La chimie cherche les molécules de demain dans les déchets agricoles et forestiers

Substituer à la pétrochimie des matières d'origine végétale, telle est l'ambition de la chimie du végétal. À Lyon, le Sommet européen de la chimie du végétal qui se tient du 22 au 24 mai est un Salon professionnel dédié à l'industrie associant des chercheurs et des personnalités du secteur. « C'est un carrefour de la filière pour accélérer la circulation des innovations et des projets du secteur, explique François Monnet, également directeur des affaires publiques de la recherche corporate au sein de l'entreprise Solvay. Si la région Auvergne-Rhône-Alpes accueille cette 5e édition du Sommet, c'est qu'elle est la première région industrielle française en production chimique, la 2e en R&D, la 5e région européenne pour les dépôts de brevets en chimie-matériaux. »
La chimie du végétal propose ainsi des polymères, des tensioactifs, des bitumes, des cosmétiques, des solvants, des peintures ou des détergents, tous issus de matériaux biosourcés et renouvelables tels le bois, la cellulose, l'huile ou des déchets de transformation de ces produits comme la liqueur noire issue de la fabrication de pâte à papier ou les résidus des betteraves sucrières après leur raffinage. Elle permet en utilisant des ressources végétales de réduire les émissions de carbone issues d'énergies fossiles classiquement utilisées en pétrochimie.
La région abrite plusieurs bassins très actifs autour de Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand ou Saint-Étienne qui ont donné naissance à plusieurs entreprises innovantes dans la chimie du végétal. Partenaire du Sommet européen, Axelera est le pôle de compétitivité de la chimie en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Il accompagne les projets biosourcés de ses adhérents tel l'entreprise Afyren, dont le siège est installé dans le Puy-de-Dôme, qui a lancé la construction pour 50 millions d'euros d'une première usine en Moselle. Elle va fabriquer une gamme d'acides organiques 100 % biosourcés, notamment à partir de résidus de la fabrication de sucre, pour la nutrition humaine et animale, la cosmétique et la pharmacie.
Contrairement au secteur du numérique où il faut quelques années pour transformer une innovation en leader mondial, le secteur de la chimie est une industrie lourde où il faut plusieurs années, parfois quelques décennies, pour passer d'une innovation fondamentale à une usine de production à grande échelle. Ce mouvement de chimie verte a démarré au début des années 2000 avec la hausse des prix du pétrole.
« Aujourd'hui, la chimie biosourcée est une réalité, souligne François Monnet, le président de l'association de la chimie du végétal. Chaque année, ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui sont investis dans des projets sur les territoires au plus proche des matières premières. Le secteur de la chimie verte représente entre 8 et 10 % du secteur de la chimie aujourd'hui, environ 25 000 emplois directs et 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires. La filière de la chimie verte renforce le secteur agricole, la transformation du bois et les agro-industries en leur permettant de transformer leurs déchets en ressources. »
Camille Peyrache