L'origine France, marqueur de qualités

Le congrès de Beaune « s'inscrit pleinement » dans la volonté de la FFPV de rendre toujours plus compétitive la pépinière viticole en France, associant une « professionnalisation » du métier et une « boîte à outils » toujours plus étoffées pour ses adhérents, a expliqué David Amblevert, président. Après plusieurs plans (5 millions d'euros avec les Régions les cinq dernières années) sur des aides à la modernisation (matériels...) ou pour diminuer la pénibilité du métier, le dernier exemple en date sera la mise à disposition d'une marque collective "Origine France". En attendant la validation du dépôt de marque à l'Inpi (propriété intellectuelle), certainement pour janvier 2019, l'association qui va gérer cette marque a fait une présentation détaillée aux congressistes, à commencer par ses élus, dont les neuf présidents des fédérations régionales.
Une marque avec les vignerons
Première particularité, et pas des moindres, quatre viticulteurs siégeront également au conseil d'administration de l'association pour une totale
« transparence ». « C'est important aussi de connaître leurs avis », a insisté le président de l'association, Giovanni Varelli, pépiniériste dans le Vaucluse. De fait, le cahier des charges n'est pas figé dans le marbre. L'idée étant de s'adapter au fil du temps aux besoins des clients, des pépiniéristes... mais aussi en fonction de la concurrence étrangère qui progresse (lire article ci-dessous). Son « modèle » se veut donc « évolutif ». L'association se veut aussi légère, agile et indépendante pour ne pas « mélanger les genres » avec le rôle syndical de la FFPV. « Plus il y aura d'adhérents utilisant cette marque collective, plus les tarifs seront à la baisse », a détaillé Giovanni Varelli, en présentant les premiers montants d'adhésion (mono, double et triple activité ; pépiniériste-producteur-négoce). L'association se veut « autosuffisante » et ne demande pas de subventions publiques, même si elle a obtenu l'appui de FranceAgriMer et du Cniv (interprofessions viticoles) pour monter ce projet. D'ores et déjà, les principaux pépiniéristes français se sont engagés dans la démarche (minimum 30 % de leurs ventes sous certification) pour assurer le premier « budget », réaliser une promotion nationale et internationale. L'objectif est d'enregistrer au moins 240 adhésions – acceptées après vote du conseil d'administration – dès 2019.
Des plants français "d'excellence"
Pour certifier l'origine et le respect du cahier des charges, l'association fera appel au cabinet indépendant Véritas pour les contrôles (vignes et ateliers). La marque repose sur deux grands piliers : des porte-greffes et des greffons produits en France et issus de la sélection française. « On veut aller vers des plants de vigne d'excellence, avéré spar des procédés techniques sans faille et contrôlés », a indiqué Pierre-Marie Guillaume, président de la fédération Centre-Est. Notamment, la prospection sanitaire pour éviter la propagation de maladies, toujours plus « menaçantes » et nombreuses (flavescence dorée,
Xylella...). Siégeant eux aussi au conseil d'administration de la marque collective, les sélectionneurs français espèrent ainsi se renforcer indirectement. « Avec 180 conservatoires et plus de 20 000 clones, nous voulons préserver et développer cette extraordinaire biodiversité », a encouragé Jean-Pierre Van Ruyskensvelde, directeur général de l'Institut français de la vigne et du vin (IFV). « La marque va servir l'ensemble des partenaires : IVF et chambres d'agriculture », a précisé encore Bernard Artigue, vice-président de l'APCA et vigneron bordelais. « La qualité de notre matériel végétal en France est un atout. Dans le cahier des charges de la marque, le matériel végétal ne sera issu que de matériel de sélection française. Nous avons confiance dans la sélection clonage et on connaît le sérieux de la création variétale en France », a rappelé Marie-Catherine Dufour, directrice régionale de l'IFV d'Aquitaine. Un plus donc pour la marque Entav-Inra.
Valoriser dès 2019-2020
Si des plants en pot sous marque doivent être disponibles dès 2019, « le gros des volumes » livrés chez les vignerons devrait plus probablement commencer à être planté en 2020. En 2019, une campagne de communication (site web, réseaux sociaux, film, flyers, goodies...) va « faire rayonner la marque » auprès de la viticulture pour faire valoir ses atouts. « Les viticulteurs vont être surpris de savoir tout ce qu'on fait déjà. Avec la marque, nous allons au-delà des exigences réglementaires et sanitaires », s'est réjoui David Amblevert, pour l'image et l'attractivité du métier (lire aussi ci-dessous). Ce matériel végétal devrait être « valorisé 3 à 5 % en plus du prix du plant. Mais c'est à chaque pépiniériste de faire en fonction de soi, sa clientèle et du collectif », a conseillé et conclu Giovanni Varelli. Un autre « gros chantier » est déjà lancé, celui de l'environnement pour valoriser ce qui reste actuellement des « déchets » souvent brûlés (combustible pour les hauts fourneaux, ensilage, agents de biocontrôles grâce aux tanins contenus dans les bois...).
Cédric Michelin
Plants de vigne / La France reprend sa place de leader mondial
« C’est confirmé cette année, la France reprend sa place de leader mondial », avec 232 millions de plants mis en œuvre, chiffre stable (- 1 % par rapport à 2017), mais avec une Italie en repli qui avait connu le boom du prosecco (avec l’aperitivo Spritz). Reste qu’en huit ans, la production de plants a augmenté de 23 % en France. Par rapport à 2017, notre pays connaît une forte diminution des plants en pot (- 19 %) mais une augmentation de plants reportés (+ 9 %).En 2018, la filière française de la pépinière viticole compte 968 professionnels inscrits au contrôle des bois et plants de vigne (contre 960 en 2017), dont 562 producteurs de plants (contre 523 en 2017, en hausse de 7 %). Le parc de vignes-mères est lui en légère croissance (3 764 ha inscrites en 2018 ; + 1,4 % par rapport à 2017) avec 95 % des surfaces produisant du matériel certifié. Les vignes-mères inscrites au compte des professionnels sont principalement localisées en Paca, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine.
Continuer à progresser
La France se distingue par un renouvellement du matériel végétal important. Côté vignes-mères de porte-greffes (2 259 ha), 55 % des surfaces plantées ont moins de 16 ans. Côté vignes-mères de greffons (1 504 ha), 60 % des surfaces plantées ont moins de 16 ans et 29 % ont entre 15 et 25 ans.
Vice-président de la FFPV et en charge du dossier exportation, Miguel Mercier s’est félicité de voir la filière française « réussir et progresser » à l’internationnal, Europe et pays tiers, notamment en Russie et Argentine ou plus récemment en Ouzbékistan et peut-être demain au Japon ou au Maroc. Pas d’excès de confiance néanmoins, « on est loin de 2005 et nos 50 millions d’euros de chiffre d’affaires » puisque 2018 avoisinera 20 M€. « Un très bon chiffre qui devrait être battu en 2019 ». La FFPV compte s’appuyer sur la marque France pour continuer de progresser. Dans le même temps, les importations de plants et de boutures (en volume et en valeur) sont eux aussi en hausse. En 2017, la France a importé 312 tonnes de boutures. « Nous notons un quasi-doublement des importations de boutures en volume et en valeur en deux ans. La France importe principalement ses boutures d’Espagne, d’Italie et de Slovénie », a fait remarquer Léonor Hugot de FranceAgriMer.