Trop souvent, sur les étals des marchés de Provence, les produits oléicoles (olives et huiles d'olive) n'ont souvent de « Provence » que l'image. Les consommateurs, peu informés, se font ainsi berner par de beaux discours en croyant acheter une huile d'olive « du pays » à un prix intéressant. Or le plus souvent, ils achètent une huile d'olive importée à bas prix et revendue au prix fort ! Voilà en substance ce qu'ont expliqué aux touristes les oléiculteurs et mouliniers des Baronnies sur le marché de Buis, le 5 août. Comme chaque été depuis cinq ans, en lien avec l'Afidol(1), ils ont participé à l'une des opérations « L'origine n'a pas de prix » sur plusieurs marchés du sud de la France.
Une opération bien accueillie
Un stand aux couleurs des « Huiles d'olive du Midi de la France » a permis d'expliquer aux visiteurs comment choisir une huile d'olive et l'importance de l'étiquetage qui doit, désormais, obligatoirement préciser son origine, le lieu de récolte des olives et le lieu d'extraction de l'huile.
Une dégustation d'affinade(2), d'huile d'olive et d'olives noires de Nyons a été également proposée, permettant d'échanger sur les produits, de répondre aux questions des visiteurs mais également de faire découvrir la richesse aromatique des différentes huiles d'olive du Midi de la France. Une opération bien accueillie par les visiteurs nombreux et de toutes nationalités comme par les oléiculteurs et mouliniers parmi lesquels Patrick Floret, président du syndicat interprofessionnel de défense et de gestion de l'olive de Nyons, qui a répondu à nos questions (voir ci-dessous).
A. B.
(1) Afidol : association française interprofessionnelle de l'olive.
(2) Affinade : préparation à base de pulpe d'olives noires de Nyons (90 %) et d'huile d'olive de Nyons (10 %).
En savoir plus /Comment est étiquetée l'origine des huiles d'olive ?Depuis le 1er juillet 2009, la mention de l'origine est obligatoire dans l'étiquetage pour toutes les huiles d'olive vierges ou vierges extra commercialisées dans l'Union européenne (UE). La mention « huile d'olive de France » (ou « origine France », « produit de France ») garantit une huile 100 % française : olives récoltées en France et huile extraite dans un moulin français.La mention « appellation d'origine protégée » (AOP ou AOC) et son logo garantissent une huile d'olive issue d'un terroir particulier allié à un savoir-faire et à des variétés traditionnels.La mention « origine UE » indique que l'huile d'olive est issue d'un ou plusieurs pays de l'Union européenne (Espagne, Italie...).Quant à la mention « origine UE et non UE », elle indique que l'huile d'olive est issue de pays de l'Union européenne et de pays tiers (Tunisie, etc.).A noter, l'adresse mentionnée sur l'étiquette donne seulement une indication sur le responsable de la commercialisation. Elle n'est en aucun cas une indication de l'origine de l'huile d'olive.
Interview / Trois questions à Patrick Floret, président du syndicat interprofessionnel de défense et de gestion de l'olive de Nyons.
« On se dirige vers une belle récolte »
Pourquoi l'étiquetage de l'origine de l'huile d'olive achetée par le consommateur sur les marchés est-il si important ?
Patrick Floret : « Les vergers oléicoles français se distinguent par une petite production de qualité. Les huiles d'olive françaises répondent à des cahiers des charges très stricts qui nécessitent main-d'œuvre et savoir-faire. Ces conditions de production font que les huiles d'olive du Midi de la France sont considérées parmi les meilleures du monde. D'où l'importance d'afficher clairement cette origine nationale et régionale, dont la qualité justifie un prix plus élevé par rapport aux huiles d'origine extérieure (en provenance principalement d'Espagne et d'Italie) dont les coûts de fabrication sont moindres et la qualité inférieure. »
Quelles autres actions sont menées pour protéger cette spécificité ?
P. F. : « En dehors de notre présence sur les marchés estivaux du sud de la France, l'Afidol mandate une personne qui sillonne les marchés et commerces de détail afin de regarder ce qui se vend. En cas de doute, elle peut effectuer des prélèvements, qui seront suivis d'analyses en laboratoire de façon à s'assurer qu'il n'y a pas tromperie sur la marchandise. Ceci se fait en liaison avec les services de l'Etat qui circulent également sur les lieux de vente afin d'effectuer leurs propres contrôles pouvant déboucher sur des recommandations ou des sanctions. »
Comment se présente la prochaine récolte dans le Sud-Drôme ?
P. F. : « Sous les meilleures auspices, actuellement. Avec un été chaud et sec, les conditions sanitaires des vergers sont excellentes et la menace de la mouche, qui a fait tant de mal l'année dernière, est au plus bas. Les olives sont longues et grosses, augurant une production importante d'olives de bouche. On se dirige donc vers une belle récolte, probablement encore meilleure dans la vallée de Buis-les-Baronnies que dans le Nyonsais où elle s'annonce plus irrégulière. Elle sera la bienvenue car les stocks sont aujourd'hui au plus bas, tant en huile qu'en conserve. »
Propos recueillis par Alain Bosmans