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Retour d’expérience

La création de valeur ajoutée au cœur de l’action d’Uni-Vert

Comment répondre à la demande tout en garantissant une plus-value au producteur ? S’il n’existe pas de modèle unique, des expériences peuvent servir de sources d’inspiration aux producteurs, à l’image de celle d’Uni-Vert.

La création de valeur ajoutée  au cœur de l’action d’Uni-Vert

Les fruits inspirent confiance aux Français : l'an dernier, 91 % d'entre eux les ont placés en deuxième position du baromètre de la confiance des aliments, juste derrière le pain1 ! Pourtant, nombre d'arboriculteurs peinent à s'assurer un revenu décent. Créer de la valeur ajoutée à sa production tout en s'assurant une plus-value : un défi qu'a relevé la coopérative Uni-Vert de Saint-Gilles, dans le Gard.

De la conversion bio...

Créée en 1991, à l'initiative d'une poignée de producteurs bio, Uni-Vert était alors une filiale bio de la coopérative Covial. « En 1998, nous avons décidé d'arrêter l'import pour nous concentrer sur notre production en bio. En quelques années, le nombre de producteurs bio adhérents a triplé et la surface cultivable est passée de 61 à 130 ha. Et, en 2014, nous avons atteint notre objectif de 100 % bio », raconte Nordine Arfaouï, le directeur. Le nom Covial est alors abandonné. Cette conversion s'inscrit dans une logique de valorisation mais aussi dans une démarche écologique, aujourd'hui au cœur de la coopérative. « Nous avons par exemple équipé toute la toiture de notre siège de panneaux photovoltaïques. Nous limitons nos émissions de carbone et recyclons au maximum nos déchets », indique-t-il.
Actuellement, Uni-Vert représente plus de 150 ha de surfaces cultivées, dont 35 de serres, pour près de 11 000 tonnes de fruits et légumes commercialisées en 2016. Sur les 35 producteurs aujourd'hui coopérateurs, 60 % sont en arboriculture ou cultures fruitières (principalement melon, abricot, poire, pomme) et 40 % en maraîchage (courgette, tomate, concombre, aubergine, épinard, blette, radis, etc.). La coopérative est aussi spécialiste de la salade (7 millions de pieds en 2014-2015).
En matière de débouchés : 40 % de magasins spécialisés, 30 % de grandes et moyennes surfaces (GMS), 23 % d'export, 15 % vers des collectivités (cantines scolaires, restaurants communaux) et des distributeurs de paniers bio. « Nous ne vendons quasiment plus à des grossistes : ils représentent seulement 2 % de nos débouchés », commente Nordine Arfaouï.

... au label commerce équitable nord-nord

Forte de ses valeurs coopératives et solidaires, Uni-Vert est la première structure agricole française à obtenir la certification « Équitable, solidaire et responsable » (ESR) pour l'ensemble de ces produits. Ce référentiel Écocert promeut les organismes qui produisent du bio, favorise en leur sein un partage équitable de la valeur ajoutée et encouragent le commerce local. « Ainsi, droits humains et environnementaux, bio et local ne sont pas opposés », estime le directeur d'Uni-Vert.
Améliorer et stabiliser le prix au producteur fait partie de la vocation de la coopérative depuis sa création. « En matière de contractualisation, nous sommes uniquement sur du long terme et nous engageons sur un volume à un prix garanti. À partir des coûts de production et des frais de structure, nous établissons une moyenne saisonnière à laquelle nous ajoutons 10 % de « bien-être ». Avec des systèmes de cultures alternées, les producteurs-coopérateurs produisent toute l'année et créent ainsi de l'emploi au niveau local. Uni-vert interdit l'emploi de travailleurs détachés et prône l'égalité des salaires hommes-femmes.

Une vision de long terme

Tournée vers la qualité et l'exigence gustative, Uni-Vert mise aussi sur les légumes originaux tels que la courgette jaune ou ronde, les tomates anciennes ou l'aubergine graffiti. La coopérative comporte aussi un volet formation agronomique important, en lien notamment avec la Safer. « Nos producteurs ont tous 80 % de productions "faciles" et 20 % de productions "difficiles" comme les concombres ou les tomates grappes. Le but : progresser et être à la pointe de la technique en bio. Des ingénieurs nous épaulent dans la mise en œuvre de ces cultures. Nous encourageons aussi le développement de nouveaux fruits comme la grenade, qui représente aujourd'hui chez nous 10 ha. » 70 % de la production est par ailleurs planifiée.
Uni-Vert souhaite aussi développer davantage ses liens avec les collectivités au travers de la restauration collective. « Nous étudions aujourd'hui la possibilité d'acquérir des outils de transformation pour pouvoir produire soupes, jus, compotes, etc. ». Autre projet en cours : le développement d'une production d'agrumes en Corse, notamment l'orange bio, avec mise sur le marché prévue pour 2020. « Nous avons là aussi le projet de créer un atelier de transformation », précise Nordine Arfaouï. 
M. C.
1 Selon un baromètre BVA commandé par Interfel.