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Coopérative vinicole

La Cave de Saint Pantaléon se veut proactive

Le point sur l'activité de la Cave de Saint-Pantaléon-les-Vignes avec son président, Jean-François Julian, et sa vision de l'avenir.
La Cave de Saint Pantaléon se veut proactive

Jean-François Julian, quel bilan dressez-vous des récoltes 2015 et 2016 de la Cave de Saint-Pantaléon-les-Vignes ?

Jean-François Julian : « 2015 est un millésime moyen par sa quantité mais grand par sa qualité. 90 % des apports livrés à la coopérative ont bénéficié des deux plus hautes notations aux quais. Il s'agit du meilleur résultat obtenu depuis 2004, date à laquelle la cave a adopté cette notation qualifiante. Le volume brut vinifié s'est élevé à 41 213 hectolitres en 2015 et à 49 060 en 2016. Pour le millésime 2015, la cave a été récompensée par 26 médailles et distinctions. 55 % de nos vins sont vendus via l'Union des vignerons des côtes-du-rhône (le Cellier des Dauphins). Nos autres débouchés sont le négoce (25 %) et notre société commerciale, l'EURL les Vignerons de Valléon (20 %). Amorcée depuis la récolte 2011, la courbe ascendante des prix se maintient. »

D'après vous, quelles sont les forces et faiblesses de votre coopérative ?

J-F. J. : « Nous disposons d'un outil technique évolutif, adapté au marché et d'une équipe salariale motivée, capable, bien formée. Nous avons aussi un terroir d'excellence ainsi qu'une union commerciale puissante, le Cellier des Dauphins. Et le règlement de la récolte aux adhérents est supérieur à celui de la concurrence privée. Mais notre coopérative est de taille intermédiaire, avec une production de l'ordre de 45 000 hectolitres par an. Les investissements de ces dernières années (près de trois millions d'euros) sont lourds. Ils représentent 270 000 euros d'amortissement par an, soit l'équivalent de 6 euros par hectolitre. En plus, cette année, nous devons mettre nos locaux aux normes d'accessibilité pour tous. Nous avons aussi en projet de moderniser nos caveaux. En termes d'œnotourisme, nous avons également des idées mais pour plus tard. Notre cave doit, en outre, être vigilante sur sa pyramide d'âge. La moyenne d'âge des salariés est de 50 ans, des transitions sur des postes-clés sont donc à anticiper. Et les sociétaires ont en moyenne 57 ans (la médiane se situe à 55 ans). »

Avez-vous des craintes venant de l'extérieur ?

Jean-François Julian, le président de la Cave de Saint Pantaléon.

J-F. J. : « Je vois une menace dans la dispersion de la production vers des vinificateurs privés (des acheteurs de raisins). Mais je n'ai pas de craintes vis-à-vis des caves particulières installées sur notre territoire. Avec elles, nous marchons dans le même sens pour valoriser le terroir et le produit. Par exemple, nous organisons ensemble "Rousset sous les étoiles" (le 27 juillet, cette année), une soirée alliant mets, vins et culture. Sont aussi sources d'inquiétude le tassement du marché national après trois ans de croissance, les problèmes internationaux, la fermeture de frontières et le Brexit car un tiers des côtes-du-rhône, notamment ceux du Cellier des Dauphins, sont exportés. »

Qu'envisagez-vous pour l'avenir ?

J-F. J. : « Nous devons ancrer nos procédés de culture et de vinification à un label qualitatif pour rassurer le consommateur qui veut agir sur son environnement et qui, par son acte d'achat, devient un "consom'acteur". La démarche "vignerons en développement durable" est une réponse à cette attente. Elle offre un avantage concurrentiel et un levier pour créer de la valeur. Mais elle demande des efforts car la production, les traitements doivent être raisonnés, c'est plus compliqué et plus risqué. Par ailleurs, le projet territorial de mobilisation des eaux du Rhône me paraît intéressant pour irriguer dans le Sud-Drôme. Les vignes n'ont pas besoin de beaucoup d'eau mais il leur en faut de temps en temps.
Face notre fragilité sociétale, nous entendons être proactifs, "facilitateurs" de transmission d'exploitations. Nous sommes porteurs de solutions, surtout au niveau des trésoreries et des garanties auprès des banques. Concernant la taille critique de notre cave, notre volonté est de créer des alliances et des synergies avec les coopératives vinicoles les plus proches territorialement de la nôtre, réunies au sein du Cellier des Dauphins. Nous sommes déjà en discussion avec celles de Valréas, Nyons et Puyméras. Travaillons à ce qui nous rassemble et évitons ce qui nous divise. Le groupe est toujours meilleur que le meilleur du groupe. »

Propos recueillis par Annie Laurie