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IGP saint-marcellin

La certification environnementale s’invite au programme

D’ici 2030, les cahiers des charges des produits sous signe de qualité et d’origine devront intégrer des critères environnementaux. Grâce à son haut niveau d’exigence, l’IGP saint-marcellin s’affiche sereine.
La certification environnementale  s’invite au programme

En 2030, les cahiers des charges des produits sous signe d'identification de qualité et d'origine (SIQO) devront inclure des critères de certification environnementale (1). Sous quelle forme  ? Rien n'est encore arrêté. Mais quelle que soit la production, le monde agricole va devoir s'y préparer. Tel est le message que voudrait faire passer le Comité pour le saint-marcellin IGP (CISM) lors des Assises du saint-marcellin le 11 mars prochain.

Opportunité

Lancée l'an dernier pour « fédérer les opérateurs de la filière » et « favoriser un sentiment d'appartenance à l'IGP », cette deuxième édition sera focalisée sur la haute valeur environnementale (HVE), label appelé à devenir monnaie courante. Epoque oblige. Pour les responsables du CISM, il s'agit d'envisager la certification environnementale comme une opportunité plutôt que comme une contrainte supplémentaire. « Aujourd'hui de nombreuses filières s'emparent des enjeux environnementaux, notamment en viticulture ou en arboriculture, fait observer Bruno Neyroud, éleveur à Varacieux (Isère) et président de l'interprofession IGP saint-marcellin (CISM). On nous demande que ce soit intégré dans les cahiers des charges. Je trouve la démarche intéressante, notamment en termes d'autonomie : on consomme localement ce qu'on produit localement. »
Si ces critères environnementaux suscitent parfois l'inquiétude, nombre d'agriculteurs ont bien conscience qu'il va falloir « en passer par là ». Dans les cours de ferme, les uns se montrent résignés, d'autres s'affichent proactifs. « Vu comme la société évolue, la demande d'une agriculture plus respectueuse de l'environnement est de plus en plus forte  : on ne va pas y couper  », estime Serge Arnaud, éleveur laitier et producteur de saint-marcellin à Miribel-les-Echelles. La perspective ne l'inquiète pourtant pas outre mesure  : « On peut avoir un système extensif, pas labellisé bio, qui corresponde aux attentes des consommateurs. »
Le 11 mars, le CISM entend rassurer ses troupes. « L'IGP saint-marcellin impose que 80 % de l'alimentation du troupeau soit issue de la zone, rappelle Bruno Neyroud. Pour nous, c'est la base du cahier des charges. » Le document a pu paraître contraignant au moment de l'obtention de l'IGP en 2013, mais il répond bien aux attentes de la société aujourd'hui, en termes d'environnement et de bien-être animal notamment. C'est ce qui devrait être démontré au cours des Assises, à grand renfort de témoignages et d'expertises, comme celle de Jean Charef, chargé de projet Environnement au Conseil national des appellations d'origine laitières (Cnaol).

Rien d'inaccessible

« Il va falloir modifier notre cahier des charges pour intégrer le contrôle de la HVE de notre production mais, concrètement, ce n'est pas inaccessible : la plupart des producteurs de saint-marcellin vont déjà dans ce sens », insiste Bruno Neyroud. Pour les autres, l'autonomie et le pâturage étant acquis (2), il restera à « travailler sur la biodiversité  ». Pas de quoi s'alarmer pour autant. Le pâturage pourrait d'ailleurs être un élément déclencheur. « Dans un contexte de changement climatique, la HVE peut être notre alliée, affirme le président de l'interprofession. Car planter des arbres et des haies pour favoriser la pousse de l'herbe et protéger nos bêtes qui sont obligées de pâturer en période de fortes chaleurs, c'est pris en compte dans les critères de certification environnementale. »
Durant les Assises, il sera également question de lien et de sentiment d'appartenance à l'IGP (carte de l'aire géographique de l'IGP saint-marcellin). Car malgré la notoriété du petit fromage et la plus-value qu'il apporte aux entreprises, rares sont les opérateurs qui revendiquent une « culture du saint-marcellin », à l'image des filières comté ou beaufort. « Beaucoup de producteurs travaillent pour la filière parce que ça paye mieux, pas parce qu'ils sont fiers de faire du saint-marcellin », constate Sylvie Colombier-Marion, chargée de mission au CISM. Pour l'interprofession, le virage de la certification environnementale pourrait être l'occasion de créer ce lien manquant, de fédérer la filière autour d'un chantier commun, en phase avec les attentes sociétales. « Mais il faut aussi arriver à vendre le produit à sa juste valeur », prend le soin de préciser Bruno Neyroud. Au cas où les distributeurs et les consommateurs, devenus si exigeants, seraient tentés de l'oublier. 

Marianne Boilève

(1) La certification environnementale du ministère comprend trois niveaux. Le troisième correspond à la haute valeur environnementale (HVE).
(2) Le cahier des charges précise qu'« au moins 80 % de la matière sèche de la ration totale doit être issue de la zone  » et que l'herbe « sous toutes ses formes » doit représenter
« au moins 50 % de la ration de base annuelle ».

 

A lire l'intégralité de notre cahier spécial saint-marcellin (4 pages)  de notre édition du 5 mars 2020