L’utilité du salon Tech&Bio convainc le ministre Marc Fesneau
Au salon Tech&Bio, la visite de Marc Fesneau, ministre chargé des Relations avec le Parlement, a permis à la profession agricole d’échanger sur des dossiers d’actualité et de mettre en avant des initiatives locales.

La venue du ministre de l’Agriculture, c’est presque une tradition pour les organisateurs de Tech&Bio. Mais cette année, pour la huitième édition du salon, l’actuel locataire de la rue de Varenne, Julien Denormandie, était retenu au Sénat pour défendre sa proposition de loi Egalim 2 destinée à améliorer la rémunération des agriculteurs. Cependant, un autre ministre est venu, en l’occurence Marc Fesneau, chargé des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne. Arrivé à Bourg-lès-Valence le mercredi 22 au soir, il en est reparti le lendemain matin. Un laps de temps au cours duquel cet ancien chef de service de la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher a dialogué avec la profession agricole et visité le salon en fin connaisseur.
Accès à l’eau, ZNT, calamités, foncier, bio
Juste avant sa visite de Tech&Bio, Marc Fesneau, ministre chargé des Relations avec le Parlement, a échangé avec des responsables agricoles sur plusieurs dossiers d’actualité.
« Comme il s’agit du ministre en lien avec le Parlement, nous avons évoqué plusieurs dossiers actuellement en débat à l’Assemblée nationale et au Sénat », explique Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme. Lors d’un petit-déjeuner organisé à huis-clos sur le site de Tech&Bio le 23 septembre, ont ainsi été abordés le Varenne de l'eau et du changement climatique, les comptes Casdar(1) (fonds national pour le développement agricole), l’agriculture biologique (son financement et développement, sa représentation). « Nous avons aussi évoqué le dossier des ZNT(2) en demandant qu’elles soient acceptables et applicables pour les agriculteurs, sachant qu’en Drôme quasiment chaque parcelle est bordée par une habitation », fait remarquer Jean-Pierre Royannez. La « charte de dialogue » signée en 2019 dans la Drôme a été mise en avant. « Nous avons indiqué au ministre qu’en deux ans, grâce à cette charte, nous n’avons eu qu’un seul conflit et qu’il a été réglé », précise-t-il. Parmi les autres points évoqués, la réforme des systèmes de protection contre les aléas climatiques et la consommation foncière. « L’écoute du ministre a été constructive et nous savons qu’il est en bonne entente avec Julien Denormandie, ce qui est un point positif », considère Jean-Pierre Royannez.
Méthanisation : « du retard par excès de normes »
La visite du salon Tech&Bio s’est faite au pas de charge. Guidé par le président de la chambre d’agriculture, le ministre s’est arrêté sur plusieurs pôles, à commencer par celui des Ppam. Alain Aubanel, président du CIHEF(3), a notamment pointé un projet de directive européenne inquiétant pour les huiles essentielles. « C’est une filière avec un fort potentiel de développement et nous serons vigilants », a rassuré Marc Fesneau. Sur le village du biocontrôle, la présidente d’IBMA(4) a mis en avant un secteur en plein développement et fait part d’une « grosse » attente en matière de reconnaissance du biocontrôle à l’échelle européenne.
Lors d’une visite du salon au pas de charge, le ministre s’est arrêté sur plusieurs pôles, à commencer par celui des Ppam. ©AD26-CL
Sur le pôle des énergies renouvelables, Thierry Mommée, élu chambre d’agriculture, a prôné la méthanisation agricole, « à condition que les projets se fassent pour l’agriculture et pas en opposition ». L’Ademe(5), elle, a évoqué une charte en faveur de la méthanisation (quatre sites en service en Drôme et une quinzaine en développement). « On avait beaucoup de retard en France sur la méthanisation, sans doute par excès de normes, a reconnu Marc Fesneau. On a besoin de ces projets d’intérêt général et collectif mais il faut aussi un dialogue territorial pour éviter les conflits de voisinage. »
« Avancer sur un modèle économique qui s’invente »
Sur le stand de l’Itab(6), les techniques de gestion des sols et leur fertilité ont été encouragées. Plus loin, la Ceinture verte - qui consiste à installer clé en main des maraîchers - a été présentée au ministre. « Pour relocaliser 10 % de la consommation de légumes frais autour d’une agglomération comme celle de Valence Romans, on va avoir besoin de créer entre 50 et 100 exploitations maraîchères de deux à trois hectares. Et pour qu’une ferme de ce type soit rentable, on a besoin d’investir environ 150 000 euros », a expliqué l’un des fondateurs de La Ceinture verte. « Vous avez raison d’avancer sur un modèle économique qui s’invente », a fait remarquer le ministre. « C’est un système que l’on souhaite prôner auprès d’un maximum de collectivités drômoises », a ajouté Jean-Pierre Royannez.
