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INITIATIVE

La Charrette, le BlaBlaCar de la vente directe

Lancée il y a quatre mois, La Charrette propose aux producteurs de mutualiser leurs frais de livraisons. Cette plateforme collaborative vise à trouver des solutions pour dynamiser la vente directe.

La Charrette, le BlaBlaCar  de la vente directe

C'est une sorte de BlaBlaCar de la livraison de produits locaux. Le principe est simple : je suis producteur, la vente directe me fait perdre du temps, les trajets sont chers et pas assez rentables. Mes confrères ont peut-être la solution pour moi. Une plateforme numérique propose de déposer des offres pour partager les frais de transport entre professionnels. « L'idée c'est de créer des échanges, de mettre à disposition des trajets utiles à plusieurs producteurs », explique Marie Giacherio, cofondatrice de la start-up.

Marie et Laura Giacherio ont imaginé et créé la plateforme collaborative la Charrette, pour mutualiser entre producteurs la livraison de produits en vente directe.

Monétisation libre

Après plusieurs mois passés à échanger avec les acteurs du secteur, Marie et Laura Giacherio, se sont lancées dans le grand bain de l'économie participative. Objectif : apporter une solution au problème épineux du transport dans les circuits courts. La Charrette, simple intermédiaire, n'intervient pas dans la monétisation des livraisons. Un outil de calcul est mis à disposition sur le site pour estimer le coût de son trajet en fonction de la quantité de marchandise transportée, du type de véhicule utilisé et du temps passé sur la route. « Chacun est libre de s'organiser comme il veut en fonction des besoins », précisent les deux sœurs. Partage de coûts, développement de nouveaux points de distribution, optimisation des retours à vide... Il est possible de déposer une offre ou de se greffer à un projet déjà existant. Des commentaires pourront être laissés pour évaluer les trajets et recueillir les retours des utilisateurs.

Nouvelle chaîne logistique

Qui dit circuits courts dit aussi nouvelle chaîne logistique à définir. « En tant que consommatrice nous avons remarqué plusieurs contraintes liées à la vente directe », expliquent les cogérantes originaires de Haute-Savoie. « Elle est coûteuse, les trajets sont souvent peu optimisés et mobilisent un temps que les producteurs préféreraient passer à développer leur exploitation ». Pour approvisionner leurs différents circuits de distribution directe (marché, Amap, magasins de producteurs, points de vente collectifs, la Ruche Qui Dit Oui), ils réalisent des trajets chargés pour des volumes trop faibles pour avoir recours aux transporteurs collectifs. Le consommateur est de son côté contraint à des distributions hebdomadaires et à des prix de livraison importants lorsqu'il commande en ligne. Pour Marie et Laura, le transport est le nerf de la vente directe.

La crainte du partage

Il est tellement important qu'il suscite des préoccupations auprès de certains producteurs qui ont encore un peu du mal à se lancer dans le projet des jeunes entrepreneuses. « Cela va nous demander un gros travail de sensibilisation et de conviction. Il y a encore des barrières psychologiques à enlever », précisent-elles. Les producteurs craignent notamment de ne pas pouvoir respecter la chaîne de froid, de tomber sur une personne peu fiable ou encore d'empiéter sur les marchés de leurs confrères. « L'idée c'est d'ouvrir une discussion pour que tout le monde soit gagnant ». Marie et Laura souhaitent créer une communauté solide en Rhône-Alpes avant de développer le projet dans toute la France. Pour le moment, une dizaine d'offres a été déposée sur le site. L'objectif à terme est de proposer des partenariats encadrés avec des transporteurs. Les mentalités s'ouvrent de plus en plus à la bio et à la production locale. La Charrette souhaite surfer sur cette vague. 

A. P.