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Agriculture biologique

« La bio a un avenir dans la Drôme »

Le label bio a fêté ses 40 ans jeudi 22 mai. L’occasion de rappeler l’engagement de la Drôme, considérée comme pionnière, dans ce mode de production.

« La bio a un avenir dans la Drôme »
©X.Remongin
« Depuis plusieurs années, nous observons une croissance sans pallier. Il y a parfois besoin de temps pour que tout se stabilise », estime Christel Nayet, référente agriculture biologique à la chambre d’agriculture de la Drôme.

Créé en 1985 par le ministère de l’Agriculture, le label agriculture biologique se base sur la non-utilisation de produits issus de la chimie de synthèse. En France, il regrouperait 61 163 fermes fin 2023, soit 14 % des fermes et 16 % de l’emploi agricole selon l’Agence bio, chargée depuis 2001 d’assurer la promotion de l'agriculture biologique en France. Dans la Drôme, la bio représente toujours un agriculteur sur trois, soit près de 1 800 exploitations agricoles dont une partie en conversion. 

Des aides et des accompagnements

L’Agence bio, qui dépend du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et du ministère de la Transition écologique, a essuyé quelques revers ces derniers mois. Des rumeurs de suppression en janvier à, plus récemment, la décision de suppression des 5 millions d’euros alloués à ses campagnes de communication et la réduction de 10 millions d’euros de la dotation du fonds Avenir bio. À l’occasion des 40 ans du label, le 22 mai, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a assuré poursuivre « son soutien indéfectible aux producteurs engagés dans l’agriculture biologique : à travers l’Écorégime, le crédit d’impôt bio et l’aide à la conversion à l’agriculture biologique, les enveloppes dédiées directement et exclusivement aux agriculteurs biologiques étant programmées à près de 700 millions d’euros, par le biais des aides dédiées au plan stratégique national et par des dispositifs fiscaux ciblés sur l’agriculture biologique ». 

« La bio avance en escaliers. Depuis plusieurs années, nous observons une croissance sans pallier. Il y a parfois besoin de temps pour que tout se stabilise. » 

Du côté de la Drôme, voilà près de trente ans que Christel Nayet, référente en agriculture biologique à la chambre d’agriculture départementale, travaille sur cette méthode de production. « La bio avance en escaliers. Depuis plusieurs années, nous observons une croissance sans pallier. Il y a parfois besoin de temps pour que tout se stabilise. La bio a un avenir dans la Drôme », estime la référente. Elle met en avant la force du réseau drômois et l’échange entre les différents partenaires pour faire évoluer cette méthode de production. « La chambre d’agriculture propose un accompagnement avant, pendant et après conversion, des journée techniques, des accompagnements autour de l’installation, la transformation et la valorisation des produits, mais mène aussi des expérimentations pour répondre aux besoins des producteurs bio », rappelle-t-elle.

Par le biais de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, les producteurs bio peuvent demander une aide financière pour leur communication jusqu’au 31 août. « L’enveloppe destinée aux conversions n’étant pas intégralement consommée, elle a été réutilisée pour la promotion », ajoute Christel Nayet.

La Drôme reste pionnière

Historiquement, la bio est très implantée dans le département. La chambre agriculture de la Drôme serait l’une une des premières instances a avoir embauché un technicien dédié. Christel Nayet fait notamment référence à Olivier Durand, qui fut conseiller bio dans le Diois dans les années 1990. La diversité des productions reste la force de l’agriculture drômoise, y compris en bio.

« Cette diversité nous permet de couvrir tous le territoire. Mais, produire c’est une chose, avoir des maillons s’en est une autre. C’est une des forces que nous avons. Dans la vallée de la Drôme, en blé par exemple, nous avons des producteurs de semences, des producteurs de blé, des meuniers et des boulangers. De même pour l’élevage avec des fabricants d’aliments, des abattoirs, des ateliers de découpe et de transformation…, énumère la référente. Récemment, nous avons observé quelques déconversions pour raisons économiques, cela représente au moins une trentaine d’arrêts par an. Toutefois, il y a toujours des nouveaux qui arrivent. La balance entre ceux qui arrêtent et ceux qui arrivent est légèrement négative. Beaucoup de producteurs se posent des questions mais nous sentons que la dynamique repart même si cela ne se ressent pas encore forcément sur les fermes ».  