« Vous avez raison d’avancer sur un modèle économique qui s’invente », a fait remarquer le ministre au fondateur de La ceinture verte. ©AD26-CL
Devant un robot viticole, « nos chambres d’agriculture sont très présentes pour favoriser le passage à la viticulture bio », a expliqué ensuite Pierre Combat, vice-président de la chambre d’agriculture de la Drôme. Il a également évoqué les difficultés à recruter de la main-d’œuvre et la nécessité de faciliter administrativement le recours aux saisonniers étrangers.
« Booster la R&D »
Sur le pôle télédétection et agriculture de précision, le ministre a pu découvrir de nouvelles technologies et services (comme Sat’image pour ajuster la fertilisation). Arvalis-Institut du végétal a présenté, entre autres, des programmes de recherches autour de l’enjeu des couverts végétaux pour maintenir la fertilité des sols. Sur le pôle biodiversité, le directeur de la LPO Drôme-Ardèche a évoqué un partenariat « quasi unique en France » avec la chambre d’agriculture. « Ce dialogue est une bonne chose car ce n’est jamais facile de sortir de son rôle de militant », a réagi Marc Fesneau. Enfin, pour conclure ce parcours sur le site de Tech&Bio, Régis Aubenas, président de Fruits Plus, a pointé la nécessité d’un volet recherche et développement (R&D) conséquent. « Pour obtenir des vergers modernes répondant aux enjeux environnementaux et sociétaux ainsi qu’à la demande des clients pour plus de qualité, de proximité, de maturité, de goût, il faut booster la R&D. Or la puissance publique s’est désengagée ces dernières années. »
Régis Aubenas, président de Fruits Plus, a pointé la nécessité d’un volet recherche et développement (R&D) conséquent. ©AD26-CL
« Tech&Bio est un salon utile, a déclaré Marc Fesneau, car il permet aux agriculteurs conventionnels de prendre des initiatives et pour ceux engagés sur le chemin du bio de conforter leur expertise technique ».
Christophe Ledoux
(1) Casdar : Compte d'affection spécial au développement agricole et rural.
(2) ZNT : Zones de non traitement.
(3) CIHEF : Comité interprofessionnel des huiles essentielles françaises.
(4) IBMA : association française des entreprises de produits de biocontrôle.
(5) Ademe : Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.
(6) Itab : Institut de l'agriculture et de l'alimentation biologiques.
Marc Fesneau : « Préserver la capacité de production agricole »

A la sortie de sa rencontre avec la profession agricole, Marc Fesneau a mis en avant la volonté du gouvernement de poursuivre l’adaptation de l’agriculture aux grandes transitions climatiques et écologiques, en particulier avec les chambres d’agriculture. « Il est utile de rappeler que pour qu’il y ait de l’agriculture, il faut de l’eau », a dit le ministre, se montrant rassurant sur la volonté du gouvernement, avec le Varenne de l’eau, « de trouver les voies et moyens de l’accès à l’eau ». Sur l’enjeu foncier, « sans doute que la prise de conscience n’est pas assez importante sur le fait que l’on grignote en permanence des hectares de terres agricoles, a-t-il considéré. On a besoin de repenser notre façon de construire pour préserver la capacité de production agricole et celle de se nourrir. » Concernant la prédation, après que la profession agricole ait mis en évidence l’obsolescence de l’actuel plan loup (2018-2023), le ministre s’est montré compréhensif de la « détresse des éleveurs », estimant nécessaire des « actions pour limiter les populations » lupines. Enfin, à propos de la rémunération des agriculteurs, Marc Fesneau a reconnu que la loi Egalim votée en 2019 n’a pas « entièrement produit ses effets. Egalim 2 (en débat au Parlement – ndlr) devrait corriger cela. »