur l’horreur imposée aux alpagistes.
Bernard Mogenet, à l’origine de l’organisation au pied levé de cette action syndicale, s’est fait le porte-parole de la profession. Virulent face à la presse, le président de la FDSEA des Savoie a dénoncé les mensonges du gouvernement « qui fanfaronne sur une baisse des attaques mais c’est faux : chez nous c’est + 9 % et + 18 % d’effectifs de loups en un an, c’est insupportable ! » Il s’est plaint du lourd carcan administratif pour obtenir des tirs de régulation et a réclamé une fois de plus des moyens pour défendre efficacement les troupeaux. Aurélie Hudry, secrétaire générale de Jeunes Agriculteurs de Haute-Savoie, constatait que la prédation décourage l’installation et freine la concrétisation de certains projets. André Mugnier président des chasseurs, s’attendant à ce que les loups descendent bientôt en plaine a exhorté l’État « à juguler l’expansion en accordant des tirs de défense renforcés pour tout le monde ».
Un choix de société
Bernard Mogenet a remercié les nombreux élus départementaux et de communes de montagne qui se sont mobilisés en soutien. « Votre présence à nos côtés est importante car nous sommes sur un véritable choix de société : soit le maintien d’une agriculture dynamique et vertueuse, capable d’alimenter la population en produits de qualité et d’entretenir l’environnement, soit le retour à l’ensauvagement de nos territoires décidé par des urbains hors-sol. Nous avons besoin de rassembler l’ensemble du monde rural que vous représentez pour faire entendre notre voix. » Allant dans le même sens, Régis Forestier, maire de Mieussy (74), s’est interrogé sur la notion de bien-être animal à la vue des souffrances endurées par la génisse et s’est demandé ce qu’il restera des paysages ouverts et riches en biodiversité de la Haute-Savoie si les alpagistes sont contraints de partir.
Une délégation de représentants professionnels a été reçue par le cabinet de la préfecture. Toutes ces doléances ont été détaillées pour être relayées au plus haut niveau de l’État.
B. C.
Un troupeau de génisses couru et attaqué aux Glières
Mardi 5 juillet, une vidéo tournée par un éleveur sur le massif des Glières a été postée sur les réseaux sociaux et largement visionnée. On y voit très clairement une meute de trois loups cherchant à encercler méthodiquement un lot d’une vingtaine de génisses montbéliardes la veille en plein après-midi. L’attaque de la génisse déposée devant la préfecture n’a pas été filmée mais s’est produite juste après la séquence. Un lot de génisses d’un autre exploitant sur un alpage voisin a été apeuré, éparpillé dans la montagne puis retrouvé. Les animaux ont été redescendus. Sur le même secteur, le veau d’une vache qui venait de vêler a été tué à la gorge.