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Initiative

La cave de Vogüé mise sur le cépage vermentino

La cave coopérative de Vogüé plante un nouveau cépage pour remplacer le sauvignon blanc, trop sujet aux maladies et parasites. Les premières plantations ont eu lieu le 16 mars, à Rochecolombe (07).
La cave de Vogüé mise sur le cépage vermentino

Le terroir ardéchois accueille depuis peu un cépage peu ou pas cultivé sous ses latitudes jusqu'à présent : le vermentino, aussi appelé rolle. Ce cépage blanc très répandu en Italie, Sardaigne et Corse, remonte peu à peu les rives de la Méditerranée. On le trouve en Provence, Languedoc, dans le Luberon.... et désormais en Sud-Ardèche. Les secrets de son succès se trouvent dans sa bonne résistance aux maladies et dans son bouquet aromatique.
Mais ce n'est pas de gaieté de cœur que la quarantaine de viticulteurs membres de la cave de Vogüé a choisi de se tourner vers le vermentino. « Nous cultivons du sauvignon blanc sur notre territoire pour son aspect aromatique. Mais le problème, c'est que ce cépage meurt précocement à cause des champignons et maladies », explique Patrice Raoux, trésorier de la cave de Vogüé et à la tête d'une exploitation d'une trentaine d'hectares à Rochecolombe. Selon le viticulteur, la durée de vie du sauvignon blanc est de 17 à 20 ans, contre 30 à 40 ans pour une vigne « normale ».

Patrice Raoux a planté du Vermentino sur 1,75 ha.
« On en arrache tous les ans car on a planté ce cépage il y a 20 ans, se désole Patrice Raoux. On regarde les vignes crever. » Le choix a donc été fait de rechercher un nouveau cépage à planter, possédant des qualités gustatives intéressantes, comme le sauvignon blanc. Après avoir travaillé avec des pépiniéristes, le vermentino s'est imposé : « Il peut répondre à nos attentes ».

20 hectares sur cinq ans

Deux hectares de vermentino ont été plantés cette année, dont 1,75 ha sur les terres de Patrice Raoux. Au total, ce sont 8 000 pieds de vigne que le viticulteur a mis en terre le 16 mars, après fumure de fond, défonçage, passage du rotovator pour briser les mottes puis d'une herse rotative pour finaliser le chantier. L'objectif de la cave est de planter 20 ha sur les cinq prochaines années pour une production annuelle estimée entre 1 600 à 1 800 hectolitres. Le territoire de la coopérative s'étend sur 500 ha, sur les communes de Saint-Germain, Vogüé, Rochecolombe, Lanas, Saint-Maurice-d'Ardèche et Balazuc.
Les zones de plantation doivent tenir compte des caractéristiques du cépage italien. Il arrive à maturité tardivement, il a donc besoin d'un climat chaud et d'une bonne exposition au soleil. Au niveau sanitaire, Patrice Raoux indique : « le vermentino peut être sensible au mildiou et à l'oïdium selon son implantation ; son principal souci est la pourriture ». En bouche, il peut parfois manquer d'acidité et dégage des notes de pomme fraîche, amande verte et aubépine. En Sud-Ardèche, on pourra découvrir ses résultats aromatiques d'ici trois ans, le temps que la vigne se développe. Le vermentino sera utilisé pour des assemblages, notamment avec le grenache blanc, plutôt neutre. « Le sauvignon blanc apportait l'arôme, le fruit, le parfum, de l'acidité ; on va voir ce que le vermentino va donner sur notre terroir... C'est l'aventure ! ».

Un pari risqué ? Oui et non

Ce programme de plantation de 20 ha d'un nouveau cépage nécessite un engagement fort des viticulteurs. « Il faut préparer le terrain, acheter les plants, les piquets et le fil de fer pour le palissage. » Le trésorier de la cave coopérative de Vogüé évalue cet investissement à hauteur de 10 000 à 15 000 euros par ha. « Suivant les cas, on peut avoir droit à des aides pour les plantations », précise-t-il. Agir en coopérative prend alors tout son sens. La cave de Vogüé est membre de l'Uvica (union des vignerons des coteaux de l'Ardèche). Via cette dernière, la coopérative de Vogüé paie le pépiniériste pour avancer les plants, qui seront remboursés par les viticulteurs une fois leurs subventions perçues.
Le pari que se lance la cave de Vogüé est-il risqué ? « Oui et non », répond le viticulteur de Rochecolombe. « Si le cépage ne répond pas à nos exigences, on arrivera toujours à en faire quelque chose si on le travaille comme il faut. » Dans le cas où le vermentino conviendrait au-delà des espérances, Patrice Raoux envisage de le vinifier en mono-cépage. Il pourrait également entrer dans la gamme « Ardèche par Nature ». Celle-ci, lancée en 2016, par les Vignerons Ardéchois est garante de pratiques respectueuses de l'environnement. 

Marie-Charlotte Laudier