La Corée s'inspire du pintadeau de la Drôme

En Corée du Sud, « les volailles fermières ont presque disparu et leur production n'est pas organisée , a expliqué l'interprète qui accompagnait une délégation de ce pays venue dans la Drôme cette fin juin. L'élevage est industriel à 99 %. Mais des éleveurs ont envie de produire autrement et des consommateurs sont demandeurs de produits plus qualitatifs. C'est pourquoi l'Etat a décidé de mettre des moyens pour inciter l'élevage de volailles fermières. Son projet, conduit avec des entreprises et l'université de Séoul, vise à développer la diversité des espèces de volailles fermières élevées, à les promouvoir auprès des consommateurs et à montrer comment les cuisiner. »
Dans ce cadre, des vidéos (de 15 à 20 minutes) sur le thème de la volaille fermière dans le monde sont tournées pour diffusion à la télévision nationale ainsi que sur internet (sur le premier portail web en Corée et la chaîne YouTube Channel de l'université de Séoul). Le concept : deux cuisiniers coréens visitent différents sites en France, Espagne, Japon... en vue de faire connaître modes de production et préparations culinaires de ces volailles à travers des vidéos.
L'une des deux volailles françaises choisies
Pour notre pays, ont été sélectionnés le poulet de Bresse et le pintadeau de la Drôme. L'an passé, une délégation était venue en repérage. Après être passée par la Bresse, une équipe de huit coréens est venue dans notre département ces 28 et 29 juin, cette fois-ci pour tourner des vidéos. Elle était composée de deux chefs cuisiniers, d'un professeur en marketing-alimentation à l'université de Séoul, d'une chercheuse, d'un réalisateur, de deux cameramen et d'un journaliste. La première journée a commencé au magasin de l'abattoir Bernard Royal Dauphiné, à Grâne. Elle s'est poursuivie au château de Poët-Célard. Du pintadeau de la Drôme concocté par le chef du restaurant de ce site, Cyril Barnier, a été dégusté à midi. Et, l'après-midi, a été filmée la préparation d'une recette « façon tajine à l'abricot » avec les deux cuisiniers coréens. Le lendemain matin, la délégation asiatique a visité l'élevage de Raymond Martin à Crest, avant d'aller rencontrer Ludovic Raillon sur le marché de Dieulefit, où cet éleveur de Saoû vend des volailles. De quoi faire voyager l'image du pintadeau de la Drôme jusqu'en Corée et sur le « net ».
Annie Laurie
Le pintadeau de la Drôme

Actuellement, toute la production est assurée via la coopérative Valsoleil. Le syndicat du pintadeau de la Drôme (présidé par Jean-Louis Hilaire) rassemble 25 éleveurs spécialisés. A eux tous, ils détiennent un parc de 40 bâtiments d'élevage et produisent quelque 3 500 pintadeaux par semaine ). Le cahier des charges stipule une obligation d'élevage en liberté : parcours plein air sous forme de volière d'une surface 800 m2 minimum, de 2 m de haut et avec des perchoirs. Les animaux ne sont pas désailés. Ils accèdent au parcours entre la cinquième et la huitième semaine. L'exercice au grand air et au soleil a une incidence directe sur la pigmentation foncée caractéristique de la peau et de la chair des pintadeaux. Ils reçoivent une alimentation 100 % végétale, composée à 70 % de céréales* et, à partir de la dixième semaine (finition), de pépins de raisin.
Les pintadeaux de la Drôme sont abattus à un âge compris entre 87 et 100 jours par Bernard Royal Dauphiné, à Grâne. Cette société les conditionne et vend, uniquement entiers, dans le quart Sud-Est (grande distribution, bouchers-volaillers). Et Valsoleil en commercialise l'équivalent de deux ou trois bâtiments par an dans des magasins Gamm'vert dépendant d'elle.* Aliment fabriqué par l'Ucab à Crest avec des céréales provenant de la CDC (Coopérative drômoise de céréales).