La ferme de Pracoutel, une transition bien gérée

« Je suis un produit du terroir, comme le picodon. » Ainsi se qualifie Hervé Barnier, agriculteur depuis 1991 au quartier Pracoutel à Vesc. Cette année-là, il reprend la ferme familiale, où se sont succédées au moins six générations, ses parents, grands-parents... Lorsqu'il s'installe, l'exploitation compte 100 brebis et 40 chèvres. L'année d'après, il abandonne l'élevage ovin et la transformation fromagère caprine. Il augmente la taille du troupeau de chèvres (140 animaux) et adhère à la coopérative laitière de Crest pendant dix ans.
Retour à la transformation
En 1995, Hélène Barnier, l'épouse d'Hervé, commence à travailler sur l'exploitation. Après réflexion, tous deux décident de revenir à la transformation fromagère. « Nous n'avions pas le choix, explique l'éleveur. Pour continuer en élevage laitier, il aurait fallu augmenter le litrage produit, donc le troupeau et, pour cela, trouver des terres disponibles. Or, le foncier était un peu figé car nous sommes six agriculteurs à nous être installés sur la commune en 1991. »
En 2001, Hélène et Hervé Barnier créent une EARL. L'année suivante, ils construisent un bâtiment et lancent la fabrication de fromages de chèvre, qu'ils cvendent « blancs »(*) aux établissements Cavet (affineur) à Dieulefit, dans un premier temps. « Ne pas affiner nos fromages nous-mêmes nous a permis de démarrer en douceur, de ne pas rater la transition », précise l'agriculteur.
Pas que du picodon
Depuis cinq ans, Hélène et Hervé Barnier fabriquent des picodons mais aussi du caillé doux, des faisselles, tommes fraîches, pâtes pressées non cuites, crémeux, « apérobiques »... « C'est indispensable car nous avons trop de lait au printemps pour ne produire que des picodons », indique Hervé Barnier. A présent, ils commercialisent tous leurs fromages eux-mêmes à la ferme et dans le réseau qu'ils ont tissé : un grossiste, une vingtaine de commerces (livraisons dans une zone allant de Dieulefit à Montélimar), des restaurants locaux, campings, un marché de producteurs...
Bio et autonome
A la ferme du Pracoutel (devenu Gaec cette année 2016), Hélène et Hervé Barnier élèvent maintenant 150 chèvres chamoisées, pratiquent la monotraite depuis trois ans et produisent 80 000 à 85 000 litres de lait par an. Ils ont 60 hectares de SAU dont 30 labourables. Prairies naturelles et temporaires (luzerne et sainfoin), céréales, parcours et landes nourrissent les chèvres. Seul un quart du concentré de la ration est acheté. Les terres sont en agriculture biologique depuis 2001 et le troupeau depuis cinq ans. Voici huit ans, une salariée a été embauchée. L'équipe est renforcée par deux saisonniers l'été, et, souvent depuis vingt ans, sont accueillis des stagiaires.
L'accueil à la ferme
La ferme de Pracoutel développe aussi une activité d'accueil. Sa première participation à l'opération « De ferme en ferme » remonte à dix ans. En outre, depuis sept ou huit ans, elle propose des visites en après-midi aux écoles et, pendant les vacances scolaires, aux touristes. Son offre vient de s'étoffer encore avec une visite libre et gratuite possible tous les jours de mars à novembre entre neuf et douze heures. « Grâce à l'accueil touristique, précise Hervé Barnier, nous vendons une quantité non négligeable de fromages sur place. »
Annie Laurie
(*) tommes à picodons.