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Oléiculture

L’olive de Nyons et des Baronnies, au-delà des frontières locales

Riche d’une reconnaissance absolue sur le territoire national, l’olive noire de Nyons et des Baronnies n’a aucune difficulté à se faire une place sur les marchés oléicoles.
L’olive de Nyons et des Baronnies, au-delà des frontières locales

Les olives noires de Nyons ont fêté en 2017 les vingt ans de leur reconnaissance officielle à l'échelle européenne par l'obtention de l'appellation d'origine protégée (AOP). Mais ce qui fait aujourd'hui encore la force de cette olive de Nyons et des Baronnies, c'est qu'elle a été la toute première de France à bénéficier d'une appellation d'origine contrôlée, en 1994. « Elle est unique au monde », souffle Patrick Floret, président du syndicat interprofessionnel de l'olive de Nyons et des Baronnies, au sujet de la variété la Tanche. Cette olive noire, ridée dès les premiers gels de l'hiver, bénéficie d'une renommée bien au-delà des frontières des Baronnies.

La Tanche se démarque

S'il existe près de quatre cents variétés d'oliviers sur le territoire national, la Tanche n'a pas vraiment de concurrente. Dans le Sud-Est de la France, l'olive noire de Nice est plus petite, avec un profil différent et une peau lisse. Seule la variété Grossane, l'olive typique de la vallée des Baux-de-Provence, elle aussi reconnue en AOP, s'en rapproche. Mais ces deux produits ne jouissent pas d'un volume de production aussi important que celui de La Tanche.
Pour se démarquer, l'olive noire de Nyons et des Baronnies s'appuie d'abord sur sa notoriété. Au niveau local, la coopérative du Nyonsais (Vignolis) dispose d'un espace de 1 500 m² en plein cœur de Nyons, totalement dédié à la vente, au tourisme et à la culture et offre un circuit court, gage de traçabilité des produits envers les consommateurs. « Nous commercialisons entre 120 et 150 tonnes d'olives noires AOP par an, soit environ 50 % de la production totale », explique Anne Laurent, directrice de la coopérative. Avant de poursuivre : « Nous bénéficions d'une grande diversité de nos circuits de distribution sur le marché français : la grande distribution, les grossistes, les épiceries fines, les restaurants, etc. Jusque-là, nous ne faisions qu'un petit peu d'export, en Europe proche. » D'ici deux ans, la coopérative devrait exporter ses olives au-delà des frontières européennes. « Nous avons investi dans une deuxième confiserie afin d'avoir une capacité de stockage plus importante, ajoute-t-elle. Cela va nous permettre de nous ouvrir davantage à l'export, et notamment au Japon et aux Etats-Unis où il y a des marchés intéressants. »

Miser sur la qualité

De leur côté, les metteurs en marché valorisent leurs olives - et les produits dérivés - par le biais de grossistes ou de vente directe. « Nous essayons d'être présents sur tout le territoire et de véhiculer l'image de la Provence et des Baronnies à travers la qualité de nos produits, précise Patrick Floret. Notre olive de table est d'ailleurs très appréciée dans le Nord de la France, en Belgique ou encore aux Pays-Bas. Malgré cela, on ne peut pas lutter au niveau des prix avec les pays étrangers. C'est pourquoi nous devons continuer de nous démarquer avec une qualité exceptionnelle et une visibilité accrue sur une production naturelle, saine, qui subit très peu de transformation. C'est ce que les consommateurs recherchent. » Aujourd'hui, produire une olive noire de qualité reste l'un des seuls arguments de vente pour se différencier des marchés extérieurs. Mais la production d'olives françaises demeure bien inférieure à la demande. 
A. P.

La Tanche, cette olive noire faisant la renommée de Nyons et des Baronnies, a la particularité d’être ridée.

 

Repères / Une filière assez restreinte

S’il n’y a pas vraiment de suivi chiffré en termes de commercialisation, il faut savoir que la filière française de l’olive est assez restreinte. « Sur les 1 300 tonnes d’olives produites en France, environ 300 à 400 proviennent de Nyons. C’est la plus grande production, explique Alexandra Paris, directrice de la communication de l’association française interprofessionnelle de l’olive (Afidol). La production française ne représente que 2 % de la consommation, qui s’élève au total à près de 65 000 tonnes. Les autres olives proviennent essentiellement de l’Espagne ou du Maroc, et non de Grèce, contrairement à ce que nous pourrions penser. »

 

Agritourisme / La Route de l’olivier se modernise

La Route de l’olivier en Baronnies est un itinéraire qui permet aux visiteurs de partir à la découverte de la culture de l’olive noire de Nyons (AOP) et de la fabrication de l’huile d’olive. Pour cela, le syndicat interprofessionnel propose un circuit sur plus de quatre-vingt kilomètres depuis 1994. « L’une de nos missions, aujourd’hui, est de le moderniser, de le rendre plus visible à l’échelle de l’appellation et d’apporter un attrait touristique supplémentaire à notre région afin de promouvoir l’olive et l’huile d’olive », avoue Patrick Floret, président du syndicat. Pour faire découvrir des lieux pittoresques où l’empreinte oléicole est omniprésente, la Route de l’olivier en Baronnies propose la visite de villes ou villages abritant plus de 5 000 oliviers, de moulins à huile, d’exploitations… « C’est aussi une manière de créer un réseau entre les différents acteurs du territoire. » A cet égard, le Département de la Drôme, soutien historique du syndicat, va prochainement financer la nouvelle signalétique et, ainsi, contribuer au développement de l’agritourisme.

 

Récolte 2018-2019 / Une année exceptionnelle

Les 220 000 oliviers qui couvrent le territoire de l’AOP olive de Nyons et des Baronnies - sur 900 hectares - ont offert une récolte de belle qualité durant l’hiver. Patrick Floret, lui-même producteur, annonce : « Nous avions réalisé une belle récolte l’an passé (384 tonnes, ndlr), mais le bilan sera encore meilleur cet hiver. Il s’agira peut-être même d’une année record. » Les chiffres officiels devraient être connus d’ici le mois d’avril.