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Organisation en commun

La Cuma Rhône Herbasse, une aventure collective dans la noix

La Cuma Rhône Herbasse vit sa première campagne de récolte de noix. Et, déjà, ses membres envisagent de nouveaux investissements...
La Cuma Rhône Herbasse, une aventure collective dans la noix

Spécialisée dans les noix, la Cuma Rhône Herbasse est née en décembre 2017, à Granges-les-Beaumont. Elle a été créée par neuf exploitations de La Roche-de-Glun, Mercurol, Chanos-Curson et Granges-lès-Beaumont. L'un des adhérents de la Cuma produit des noix depuis 15-20 ans, quatre autres depuis 2011. Et les quatre derniers sont de futurs nuciculteurs (noyers plantés en 2016-2017).

Les exploitations de Pascale, Bernard et Geoffroy Vossier, Dominique Blaise ainsi que Pascal Guerby font partie des membres de la Cuma Rhône Herbasse.
« C'est un groupe dynamique, confie Bastien Boissonnier, animateur de la fédération départementale des Cuma de la Drôme. Il s'est pleinement impliqué et mobilisé pour que ce projet d'organisation en commun aboutisse rapidement. » C'était d'ailleurs impératif. En effet, certains de ces nuciculteurs adhéraient à l'ex-GIE Hermitage-Basse Isère, dissous au début de cette année. Ils devaient donc trouver une solution pour la récolte 2018 de leurs noix.

Mutualiser, échanger...

 

A l'extérieur du bâtiment de la Cuma Rhône Herbasse : trémie de vidage des noix, laveuses et écaleuse, séparateur, table de tri.

« Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin, confie le président de cette Cuma, Pascal Guerby. La noix est une nouvelle production pour huit d'entre nous. Et une nouvelle aventure collective car nous avons décidé de continuer dans la coopération. Nous sommes attachés à l'esprit coopératif. La Cuma nous a semblé une bonne formule. Mutualiser les moyens coûte moins cher. C'est du travail "en communauté", cela suppose donc de bien s'entendre. Et discuter ensemble, échanger des idées... est aussi une richesse. La Cuma Rhône Herbasse est un projet fédérateur, auquel nous croyons. Nous sommes allés vite pour le monter par nécessité mais aussi car nous savions ce que nous voulions. »
Les travaux ont débuté en mars et se sont achevés cet été. Un bâtiment de 750 mètres carrés a été construit et équipé de matériels de lavage, triage, séchage, calibrage... des noix. Dans le cadre de Dina, dispositif national d'accompagnement des Cuma, le groupe a été épaulé par l'animateur de la fédération départementale pour établir un plan d'actions. Et CerFrance Drôme Vaucluse a réalisé une étude économique. En plus, au mois de novembre, ces nuciculteurs suivront une formation (de deux jours et demi) sur la bonne gestion d'une Cuma. Et pour les investissements (bâtiment, matériels), ils ont demandé une aide financière à la Région, ainsi qu'à l'Union européenne via l'enveloppe Cuma du PDR (programme de développement rural).

Un projet appelé à évoluer

 

Aujourd'hui, les membres de la Cuma cultivent 85 hectares de noyers en tout, dont 40 sont en début de production. Pour la commercialisation des noix*, chacun est indépendant. Toutefois, les cinq qui en produisent déjà adhèrent à la coopérative Coopenoix (Vinay, en Isère). L'un d'eux a sa propre ramasseuse de noix. Les quatre autres en ont acheté une (d'occasion) en Cuma. Côté organisation, pendant que certains récoltent, d'autres veillent au bon fonctionnement de la chaîne de lavage, triage, séchage... « C'est l'avantage d'être un groupe, fait remarquer Pascal Guerby. Nous réalisons tout nous-mêmes au sein de la Cuma, sans employer de personnel. »
Leur projet est appelé à évoluer, les équipements étant déjà à saturation cette année. L'installation de séchoirs supplémentaires est prévue en 2019, « c'est un passage obligatoire pour notre Cuma », observe son président. L'acquisition d'une autre récolteuse est envisagée et « peut-être » aussi l'agrandissement des locaux.
Quant à la récolte de noix 2018, « elle est plutôt pas mal, nous avons l'irrigation presque partout, constate Pascal Guerby. Les noix sont bien pleines, les calibres intéressants. Nous n'avons pas eu de gros problèmes sanitaires : un peu de carpocapses, de bactériose, pas trop de mouches du brou. La production est satisfaisante en quantité, pour l'âge de nos arbres. »

Annie Laurie

* La production des membres de la Cuma Rhône-Herbasse est commercialisée sous la dénomination « Noix de France ». Leurs plantations ne sont pas dans la zone AOP « Noix de Grenoble ».

 

Cuma Rhône Herbasse /
Lavage, triage, séchage...
 
A leur arrivée à la Cuma Rhône Herbasse, les noix sont versées dans une trémie hors-sol, ce qui limite les problèmes (de terre, déchets) rencontrés avec les fosses. Un dégrilleur retient les pierres de plus de 80 millimètres de diamètre et les branches dans un bac. Ensuite, un tapis roulant monte les noix dans une laveuse qui commence à écaler le brou. « Nous la faisons tourner à sec, explique Bernard Vossier, l'un des adhérents de cette Cuma. L'eau n'est pas nécessaire car nos terres sont légères, non limoneuses. Ainsi, nous faisons des économies. » Puis une laveuse-écaleuse fonctionnant avec l'eau recyclée finit d'ôter le brou. Après, les noix passent dans une dernière laveuse (alimentée en proportions égales d'eau « propre » et d'eau recyclée). « En réinjectant l'eau dans le circuit après décantation et filtration, nous en consommons moins d'un mètre cube par heure, indique le nuciculteur. Sans recyclage, ce serait huit. » Ensuite, un séparateur de noix fraîches (manche à air avec système de ventilation venturi) fait un premier tri. Il éjecte une partie des noix non pleines, coquilles cassées. L'élément suivant de la chaîne est une petite table de triage, où peuvent être éliminées manuellement des noix abîmées, noires...
Toute une chaîne
L'intérieur de la station de la Cuma Rhône Herbasse, équipée de séchoirs, séparateur, poste de tri visuel, calibreuse...
Puis vient le séchage. La Cuma est actuellement équipée de quatre séchoirs à trois niveaux. Chaque niveau peut contenir un peu plus de six mètres cubes de noix. Celles-ci arrivent à l'étage du haut et y restent environ 12 heures. Elles passent ensuite le même temps au deuxième étage puis au premier. La durée de séchage totale (qui dépend de la variété, de l'humidité) avoisine les 36 heures. « Pour la livraison à Coopenoix, le taux d'humidité des noix doit être inférieur à 11,5 », précise Bernard Vossier.
A la sortie du séchoir, un séparateur du même type que le premier évacue encore des noix légères restées dans le circuit. Puis un dernier tri est opéré manuellement, « à l'œil ». Les membres de la Cuma projettent « de venir au tri optique mais plus tard ». Enfin, après toutes ces étapes, les noix sont mises en pallox (lot par lot) et livrées tous les un ou deux jours à Coopenoix, qui les calibre (pour le moment), conditionne et commercialise.
A. L.