La Drôme, leader semencier dans le Sud-Est

La Drôme est le premier département producteur de semences du Sud-Est. Le délégué régional du Gnis(*), Philippe Roux, l'a souligné lors de l'assemblée générale du syndicat des agriculteurs multiplicateurs de semences (Sams) de la Drôme, le 3 mars à Valaurie. En 2016 dans le département, 607 agriculteurs ont cultivé 9 614 hectares (ha) de semences pour 30 entreprises, soit un peu plus qu'en 2015 (9 348 ha) mais moins qu'en 2014, année record (10 386).
Moins de maïs en 2017
En maïs semence, la Drôme occupe la première place en Rhône-Alpes. Aude François, animatrice du SPSMS(2), l'a rappelé : près de 3 700 ha, 340 agriculteurs multiplicateurs et une récolte « très bonne en qualité comme en quantité » en 2016. Pour 2017, la surface baisserait de 10 à 30 % et les négociations sur les prix sont en cours. Le sorgho, lui, est en recul depuis deux ans (16 ha et 3 producteurs l'an passé). En oléagineux, 3 200 ha de tournesol (surface supérieure à celle de 2015), la Drôme était le premier département français en 2016, a indiqué Romain Filiol, chargé de développement à l'Anamso(3). 300 ha de colza et 130 de soja ont été cultivés. La récolte a été très bonne en quantité et qualité pour les deux premières espèces. En soja, les résultats sont mitigés dans le Sud-Est (maturité trop importante à la récolte, d'où des graines cassées et des facultés germinatives détériorées). En colza, la surface 2017 est de 263 ha. En tournesol, elle devrait être en hausse.
Une diversité d'espèces multipliées
Le département produit aussi des semences de céréales à paille, fourragères, ail, potagères et fleurs. L'an passé, l'augmentation de la surface des semences potagères est essentiellement due aux pois chiches et maïs doux et celle des fourragères au développement de la luzerne ainsi que du trèfle violet. Blaise Rolland, responsable « autogames » à Top Semence, a qualifié les rendements des luzernes de « très hétérogènes » et de « très bonnes » les récoltes ainsi que les facultés germinatives des céréales.
« Globalement, les résultats 2016 sont hétérogènes, très bons pour certains, très moyens pour d'autres », a constaté le président du Sams, Jacques Chirouze. Il a regretté une forte diminution des surfaces et des contrats proposés en « petites graines » pour la campagne actuelle. Cependant, il a noté l'arrivée de nouveaux partenaires - comme Mistral semences (Pierrelatte) dont les installations ont été visitées l'après-midi - et quelques cultures en développement dont le maïs doux. « Et même si le maïs semence est en régression, les cultures hybrides restent une valeur sûre », a-t-il remarqué.
Des points clés
Jacques Chirouze a mis l'accent sur la technicité et l'analyse des coûts de revient, des points clés pour sécuriser le revenu. Et il a invité les agriculteurs multiplicateurs « petites graines » à œuvrer avec l'aide de la Fnams(4) au bon développement de la production de semences. La Fnams qui conduit des expérimentations en différents domaines : fertilisation azotée, irrigation, protection des cultures de plein champ et sous abri (dont le biocontrôle), désherbage chimique, mécanique, mixte, séchage des ombelles d'oignon. S'ajoutent les réseaux de biosurveillance (ravageurs de la luzerne, mildiou sur oignon, campagnols). Mais aussi une collaboration avec Prosemail pour des essais sur ail : désherbage, lutte contre les maladies et ravageurs (rouille, fusariose et mouches). « La Fnams est là pour répondre aux besoins de la filière », a insisté Louis-Marie Broucqsault, son ingénieur régional.
Le président du Sams a encore salué les démarches partenariales « gagnant-gagnant » telles que celle développée avec HM.Clause pour la courgette porte-graine. Quant aux règles interprofessionnelles, « garantes de la réussite mutuelle » pour les établissements semenciers et les agriculteurs multiplicateurs, il a appelé à s'assurer de leur respect.
Annie Laurie
(1) Gnis : groupement national interprofessionnel des semences et plants.
(2) SPSMS : syndicat des producteurs de semences de maïs et de sorgho.
(3) Anamso : association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses.
(4) Fnams : fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences.
(5) Prosemail : association des producteurs de plants certifiés d'ail et d'échalote.
Le réseau Dephy semences Drôme-Ardèche

