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Agriculture et environnement

La certification HVE gagne du terrain

La certification HVE valorise des efforts engagés sur une exploitation pour préserver l'environnement et la biodiversité. Preuve de son intérêt, bien qu'encore modeste, le nombre de certifications progresse et s'accélère même fortement ces derniers temps.
La certification HVE gagne du terrain

La certification HVE (haute valeur environnementale) est reconnue, portée et encadrée par les pouvoirs publics. Elle est issue du Grenelle de l'environnement. C'est le niveau le plus élevé de la certification environnementale des exploitations. Et elle certifie l'ensemble de l'exploitation. Cette démarche est volontaire et accessible à toutes les filières agricoles. Valoriser des pratiques respectueuses de l'environnement, répondre aux attentes sociétales en ce domaine, fédérer et rendre plus lisibles des démarches existantes (comme l'agriculture raisonnée, Terra Vitis, Vergers écoresponsables...), tels sont ses objectifs. Contrairement à l'agriculture biologique, la certification HVE est basée sur des obligations de résultats et non de moyens.

Quatre thématiques et trois niveaux

Pour pouvoir prétendre à la certification HVE, l'agriculteur doit s'engager à raisonner ses pratiques autour de quatre thématiques environnementales. Ce sont la protection de la biodiversité (présence d'infrastructures agroécologiques sur l'exploitation telles que des haies, lisières de bois, bosquets, bandes enherbées...), la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation azotée ainsi que de la ressource en eau (irrigation).
La certification HVE est une démarche progressive composée de trois niveaux. Le premier correspond au respect de la réglementation environnementale et à la réalisation par l'agriculteur d'une évaluation de son exploitation au regard des cahiers de charges des niveaux deux ou trois. C'est un prérequis pour accéder à ceux-ci. Le deuxième niveau repose sur des obligations de moyens pour raisonner les apports d'intrants et limiter les fuites dans le milieu. Le troisième s'appuie sur des obligations de résultats mesurés par des indicateurs de performances environnementales. Seul le niveau trois donne accès à la certification HVE et permet de communiquer avec le logo. Il doit être validé par un organisme certificateur agréé.

Quelque 2 300 exploitations certifiées

Le logo « Haute valeur environnementale », lancé en 2015 pour distinguer les produits issus d'exploitations certifiées.

Pionniers dans la démarche, les Vignerons indépendants ont obtenu du ministère de l'Agriculture le lancement d'un logo « Haute valeur environnementale », en 2015, pour distinguer les produits (bruts et transformés) issus d'exploitations certifiées. Au-delà de la viticulture, d'autres filières ont rejoint la démarche et le nombre d'exploitations certifiées HVE n'a cessé de croître. Au 1er juillet 2019 (selon les derniers chiffres disponibles du ministère), 2 272 exploitations étaient certifiées contre 1 518 au 1er janvier de la même année, soit 50 % de plus. La Drôme en comptait 21 en juillet dernier mais le nombre a dû doublé sur le deuxième semestre avec de nouvelles certifications intervenues après cette date. La viticulture domine avec 1 904 exploitations certifiées (soit plus de 80 %), suivie l'arboriculture (133), des grandes cultures (101), du maraîchage, de l'horticulture... Dans les filières animales, les bovins viande arrivent en tête (50 exploitations certifiées). En 2020, « les certifications sont en train d'exploser », de l'avis d'Isabelle Méjean, conseillère à la chambre d'agriculture de la Drôme. Il reste toutefois encore de la marge avant d'atteindre les objectifs ambitieux fixés par l'Etat dans son plan « biodiversité » : 15 000 exploitations certifiées HVE en 2022 et 50 000 en 2030.

Pourquoi s'engager dans la démarche ?

Pour l'agriculteur, la certification HVE peut être une condition pour avoir accès à un marché et valoriser ses productions, par exemple en arboriculture et viticulture. C'est aussi bon pour son image. Car c'est un moyen de communiquer sur des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement qui répondent à une attente croissante des consommateurs. Dans cette démarche, il y a une notion de protection intégrée : « les produits phytosanitaires en dernier recours ». Elle est d'autant plus importante avec le phénomène d'agribashing qui a cours actuellement. Mais ce ne sont pas les seuls intérêts. Ce sera en outre un moyen de se faciliter l'application de la réglementation à venir. Et aussi d'être exempté, à terme, du conseil stratégique qui sera mis en place en plus du Certiphyto, certificat indispensable pour l'achat de produits phytosanitaires à usage professionnel. Et encore d'avoir un accès facilité pour fournir la restauration collective.

