L'opinel, un couteau qui a du mordant

Un manche en hêtre, une lame inoxydable, une bague de sécurité... depuis 125 ans, le couteau de poche Opinel a su séduire les randonneurs, chasseurs, bricoleurs, jardiniers et bien sûr, les agriculteurs. En effet, rares sont les viticulteurs ou les éleveurs à ne pas en avoir un toujours à portée de main.
L'aventure débute en 1890 dans un village savoyard. Tout part d'une idée simple. Joseph Opinel travaille alors dans l'atelier de son père, forgeron-taillandier à Albiez-le-Vieux au cœur de la Maurienne. Le jeune homme de dix-huit ans imagine un petit couteau de poche simple à utiliser qu'il destine aux paysans de sa région. Le bon sens, le confort de la prise en main, la commodité de la mise en poche a, peu à peu, déterminé sa forme générale.
« La principale difficulté était évidemment de réaliser la fente où viendrait se loger la lame », se souvient-on chez Opinel. Le jeune coutelier imagine dès lors une machine ingénieuse constituée d'un simple bâti sur lequel coulissait une petite scie circulaire. L'aventure familiale est lancée. Un siècle plus tard, chez Opinel, l'ingéniosité est toujours une marque de fabrique. On continue à y concevoir les machines sur lesquelles les couteaux et autres outils voient le jour. Le petit couteau de poche de Joseph remporte rapidement un vif succès. Le coutelier décide alors de monter son propre atelier et dépose les marques « Opinel » et « La main couronnée », un symbole qui sera désormais présent sur chaque lame.
La réputation du couteau pliable dépasse très vite les frontières de la vallée de la Maurienne grâce notamment au colportage. Toutefois, conscient que le colportage ne pourrait être le seul moyen de diffusion, Joseph décide très vite une commercialisation qui fit connaître son couteau en Suisse et en Italie. En 1911, il décroche même la médaille d'or à l'Exposition universelle de Turin.
De Cognin à Chambéry
En 1915, Joseph déménage à Cognin, une commune située à l'ouest de Chambéry. Ses deux fils, Marcel et Léon, travaillent à ses côtés. À partir de 1973, l'usine de Cognin est réorganisée suite à la construction d'un nouveau site de production sur Chambéry. Initialement dédié à la fabrication automatisée des manches en bois, il accueillera par la suite l'atelier d'assemblage et la plateforme logistique. Depuis 2013, toutes les activités Opinel de production et le siège social sont regroupés sur Chambéry. En 2015, l'entreprise, toujours dirigée par la famille Opinel, agrandit ses ateliers pour optimiser la production du traditionnel couteau de poche et des nombreux autres articles (jardinage, art de la table...). Aujourd'hui, dans l'usine de la Revériaz à Chambéry, une centaine de personnes poursuit la tradition de qualité, chère au fondateur de la marque.
Un succès international protégé
Plus d'un siècle plus tard, le couteau Opinel a conservé sa silhouette et sa robustesse. Il est devenu un objet du patrimoine français, dont la réputation a peu à peu dépassé les frontières hexagonales. En effet, si le premier marché de ce couteau de poche, encore aujourd'hui fabriqué en plein cœur de la Savoie, demeure le marché intérieur, la lame à la main couronnée a su séduire ailleurs. Les ventes à l'export se font majoritairement en Europe, en Allemagne, Italie et Espagne. Les « Opinel » sont également recherchés dans plus de 70 pays (États-Unis, Australie, Afrique du Sud, Chine, Japon, Corée...) et la moitié de sa fabrication (4 à 5 millions par an) est destinée à l'export. Il est même devenu un objet d'art outre-Atlantique où il est exposé au Musée d'art moderne (Moma) de New York. Un succès qui suscite des convoitises du côté des faussaires mais sans grande réussite.En effet, aujourd'hui, la protection industrielle est l'un des piliers de la réussite et de la pérennité de l'entreprise Opinel. Depuis sa création, les marques, modèles et brevets sont déposés en France comme à l'étranger. Parallèlement, la vigilance des partenaires de la société (clients, distributeurs, fournisseurs, consommateurs...) contribue à détecter les copies et contrefaçons à travers le monde. Aujourd'hui, l'investissement lié à la propriété industrielle est conséquent, à la mesure de l'ambition de l'entreprise. Une ambition qui vise le développement des marchés. « Présents dans de nombreux pays mais à des degrés divers, nous devons développer et améliorer notre présence sur l'Europe du Nord, l'Amérique du Nord et investir l'Amérique du Sud. Notre challenge aujourd'hui et de devenir un acteur important sur le marché de la cuisine et de la table et sur le marché du jardinage », indique-t-on chez Opinel.
Marie-Cécile Seigle-Buyat
En chiffres
Création : 1890,
CA 2013 : 17 millions d’euros.
dont 45 % réalisés à l’export.
Effectif : 100 dont 60 personnes à la production.
Nombre de couteaux fabriqués par an : 4 millions. (source : opinel.com)
Coutellia présente les nouveautés tranchantes
Les 16 et 17 mai se tiendra à Thiers, dans le Puy-de-Dôme, la 25ème édition de Coutellia, le salon international du couteau d’art et de tradition. 200 couteliers de renom venus de 20 pays du monde se retrouveront dans la ville de tradition coutelière depuis huit siècles. Outre les dernières créations des couteliers, des démonstrations de forge et des ateliers de montage de couteaux sont au programme. Passionnés de couteaux d’art ou professionnels des métiers de bouche pourront découvrir les nouveautés adaptées à leurs besoins. Mais le Salon Coutellia s’ouvre aussi aux arts de la table et aux dernières innovations technologiques. Le bassin de Thiers, d’où 80 % de la production française d’outils tranchants sont issus, accueille une centaine d’entreprises spécialisées dans la fabrication de couteaux et la filière emploie 1 620 personnes aux compétences mondialement reconnues.
L'Opinel, côté jardin

Désherber, tailler, cueillir, scier, greffer, vendanger… la marque savoyarde a depuis longtemps fait son entrée dans la caisse à outils des jardiniers amateurs ou professionnels. Scie, serpette, couteaux de jardin ou encore plumier champignon, ces outils sont reconnaissables entre tous grâce à leur manche en hêtre. Beaucoup sont également équipés de la bague sécurité. Inventée en 1955 par Marcel Opinel, la bague de sécurité Virobloc équipe tous les couteaux fermants à partir du N°06. Découpé dans de l'acier inoxydable, le Virobloc est constitué de deux parties : une fixe et une coulissante. En plus du blocage de la lame en position ouverte (sécurité d'utilisation), il est désormais possible de verrouiller la lame en position fermée (sécurité de transport). En début d’année, la marque à la main couronnée a élargi sa gamme jardinage avec un nouveau sécateur. Ce produit promet une adaptation facile au diamètre des branches ou à la taille de la main grâce au sélecteur breveté trois positions et ses deux amplitudes (large ou étroite) de coupe ; une coupe nette grâce aux lames robustes en acier inoxydable et un confort maximal à l’aide de la poignée en revêtement polyamide et de sa butée anti-glisse.
M.-C. S.-B.