Ce réseau s'inscrit dans le cadre du plan Ecophyto, dont l'objectif est de réduire l'utilisation des produits phytosanitaires pour diminuer leur impact sur la santé et l'environnement. Ceci, tout en maintenant une agriculture productive et compétitive. Pour démontrer la faisabilité, expérimenter et produire des références sur les systèmes économes en phytosanitaires, des outils ont été mis en place. Déphy est l'un d'eux, via un réseau expérimental et un réseau de fermes. Ces dernières testent des démarches de réduction d'utilisation des produits phytosanitaires afin d'en connaître les conséquences en termes de charges, main-d'œuvre... L'indicateur utilisé est l'indice de fréquence de traitement (IFT).
Le réseau Déphy semences Drôme-Ardèche a débuté en 2012 avec 10 agriculteurs. Aujourd'hui, il en compte 16(*). « Ce sont des agriculteurs techniquement performants, ayant des systèmes assez similaires en semences », a confié Anne Court, avant de préciser à propos des résultats jusque-là obtenus : « Les IFT fluctuent, vont du simple au double et la moyenne, assez stable, se situe autour de quatre ».A. L.(*) Les agriculteurs drômois faisant partie de ce réseau Déphy semences sont : Serge Bon (Gaec Bon semences, Divajeu), Patrick Brugière (SCEA Le mas neuf, Pierrelatte), Jean-Luc Clary (La Coucourde), Nicolas Crouzon (Marsanne), Jean-Michel Duc (EARL Jean-Michel Duc, Crest), Frédéric Lérat (EARL des Querilles, Savasse), Vincent Margerie (Etoile-sur-Rhône), Claude et Patrick Mazot (Gaec des Saviots, Beaumont-lès-Valence), Karine et Thierry Mommée (EARL Le clos, Marsanne), Robin Perdriolle (La Bâtie-Rolland), Anne-Claire et Gérard Vial (EARL Les violettes, Saint-Gervais-sur-Roubion) et Sébastien Villeneuve (EARL Villeneuve, Savasse).
Ravageurs / La lutte contre les campagnols se fonde sur la surveillance des populations de campagnols, l'action collective, la formation, le respect de méthodes d'intervention précoces et raisonnées...La lutte contre les campagnols

La surveillance passe par un réseau d'observations, un bulletin sanitaire. Et l'agriculteur doit estimer, à l'échelle de la parcelle, le taux d'occupation par les campagnols avant traitement. S'il est supérieur à 33 %, traiter est interdit car la bromadiolone ne sera pas efficace du fait du cycle d'évolution de ces rongeurs. A savoir, après quelques années de basse densité des populations, leur nombre croît, puis atteint un pic de pullulation, avant de décliner. Traiter au moment où la population est au plus haut provoquera un nouveau pic, au lieu de la faire chuter. La lutte collective est encouragée pour faire face aux pullulations sur un territoire, définir les zones de basse densité d'après la surveillance exercée afin de mettre en place des actions de façon raisonnée et précoce. A noter aussi, le FMSE(2) ouvre un programme d'indemnisation des coûts de la lutte contre le campagnol. Il concerne les agriculteurs des zones où la lutte est rendue obligatoire par arrêté préfectoral.
Outre les méthodes de lutte chimique et physique (piégeage), le labour est un moyen de régulation des populations (il gêne la remontée des campagnols, les déstabilise). La gestion des couverts (au moins il reste de nourriture l'hiver, au moins les populations se développeront) et l'installation de perchoirs pour attirer des prédateurs sont d'autres méthodes de lutte indirecte.A. L.(1) Fédérations de défense contre les organismes nuisibles.
(2) FMSE : fonds de mutualisation sanitaire et environnementale.