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Elevage

L'usine à quatre vaches d'Amandine Goy

Amandine Goy expérimente à Eurre une mini-ferme baptisée « l'usine à quatre vaches ». Son point fort est la transformation d'un litre de lait en un litre de dessert.
L'usine à quatre vaches d'Amandine Goy

Chez les Compagnons de la terre, au sein de la pépinière agricole en place depuis 2011 sur la commune de Eurre, Amandine Goy teste la viabilité technique et économique de son projet. Elle a trouvé ici le cadre propice à l'expérimentation de son « usine à quatre vaches » (entièrement en bio), avec une activité de transformation du lait en une gamme de desserts lactés qu'elle développe progressivement. Sa motivation est à la hauteur de ses espérances.
Amandine n'est pas issue du milieu agricole et son parcours n'était pas tracé d'avance. La jeune femme, âgée de 34 ans, a commencé ses études par une école de commerce (avec une connotation développement durable et humain). Elle découvre l'agriculture et les questions d'environnement au Mexique dans le cadre d'un échange universitaire. Elle fait ensuite son stage de fin d'études en maraîchage bio et choisit comme sujet de son mémoire : « un outil de comptabilité analytique pour l'exploitation ».

Coup de foudre pour les vaches laitières

Elle trouve ensuite un poste de responsable administrative et financière dans une association de développement agricole, à Lyon. Elle confie : « Au bout de cinq ans d'ordinateur, j'en ai eu assez. Je n'avais pas beaucoup de liens avec les paysans. J'ai pris un congé sans solde et suis allée chez un ami qui avait des vaches laitières en Bretagne. Ca a été le coup de foudre... ». Elle fait alors du woofing(1) en Bretagne et Pays de Loire et l'idée de reconversion s'impose. Elle s'inscrit en lycée agricole et prépare, en Mayenne, un brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole (BPREA).
Désireuse de ne pas s'installer immédiatement, elle s'intéresse aux fromages à pâte pressée chez plusieurs producteurs, en Savoie en particulier. « J'ai fait un crochet dans le Diois, c'est là qu'on m'a branché sur les Compagnons de la terre, explique Amandine. J'ai pris la suite de Justine qui avait testé ici l'élevage ovin avec une ébauche de fromagerie et partait s'installer dans l'Aude. »
Comme tous les candidats à l'installation, elle peut bénéficier du cadre de la pépinière (celle-ci est soutenue par la communauté de communes du Val de Drôme) durant trois ans. « Cela me laisse une marge de manœuvre pour chercher un lieu et tester l'installation. L'intérêt, c'est aussi de me faire un réseau, c'est comme ça que j'aurai accès à des terres. J'ai quelques pistes dans le Vercors », déclare-t-elle, avant d'ajouter : « Pour moi, le défi de l'élevage, c'est tous les jours. »
Amandine a dû trouver, sans aucune aide, 40 000 euros. « Mon prévisionnel indique que c'est viable, indique-t-elle. Mon point fort, c'est la transformation d'un litre de lait en un litre de dessert, alors qu'il faut un litre pour fabriquer 100 grammes de fromage. C'est une des clefs, d'autant que personne n'en fait », assure-t-elle. Elle ne trait que deux vaches sur quatre et conserve donc un potentiel. « C'est une super marge de manœuvre », note-t-elle.

Des flancs et bientôt des petits suisses

La jeune femme, qui utilise des œufs de Val d'Eurre, vend ses flans, ses crèmes et autres gourmandises dans trois magasins de producteurs et deux épiceries, ainsi qu'en vente directe, à la boutique des Compagnons, au marché de Valence et à l'Amap(2) de Crest.
Elle fait également des essais d'affinage jusqu'au stade saint marcellin. Elle va essayer de proposer du fromage frais à tartiner à l'ail et aux fines herbes, des petits suisses et des petits fromages pour l'apéritif. « Il faut jouer sur des produits qui n'existent pas », conclut-elle. 

Elisabeth Voreppe
(1) : Woofing : travail bénévole dans une ferme.
(2) Amap = association pour le maintien d'une agriculture paysanne.

 

Montage du projet : un financement participatif

Pour démarrer, Amandine a acheté quatre vaches déjà pleines, de trois races différentes : une tarine, deux jersiaises et une simmental, ainsi que deux cochons qu'elle nourrit avec le petit lait et les « ratés » de production. Un âne et un chien complètent la « mini-ferme ». Elle dispose de deux hectares et de 5 000 mètres carrés de pâturages. Elle a investi aussi dans du matériel et un caisson qu'elle emmènera, de même que dans un taureau jersiais pour la reproduction.
Avec la machine à traire et le frigo, l'aménagement des parcs et prairies, l'investissement global est de 30 000 euros auxquels il faut ajouter 10 000 euros de charges.
25 000 euros proviennent d'un financement participatif, 5 000 d'un prêt d'un organisme de micro-finance (Adie), 7 500 d'un prêt amical et 2 500 d'un club d'investissement à Romans (Cigales). Elle travaille en monotraite, le matin. Les veaux restent sous la mère jusqu'à l'abattoir. Ses vaches, nourries d'un mélange de graminées et légumineuses, produisent sept litres en moyenne par jour.