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sanitaire

La bactériose de l’abricotier en recrudescence

De nombreux producteurs ardéchois signalent une recrudescence de la bactériose de l’abricotier cette année. En l’absence de moyens de lutte réellement efficaces, ils se trouvent démunis.

La bactériose de l’abricotier  en recrudescence

«On en vient à se questionner sur l'avenir de nos abricotiers, et à envisager un arrachage de la quasi-totalité des parcelles ces prochaines années », confie Thierry Pral, arboriculteur à Arlebosc (07) depuis 1982. Son fils Samuel, installé depuis mars, vient de rejoindre l'exploitation, qui comprend une dizaine d'hectares d'abricots, majoritairement en bergeron. Et depuis deux ans, ceux-ci subissent une recrudescence de la bactériose, maladie redoutée qui avait déjà provoqué des ravages en 1996. « À l'époque, des vergers entiers avaient été arrachés, certaines exploitations abandonnées, se souvient Thierry Pral. Il poursuit : Nous avons toujours eu de la bactériose, provoquant en temps normal 3 à 5 % de pertes. Mais en 2018 déjà, nous avons subi une mortalité d'environ 10 % des arbres, et cette année, ce taux pourrait atteindre les 30 à 40 %. »
Sensibilité variétale
et aléas climatiques
Comme lui, de nombreux agriculteurs du secteur de Lamastre (07) sont touchés par une recrudescence de la maladie. « La sensibilité variétale joue beaucoup, le bergeron étant très peu résistant, indique Samuel Pral. Et cela malgré les techniques de conduite préventive que nous avons mises en place, en adoptant dans les années 2000 des porte-greffes rubira et des hauteurs de greffage entre 60 à 80 cm (lire encadré). Il est clair que si nous continuons à produire demain de l'abricot, il nous faudra peut-être opter pour d'autres variétés. » Son père, Thierry Pral, de compléter : « Nous sommes également dans des sols peu profonds, sur une arène granitique. Cela ne joue pas en notre faveur. »
Les conditions climatiques de la saison 2018-2019 sont également en cause dans le développement de la maladie : « Les arbres ont subi en quelques semaines une alternance de gel et de douceur, mais surtout de périodes sèches suivies d'humidité, responsables de stress hydrique important, explique Sophie Buléon, conseillère arboriculture à la chambre d'agriculture de l'Ardèche. Nous sommes face à une bactérie glaciogène, qui s'active avec le froid : les alternances de gels et de dégels peuvent donc contribuer au développement de la maladie. »
Des dégâts localisés
« Les vergers en bas fonds sont ceux qui présentent le plus fort taux de mortalité », explique l'exploitant. Les jeunes arbres ne résistent pas plus que les vieux vergers : sur une parcelle de 2011, qui devrait donner entre 25 et 30 t / ha, nous n'aurons quasiment aucune production. Il ajoute : « Avant, on comptait les arbres morts ; aujourd'hui, on compte les vivants. »
Si le secteur de Lamastre et une partie de la vallée de l'Eyrieux semblent en proie à un retour en force de la maladie, la plupart des secteurs arboricoles du département sont épargnés. « Pas plus de bactériose cette année que d'habitude », signale-t-on le long de la vallée du Rhône.

 

Les mesures préventives indispensables

Si aucune lutte curative n’est aujourd’hui disponible, des mesures de prévention peuvent permettre de limiter l’apparition et la propagation de la bactériose de l’abricotier.
Le choix de la localisation de la parcelle est un élément important, le froid et les gelées étant des facteurs dominants de prédisposition à la maladie. Les zones de bas fonds les plus froides sont donc peu appropriées pour installer ces vergers. La sensibilité est également différente selon le type de sol, aussi convient-il d’éviter de planter sur des sols acides, déficients en calcium et à texture grossière.
Il est également important de bien choisir son matériel végétal et porte-greffe, autant pour leur adaptabilité au sol que pour leur comportement face à la bactériose. Ainsi, le porte-greffe Rubira et le greffage à partir de 60 cm, voire 1 m dans des zones très sensibles, sont recommandés. Il faut cependant être vigilant à ne pas engendrer une insuffisance de vigueur, notamment sur des sols peu poussants, avec un greffage trop haut. Par ailleurs, certaines variétés s’avèrent plus sensibles que d’autres (voir tableau ci-contre).
Concernant la taille, il est conseillé de limiter au maximum les interventions dans les premières années après la plantation, d’octobre à février notamment, période où les risques d’attaque sont les plus forts.
Une irrigation régulière
L’arbre étant plus sujet à la bactériose lorsqu’il subit des phénomènes de stress hydrique, la pratique d’une irrigation et d’une fertilisation raisonnées et régulières sont nécessaires. Les excès d’apports azotés sont à bannir, de même que les carences en phosphore, potassium et calcium.
Les gels étant plus importants sur les hautes couvertures végétales, il convient de bien maîtriser l’enherbement du rang et de l’inter-rang. La pratique du badigeonnage, notamment en automne, peut s’avérer efficace en matière préventive.

Variétés très sensibles
Bergeron Tardif de Tain cov
Bergarouge® Avirine
Bergecot cov
Tardirouge® Revlar cov
Boucheran® 2734
Zebra® Priboto 4179
Early Blush® Rutbhart (cov)
Harrowred cov
Harogem
Soledane cov
Sylred cov
Spring Blush® cov
Variétés peu sensibles
Hargrand
Florilège cov
Orangered® Bhart (cov)
PinkCot® copty (cov)
SweetCot® toyuda (cov)