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Elevage

La Chevrette de Blandine a trouvé sa voie

La Chevrette de Blandine est une petite exploitation (EARL Gilibert) de la Drôme des collines orientée vers la transformation et la valorisation de ses productions.
La Chevrette de Blandine a trouvé sa voie

A Montmiral, la famille Gilibert occupe une exploitation depuis cinq générations. Régis Gilibert, aujourd'hui âgé de 80 ans, se plaît à le rappeler. Lui-même a pris la suite de son père. Il avait des vaches laitières, des chèvres, des noyers... Pascal, son fils, s'y installe en 1988, développe le troupeau caprin et la noyeraie. L'épouse de celui-ci, Isabelle, après avoir été laborantine dans un laboratoire vétérinaire à Bourg-de-Péage, prend un congé parental puis devient salariée de l'exploitation en 2001.

Un virage amorcé en 2005

Fin 2005, la famille Gilibert crée une fromagerie avec vente directe (130 mètres carrés). En plus, l'automne de cette année-là, Isabelle suit des formations en fromages fermiers au CFPPA de Carmejane à Dignes (Alpes-de-Haute-Provence). Et, dès janvier 2006, une partie du lait de chèvre est transformée. « Cela a permis de nous faire une clientèle », explique Pascal. L'élevage de vaches, lui, cesse en 2007. Lors de la crise du lait de chèvre de 2012, la famille Gilibert décide d'arrêter de livrer sa production (collectée par Valcrest) et de toute la transformer en fromages.

Un jeune installé

Benoît Gilibert s'est installé sur la ferme familiale en janvier 2017. 

En janvier 2017, Isabelle et Pascal sont rejoints sur l'exploitation par Benoît, leur fils. Il s'installe avec la dotation jeune agriculteur (zone défavorisée), après un Bac professionnel CGEA (conduite et gestion d'une exploitation agricole) à la MFR de Divajeu et un BTS Acse (analyse et conduite de systèmes d'exploitation) à celle de Saint-Laurent-de-Chamousset (Rhône).

Des chevreaux bien logés

Les chevreaux.

A l'arrivée de Benoît, le cheptel n'est pas agrandi. Mais un bâtiment est construit. D'une surface de 350 mètres carrés, « bien isolé et ventilé », il sert de nurserie et à l'élevage des chevrettes. « Nous y avons gagné en conditions et temps de travail. Le confort et les résultats de nos animaux aussi, le GMQ(*) est meilleur », constatent Pascal et Benoît. En outre, ce nouveau bâtiment leur ouvre la possibilité d'élever des chevrettes pour la vente de reproductrices.

Du choix dans les fromages

La fromagerie de la Chevrette de Blandine, où Sandra Latreme travaille à plein temps.

Aujourd'hui, la Chevrette de Blandine (prénom de la sœur de Benoît) transforme tout le lait de ses 170 chèvres. Avec, elle fabrique différents fromages lactiques. Pour les fêtes, elle propose des assortiments en plateaux (caissettes bois). A leur sujet, la famille Gilibert exprime sa satisfaction : « C'est une réussite totale. Nous avons commercialisé 300 plateaux à Noël dernier, période où nous avons le plus de lait ».

Isabelle Gilibert et Sandra Latreme dans le hâloir, où sont affinés les fromages.

La viande valorisée

Les chèvres de réforme, elles, sont valorisées en charcuteries et plats cuisinés depuis une dizaine d'années. Il en est abattu une quarantaine par an, à l'abattoir de Romans. Leurs carcasses sont découpées à l'atelier du GIE Viande Drôme des collines à Saint-Michel-sur-Savasse, où sont également fabriqués saucissons, chorizos et merguez. Les plats cuisinés, eux, sont élaborés par la SARL Troupéou à Mornans.

Des croisements prometteurs

 

Les productions à base de viande caprine de la famille Gilibert ont du succès. Aussi, depuis deux ans, cet élevage pratique des croisements entre animaux de races saanen et boer (renommée pour ses valeurs bouchères) en vue d'améliorer la quantité de viande et sa qualité. « Les chevreaux issus de ces croisements sont bien mieux conformés : ils le sont comme des agneaux, observe Benoît. Nous avons gardé quatre chevrettes pour faire un test. Le lait est très gras et la viande très goûteuse, persillée. »

Depuis deux ans, cet élevage caprin teste le croisement entre races saanen et boer (renommée pour ses valeurs bouchères) en vue d'améliorer la quantité de viande et sa qualité.

