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Transmission

La Ferme des routes, une exploitation à plusieurs voies

Cinq jeunes sont aujourd'hui installés à Besayes sur la ferme d'Alain Plantier, agriculteur qui a pris sa retraite en mars. Toutes en agriculture biologique, leurs productions sont complémentaires et vendues en direct.
La Ferme des routes, une exploitation à plusieurs voies

A Besayes, Alain Plantier cultivait 50 hectares de terres et élevait des vaches laitières sur une exploitation qu'il a convertie à l'agriculture biologique en 1996. Il n'avait pas d'enfants pour assurer la relève à l'heure de sa retraite. Et il ne voulait pas voir sa ferme partir à l'agrandissement d'autres. C'est pourquoi il a préparé sa transmission en recherchant des repreneurs bien à l'avance. Ainsi, deux jeunes s'y sont installés en 2009, l'un en maraîchage, l'autre en élevage ovin laitier. Cette exploitation a alors complètement changé de système : des productions ont été abandonnées, d'autres introduites et toutes sont désormais commercialisées en direct via différents circuits. Avec le départ en retraite d'Alain Plantier (en mars dernier), elle a toutefois perdu 12 hectares de terres en fermage. La Ferme des routes, tel est son nom, est un Gaec dans lequel cinq jeunes néo-ruraux sont associés : Raphaël Lornage, Guillaume Szymczak, Maxence Couturier, Sonia Boutin et Thomas Bony.

Des légumes et des fruits

Raphaël Lornage, l'un des deux maraîchers. Guillaume Szymczak, l'autre maraîcher.  Les trois serres (400 m²).

Raphaël Lornage (36 ans, installé sur la ferme depuis 2009) et Guillaume Szymczak (31 ans, arrivé en juin 2016) sont maraîchers. Ils cultivent des légumes en plein champ, ainsi qu'en serres froides pour les légumes primeurs et en prolongement de saison. « Nous produisons presque tous les légumes de saison, à l'exception des asperges et des endives, car nous avons un magasin à la ferme à fournir, précise Raphaël. Ça marche plein pot, plus nous produisons de légumes, plus la demande augmente. Nous avons aussi des fraises, ainsi que des cassis et groseilles que nous proposons à nos clients de venir cueillir eux-mêmes. »
Ces deux maraîchers projettent de mettre en place un verger maraîcher. Pour tester ce système de type agroforestier, ils ont arraché une partie de leurs petits fruits et ont planté 1,2 kilomètre de haies l'automne dernier. Un chantier de plantation conduit avec l'aide de la MFR Mondy et du CFPPA de Romans. « Nous sommes dans l'échange avec eux, indique Raphaël. Des élèves viennent en visite et en stage sur notre exploitation ».

Des yaourts et des fromages de brebis

Maxence Couturier, l'un des deux éleveurs fromagers, dans la bergerie. Yaourts de brebis de la Ferme des routes Affinage des fromages dans la cave.

Quant à Maxence Couturier et Sonia Boutin (tous deux âgés de 31 ans et arrivés sur l'exploitation en 2016), ils sont éleveurs fromagers. La totalité de l'alimentation du troupeau est produite sur la ferme. Le lait des brebis est principalement transformé en yaourts (proposés nature ou vanille). Sont aussi fabriqués du caillé doux (nature ou au caramel), des tommettes (petits carrés de fromage lactique de type « picodon »), tommes (pâte pressée affinée au moins deux mois en cave), bleus et de la féta « faite maison ».

Du pain et des brioches

Thomas Bony valorise des productions de la Ferme des routes avec la fabrication de pains et brioches. 

