"L'œuf alternatif est dans une dynamique de croissance"

L'œuf alternatif est dans une dynamique de croissance. C'est ce que constate Patrice Guillemet, qui dirige Val d'Eurre, un centre de conditionnement d'œufs bio, de plein air et - depuis un an et demi -, plein air label rouge. La croissance, il connaît. Depuis la création de Val d'Eurre en 1985, elle est régulière. Depuis 2000, année de son arrivée, elle s'est encore accrue, les chiffres ayant été multipliés par cinq : 25 millions de francs (soit 4 M€) et 30 millions d'œufs en 2000, 25 millions d'euros et 150 millions d'œufs en 2015. La croissance estimée pour les cinq prochaines années oscille entre 5 et 10 % par an.
Dans ce contexte, les travaux d'agrandissement ou d'amélioration sont constants (un achat de matériel de nettoyage pour les derniers investissements). Le programme de développement prévoit quant à lui un ou deux nouveaux bâtiments d'élevage chaque année. Le nombre d'éleveurs est d'une cinquantaine environ pour 60 à 70 bâtiments. Ils sont en Drôme-Ardèche pour la majorité et sur la bordure de l'Isère pour quelques uns.
Une dynamique de croissance
A l'écosite de Eurre (Drôme), où se situe le centre de conditionnement, outre la réception des œufs, l'activité se répartit essentiellement entre le calibrage et la préparation des commandes. Deux équipes travaillent sur la calibreuse, avec un responsable de centre et un responsable de production ; deux autres équipes préparent les commandes, avec un responsable pour le matin, un autre pour l'après-midi. 35 à 40 personnes assurent ces tâches, sur un total de 80 salariés.
Val d'Eurre appartient depuis 2011 au groupe Dauphinoise, associé à la coopérative Terre Dioise. « Nous sommes ancrés dans le territoire, explique Patrice Guillemet. Notre stratégie consiste à produire localement pour une distribution régionale. A travers le groupe, nous disposons d'une filière régionale qui va de la céréale - produite en Rhône-Alpes - jusqu'à l'œuf en boîte, en passant par l'aliment fabriqué dans les usines drômoises de Montélimar et Bourdeaux ainsi que dans celle de La Côte-Saint-André » en Isère.
Un ancrage territorial
« La demande est orientée vers la production locale, c'est une tendance marquée, on y répond », ajoute-t-il. 70 % des œufs conditionnés ici sont vendus en grandes et moyennes surfaces, 30 % dans les réseaux de grossistes, notamment pour les magasins spécialisés.
La dynamique de croissance est encore plus marquée pour les œufs bio. Leur pourcentage était de 50 % il y a trois ans, il est aujourd'hui de 60 %. Quant au label rouge, il répond à un souhait. « Nous voulions depuis longtemps élargir notre gamme pour apporter un plus au consommateur. Le mode d'élevage est le même mais le cahier des charges est plus rigoureux », confie Patrice Guillemet. Qui se réjouit de cet ancrage territorial. « Je produis, je conditionne, je commercialise..., c'est une chaîne de valeurs qui amène de l'emploi. Nous en créons chez les agriculteurs et ici au centre de conditionnement, sans compter les artisans que nous faisons travailler pour les agrandissements. Nous contribuons à l'économie locale. »
Elisabeth Voreppe
Traçabilité /
De l'éleveur au consommateur
Val d'Eurre revendique la traçabilité des œufs, en amont et en aval du calibrage, depuis l'élevage jusqu'au consommateur. Ils sont collectés par le personnel et les camions du centre. Ils sont réceptionnés et contrôlés à leur arrivée. Les lots sont « libérés » pour être calibrés. Après le calibrage, tous les œufs qui appartiennent à la catégorie A sont mis en boîtes, suivant plusieurs calibres pour chacune des trois gammes : petits, moyens, gros et très gros.Un petit pourcentage d'œufs (7 à 8 %) est écarté après mirage par des caméras, pour cause de micro-fêlures ou de souillures. Ils sont déclassés car impropres à la consommation à l'instant T. Ils passent en catégorie B et sont revendus pour être pasteurisés et commercialisés sous forme d'ovoproduits.
Val d'Eurre /
30 ans d'histoire
En installant un petit poulailler et une petite salle d'emballage à côté de sa maison d'habitation, en 1985, Pierre Giovanoni ne soupçonne pas la croissance que connaîtra son entreprise. Il vend alors ses œufs sur les marchés et doit vite s'agrandir. Son activité prend de l'ampleur et atteint bientôt la région grenobloise ainsi que la Savoie. Il fait appel à des producteurs locaux, qui élèvent pour lui des poules en plein air, en contrat d'intégration. Un premier poulailler bio voit le jour en 1996, c'est l'un des premiers en Drôme. Pierre Giovanoni cède sa société, Val d'Eurre, en 1998. Patrice Guillemet, qui la dirige actuellement, la reprend en 2000. Depuis, elle n'a cessé de se développer.Les extensions se sont succédé : en 2002, une partie est couverte ; en 2006, le hangar de stockage-emballage est doublé ; en 2008, la calibreuse est changée (investissement 800 000 euros) ; en 2010, le quai est agrandi (600 000 euros d'investissement).