Ils ont dit...

 

Olivier Amrane, vice-président à la Région Aura. ©ME-AD26

« Ce qui a été fait au niveau du bio, surtout dans la Drôme, c’est exemplaire. Aujourd’hui, beaucoup de nos agriculteurs qui veulent faire du bio passent par la Drôme pour se rendre compte des belles initiatives. (…) Nous avons les agriculteurs les plus vertueux au monde. Arrêtons de leur donner des normes supplémentaires, d’interdire des produits, je fais référence à la proposition de la loi Duplomb. Il n’y a pas d’interdiction sans solution. Si on arrête certains produits, tout va tomber par terre. (…) C’est une immense fierté d’être la première région de France en termes de budget agricole (130 millions d’euros) avec aussi une dotation jeune agriculteur des plus attractives de France et d’avoir tous ces plans filières », a déclaré Olivier Amrane, vice-président à la Région, en charge de l’agriculture lors de son passage dans la Drôme jeudi 22 mai.

Marie Pochon, députée de la Drôme. ©ME-AD26


« Je suis forcement inquiète en ces 40 ans du label bio. Je vois bien les attaques frontales qui sont faites à l’agriculture biologique et aux agriculteurs et agricultrices qui ont investi dans leur production et dans cette démarche. Nous sommes dans un département avec plus de 30 % des surfaces agricoles utiles en bio. C’est une immense fierté. Nous pouvons être fiers du rôle pionnier que la Drôme a su jouer et je crois que nous avons encore un rôle à jouer. C’est aussi la raison pour laquelle, à partir de lundi, je continuerai mon combat à l’Assemblée nationale contre la proposition de loi Duplomb », a de son côté affirmé Marie Pochon, députée drômoise. 

Sandrine Roussin, présidente FDSEA 26. ©ArchivesAD26


« Depuis les mobilisations agricoles de 2024, le monde agricole attend des actes forts, à la hauteur des difficultés que nous vivons sur le terrain. La proposition de loi portée par le sénateur Laurent Duplomb, adoptée au Sénat, allait dans ce sens : lever les contraintes qui entravent l’exercice de notre métier. Or, lors de l’examen de ce texte les 6 et 7 mai 2025 par la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, dont vous êtes pleinement membre, vous avez pris part aux votes et êtes donc solidaire des suppressions majeures de cette commission (…).  Vous ne pouvez pas dire publiquement défendre notre agriculture, puis voter contre les mesures concrètes qui visent justement à la protéger. C’est un non-sens pour notre agriculture, nos agricultrices et agriculteurs (…). Ce projet de loi est donc crucial pour notre département et ses exploitations, qui doivent faire face à des défis majeurs », ont indiqué les représentants de la FDSEA et des JA de la Drôme dans un courrier adressé à Marie Pochon.

Tech&Bio, un événement au service du bio

Cette année, le salon ets organisée pour la dixième fois. ©CL-AD26

L’engagement de la chambre d’agriculture de la Drôme en faveur des cultures bio s’incarne à travers l’événement Tech&Bio qui aura lieu cette année, pour sa dixième édition, les 24 et 25 septembre à Bourg-lès-Valence. Pour rappel, la manifestation rassemble près de 375 exposants, 100 démonstrations, 70 conférences et quelque 20 000 visiteurs tous les deux ans.

EN CHIFFRES : La bio dans la Drôme

  • 1 800 exploitations en bio ou en conversion.
  • 1 producteur sur 3 est en bio.
  • 44 arrêts du bio sur les 120 arrêts totaux d’activité.