Vente en circuits courts

Côté débouchés, « nous ne servons pas de grandes surfaces, malgré les demandes, indique Isabelle. Nous vendons aux particuliers directement à la ferme le vendredi soir (de 17 à 19 h 30) et le samedi matin (de 8 à 12 h). Mais aussi à des comités d'entreprise, bouchers, charcutiers, épiciers, fromagers... du secteur. Nous travaillons beaucoup avec Agrilocal(**) sur le Romanais et livrons le restaurant Pic à Valence. Nous faisons seulement deux marchés dans l'année : ceux de la truffe de Saint-Donat en décembre et de Génissieux en janvier ».
Laissons le mot de la fin à Pascal, qui résume : « Notre activité marche bien. Nous avons pu installer un jeune, bien que notre exploitation soit petite ». La relève est assurée, donc.

Annie Laurie

(*) GMQ : gain moyen quotidien.
(**) Agrilocal : plateforme créée par le Département pour rapprocher acheteurs publics de la restauration collective et producteurs locaux.

 

L'exploitation de la famille Gilibert

La chèvrerie.  La chèvrerie.
- EARL composée de deux associés : Pascal Gilibert (51 ans) et son fils, Benoît (23 ans).
- Personnel : Isabelle Gilibert et Sandra Latreme, employée à la fromagerie (à plein temps) mise à disposition par le groupement d'employeurs Agri Emploi 26.
- 32 hectares dont 10 hectares de noyers en AOP (9 en production), 8 de luzerne, 2 de maïs, 3 d'orge et le reste en prairies.
- 170 chèvres de race saanen. Troupeau désaisonné (chèvres taries pendant la récolte des noix et la naissance des chevreaux en novembre). Production annuelle de 140 000 litres de lait.
Une fromagerie avec vente directe sur l'exploitation. Fromages, charcuteries et plats cuisinés à base de viande caprine sont écoulés en circuits courts, les noix auprès d'un grossiste et à la ferme.

 

Transformation / La Chevrette de Blandine propose toute une gamme de fromages de chèvre fermiers et produits à base de viande caprine, dont certains lui ont valu des distinctions.
Des fromages, charcuteries et plats cuisinés
La Chevrette de Blandine fabrique différents fromages lactiques.
La Chevrette de Blandine fabrique des faisselles, des tommes fraîches nature, à la tomate séchée, cendrées, fumées, pressées, persillées au bleu, des fromages blancs, mi-secs, secs ou affinés, des bûchettes nature, cendrées ou aux herbes, des bouchons pour l'apéritif, du foujou, du fromage en salade à l'huile de noix... Elle propose aussi des chevreaux (l'hiver), de la charcuterie : saucissons, chorizos, rillettes, terrines, ainsi que merguez l'été. Et des plats cuisinés : civet de chèvre, blanquette de chevreau, chevreau à la moutarde, tremblette de cabri.
Les chèvres de réforme sont valorisées en charcuteries et plats cuisinés depuis une dizaine d'années.
Des prix
En 2017 à Fromaniac, la bûchette cendrée de la Chevrette de Blandine a reçu une médaille d'or, avec coup de cœur du jury, et sa tomme fumée une médaille de bronze. Cette année, elle présentera à nouveau des fromages à ce concours régional. En plus, Isabelle Gilibert y participera en tant que juré.
Au concours de la fête du picodon de Saoû, cette année, la Chevrette de Blandine a décroché le 1er prix du plat cuisiné avec sa blanquette de cabri à la fève tonka. En outre, le jury des enfants a attribué le 1er prix à son saucisson, comme en 2014 et 2015. L'an passé, elle avait reçu le 1er prix de l'innovation pour son civet de chèvre au cacao et à la cardamome. Autre distinction, l'EARL Gilibert a obtenu une médaille d'argent au premier concours mondial Rabelais du saucisson en juin dernier à Vanosc (Ardèche). Elle lui sera d'ailleurs remise le 9 septembre à Fromaniac.
A. L.