La chasse, fusil et smarphone en main

Dans la Drôme cette année, la reproduction du petit gibier a été favorisée par les conditions climatiques printano-estivales sèches et chaudes. C'est ce qu'a dit le président de la fédération départementale des chasseurs (FDC) de la Drôme, Rémi Gandy, lors d'une conférence de presse le 29 août à Crest.
Chez le petit gibier, les variations annuelles des populations sont très grandes, contrairement au grand gibier où elles sont relativement stables, à l'exception du sanglier. Celle du lièvre est excellente. Le lapin de garenne est « à l'état de relique » actuellement (atteint par la maladie hémorragique virale) alors qu'il était très abondant quinze à vingt ans en arrière. C'est pourquoi la FDC a engagé une opération de réintroduction à fin d'étude sur son domaine.
ChassAdapt, GéoChasse
Pour les migrateurs, leur déplacement vers le sud dépendra surtout de l'intensité du froid qui régnera sur le nord du continent. Grives et alouettes font l'objet d'un plan maximum de prélèvement volontaire proposé par la FDC depuis 2013. Concernant la tourterelle des bois, pour la première année est déterminé un quota national de prélèvement adapté à l'état de sa population. C'est l'application de la gestion adaptative décidée dans le cadre de la réforme de la chasse. Les chasseurs qui prélèveront une tourterelle devront immédiatement la signaler avec l'application ChassAdapt sur leur smartphone. De même, les prélèvements de grand gibier soumis à plans de chasse (cerfs, chevreuils, sangliers) devront directement être saisis sur leur smartphone avec l'application GéoChasse. Ces prélèvements sont automatiquement géolocalisés.
Côté sécurité à la chasse, la FDC a créé un nouveau panneau signalant les battues et travaillé à la mise en place d'une application permettant aux structures organisées de signaler un évènement en pleine nature ; les détenteurs de droit de chasser seront alors automatiquement informés de la date et du lieu de la manifestation.
Sangliers : vers un équilibre ?
Côté grand gibier, la sécheresse estivale amène les sangliers en fond de vallée, à proximité de zones cultivées. C'est pourquoi les battues ont déjà commencé. Au cours de l'année cynégétique 2017-2018, près de 20 000 sangliers ont été prélevés (15 000 en 2016-2017). « Grâce à une forte pression de chasse les années précédentes », ce chiffre est tombé à 9 200 en 2018-2019. « On semble arriver à un état d'équilibre », commente Rémi Gandy. La multiplication du sanglier dépend de la richesse de la fructification forestière. Si elle est normale, la population de cet ongulé croît chaque année de 100 %. Si la fructification est abondante, ce peut être de 200, voire 300 %, avec des naissances qui s'accélèrent (normalement, trois portées en deux ans). Si elle est mauvaise, les sangliers vont aller se nourrir dans les champs et les prairies. En Drôme, ils sont responsables de 90 % des dégâts aux cultures agricoles payés par le monde de la chasse. La FDC donne les chiffres (arrêtés à la même date, celle du 27 août) de 135 dossiers et 357 000 € d'indemnisations en 2017, puis 51 dossiers et 67 000 € en 2018 et 42 dossiers (en cours d'évaluation) en 2019. Le monde de la chasse finance aussi du matériel de protection des cultures : plus de 56 000 € sur 2018-2019 (107 000 € en 2017-2018) et un total dépassant les 500 000 € depuis 2012-2013 (la moitié prise en charge par la FDC et l'autre par les ACCA).
L'impact du loup
Les observations de cerfs et chevreuils sont en baisse, une tendance certainement liée à la prédation (des carcasses sont retrouvées) par le loup. Et des déplacements sont constatés. Les chamois, eux, délaissent des zones (où ils étaient présents) car faciles d'accès pour le loup. En revanche, ils semblent bien se maintenir dans des milieux rocheux, abrupts ou fracturés.
Le loup, ce n'est pas un animal chassé, comme le souligne Rémi Gandy. Il est géré uniquement dans un cadre de régulation administrative. Alors par solidarité, la FDC apporte son soutien aux éleveurs par différents moyens (formation, information, prêt de matériels et de salles, permis de chasser...). Par ailleurs, elle participe à l'évaluation des meutes lupines sur certains secteurs, aux côtés de l'ONCFS*, et poursuit son travail de piégeage photographique. « C'est un animal largement entré dans le bestiaire drômois, constate le secrétaire général de la FDC, Jean-Louis Briand. Au printemps avant reproduction, il y avait entre 70 et 90 loups dans la Drôme. L'ONCFS est d'accord sur ce chiffre. » Rémi Gandi rappelle : « L'Etat nous a demandé de reconstituer les populations de cerfs, chevreuils, chamois, mouflons. On l'a fait et maintenant ils deviennent le garde-manger du loup. On n'est pas contre mais si la totalité y passe... » Il regrette que la biodiversité sauvage ne soit pas prise en compte dans l'évaluation de l'impact de la présence du loup. « Nous sommes des victimes mais les éleveurs le sont plus que nous, reconnaît-il. Pour nous, cela reste un loisir. » Il insiste aussi sur le rôle du pastoralisme en termes d'ouverture des milieux, de protection contre les incendies et dans l'installation de la petite faune. Et d'ajouter : « Un milieu qui se ferme est favorable aux grands ongulés, en particulier aux sangliers ».
Annie Laurie
* ONCFS : office national de la chasse et de la faune sauvage.
La chasse dans la Drôme

Plus de 750 associations de chasse dont 348 ACCA*, 16 AICA** et des sociétés de chasse privée.
14 500 chasseurs. Plus que 10 % des agriculteurs sont chasseurs.
1 900 chasseurs formés pour tirer le loup mais jusque-là jamais sollicités.
51 % de permis nationaux contre 10 % l'année dernière ; la réforme de la chasse ayant fait passer son prix de 400 à 200 €. 49 % de permis départementaux (coût : 153 €).* ACCA : association communale de chasse agréée.
** AICA : association intercommunale de chasse agréée.