 

Démarche HVE /
La chambre d'agriculture accompagne toutes les filières
Vous voulez valoriser vos pratiques respectueuses de l'environnement, participer à une démarche agroécologique, rendre parfaitement visibles vos pratiques de production vertueuses, répondre à la demande des consommateurs en faveur d'une alimentation à faibles impacts environnementaux ? Passez de l'hypothèse à la réalisation de votre projet en bénéficiant de toute la compétence HVE de la chambre d'agriculture de la Drôme. Obtenez les réponses à vos questions, appréciez les conseils objectifs de nos experts HVE, réalisez les démarches pour certifier votre exploitation sans écueil.
La chambre d'agriculture de la Drôme propose un accompagnement de la démarche HVE pour toutes les productions. Il est composé d'une formation Vivea (permettant entre autres la réalisation de votre autodiagnostic sur la conditionnalité de la Pac, validant le niveau 1) puis d'une prestation technique individuelle (pour réaliser l'audit du niveau 3). Les prochaines journées de formation auront lieu le 6 février à Nyons, le 12 février à Tain-l'Hermitage, le 20 février à Saint-Maurice-sur-Eygues, le 27 février dans le Sud-Drôme et le 5 mars à Bourg-lès-Valence.
Pour plus d'informations, contactez Anne Chapovaloff (04 27 24 01 53 ; [email protected]) ou Isabelle Méjean (06 22 42 53 87).

 

Point de vue / La certification HVE et l'accompagnement proposé par la chambre d'agriculture vus par la vice-présidente de celle-ci, Sandrine Roussin.
« Un accompagnement complet »
Sandrine Roussin, vice-présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme.
« Je suis entrée dans la démarche de certification HVE avec mon mari, qui a suivi la formation assurée par la chambre d'agriculture. Pour l'avoir vécu en interne, le diagnostic de l'exploitation permet de faire le point sur les aspects réglementaires. Et de voir si on entre dans les clous du niveau trois de la certification HVE : notre exploitation est largement au-dessus, on s'en doutait et on en a eu la confirmation. Avec cette certification, on peut montrer aux consommateurs qu'on respecte de bonnes pratiques et, ainsi, les rassurer. L'accompagnement proposé par la chambre d'agriculture dans cette démarche est complet. Grâce à sa multicompétence, elle est en capacité d'accompagner tous types d'exploitation. Elle apporte beaucoup, avec le professionnalisme et les connaissances de ses conseillers tant sur le plan réglementaire qu'environnemental.
Pour la certification de notre exploitation, nous avons intégré la démarche collective HVE portée par le syndicat général des vignerons des Côtes-du-Rhône. Elle permet de réduire les coûts de la certification et la pression des contrôles. Dans la Drôme, la Cave de Die Jaillance porte une démarche collective similaire ; pour les autres certifications, elle est individuelle. »
Propos recueillis par Annie Laurie

 

Témoignage / Gérald Calvier, agriculteur à Saint Restitut, explique la démarche de certification HVE de son exploitation.
Une certification « relativement facile »
L'exploitation de Gérald Calvier a été certifiée HVE en 2019.
A Saint Restitut, Gérald Calvier cultive 27 hectares de vignes en AOC Grignan-les-Adhémar, 20 de lavandes et lavandins, une quinzaine de chênes truffiers. Son exploitation a été certifiée HVE en 2019. Isabelle Méjean, conseillère à la chambre d'agriculture de la Drôme, l'a accompagné dans cette démarche (formation et préparation à l'audit de l'organisme certificateur).
Dans le principe de la certification HVE, Gérald Calvier a été « séduit par le bon sens, la prise en compte de biodiversité, le fait qu'on puisse réfléchir chaque action mais sans se limiter. C'est aussi une sorte de "Made in France" intéressant aujourd'hui. On sait qu'un produit avec le logo HVE est issu d'une exploitation française ; c'est une assurance pour le consommateur. » Quant à la démarche de certification, « elle a été relativement facile dans mon cas, avec les truffiers, les lavandes et mes vignes qui étaient déjà en culture raisonnée, explique-t-il. Elle s'est très bien passée, a été indolore. Rien ne m'a posé problème. Je n'ai pas eu à modifier mes pratiques. Tout ce qu'on me demandait, je le faisais déjà. Après, je pense que je vais approfondir mes façons de travailler, afin d'avoir le moins d'impact possible sur la nature, et essayer de ré-enrichir les sols, les faire vivre. »
La coopérative commercialisant ses essences de lavande et lavandin, Parfum Provence Ventoux, n'a pas de demandes en produits certifiés HVE de la part de ses clients pour l'instant. Par contre, avec les raisins de Gérald Calvier, la cave la Suzienne a pu vinifier une cuvée HVE sans sulfites, la première pour cette coopérative. « Et, signale-t-il encore,  je vends mes truffes sur le marché de Saint-Paul-Trois-Châteaux avec le logo HVE. »
A. L.