L'entrée dans le Gaec de Thomas Bony, en février 2016, a amené une nouvelle activité à la Ferme des routes : la fabrication de pains et brioches (voir article ci-...). « J'ai pu profiter d'un soutien humain et de l'expérience des associés déjà en place », note celui-ci. Et d'expliquer encore : « Chacun de nous est responsable de son atelier. Nous avons tous le même salaire. Cela fonctionne ainsi depuis sept ans. C'est une formule qui marche. Pour la commercialisation, nous retirons des bénéficies mutuels. Ensemble, nous avons une gamme plus large de produits à proposer à la clientèle et nous mutualisons le temps de vente. Nous sommes dans un système cohérent. »

Des activités complémentaires

Raphaël et Maxence mettent eux aussi en avant cette mutualisation « intéressante » pratiquée à la Ferme des routes. Mais également la complémentarité des activités sur le plan agronomique, commercial et de la trésorerie (lissage des entrées d'argent sur l'année). Le chiffre d'affaires de l'exploitation progresse d'année en année : de 204 000 euros en 2015, il est passé à 240 000 en 2016. Des résultat encourageants pour les jeunes associés de la Ferme des routes, qui manifestent leur reconnaissance vis-à-vis d'Alain Plantier : « Il est à l'origine de tout, dit l'un d'eux. Si ça se passe bien, ça tient beaucoup à lui. Il s'est mis au service de nos projets. C'est chouette ».

Annie Laurie

Repères

- La Ferme des routes est un Gaec composé de 5 associés (depuis avril).
- 38 hectares (ha), dont 4 en propriété.
- Productions en agriculture biologique.
- Maraîchage : légumes cultivés en plein champ (3 ha), dans 3 serres froides (400 m²) et petits fruits.
- Ovins lait : quelque 90 moutons de race Lacaune dont 65 brebis à la traite. 17 000 litres de lait transformés en yaourts, caillé doux et fromages. Agneaux vendus à un engraisseur.
- Surfaces destinées à l'élevage : 23 ha de prés, méteil (pois-triticale), orge...
- Autres cultures : 8 ha blé tendre, 2 de petit épeautre, 1 de sarrasin, 1 de lentilles, 0,40 de lin.
- Boulangerie : 200 kilos de pains fabriqués chaque semaine.
- Vente directe : différents débouchés, dont un marché sur l'exploitation (le lundi soir et le samedi matin) et un magasin de producteurs (Court circuit à Chabeuil) qui représentent chacun 40 % du chiffre d'affaires de l'exploitation.

 

Le dernier-né des ateliers / A la Ferme des routes, Thomas Bony produit des pains et des brioches avec des céréales de l'exploitation depuis deux ans.
Thomas Bony, paysan-boulanger
Thomas Bony dans son ancien fournil. Depuis que ses nouvelles installations sont opérationnelles, il produit 200 kilos de pains par semaine.  
A la Ferme des routes, Thomas Bony, 37 ans, fabrique des pains nature, aux graines de lin ou de tournesol et des brioches. Le tout avec du blé tendre mais aussi du petit épeautre, cultivés sur l'exploitation, et du levain comme ferment. Il vend en outre de la farine de blé, de petit épeautre, de sarrasin et des lentilles. « Pour moi, explique-t-il, être paysan-boulanger est une façon de valoriser des productions de l'exploitation. »
Installé depuis un an
Sur cette ferme, Thomas est arrivé en mars 2015. Il a commencé un stage reprise en mai, démarré la production de pains en juin et s'est installé en février 2016. C'est une reconversion, après avoir travaillé dans le génie civil puis suivi une formation BPREA. La première année, il a fait fabriquer sa farine et en a aussi acheté. Depuis la récolte 2016, il ne s'approvisionne plus à l'extérieur et possède un moulin à meules de pierre (avec tamiseuse intégrée) adapté à de petites productions. « Un moulin de type Astrié ayant un débit de 10 kilos de farine à l'heure et financièrement accessible ».
Les trois mélanges de blé utilisés sont stockés dans six silos (de trois tonnes chacun). Deux trieurs et, pour le petit épeautre, une décortiqueuse complètent les équipements de meunerie.
200 kilos de pains par semaine
 
Aujourd'hui, Thomas produit 200 kilos de pains par semaine. Avant, il en produisait environ 60 kilos chaque lundi, jeudi et vendredi, soit 180 par semaine. Il utilisait un four (rond et en métal) pouvant contenir 28 kilos de pains. Cela l'obligeait donc à faire deux fournées, les jours de production. Un autre fournil a été construit. Il est opérationnel depuis mars dernier. En briques réfractaires et plus grand, le nouveau four peut cuire 70 kilos de pains en une seule fois.
Dans ces installations (bâtiment, silos, équipements de meunerie, transformation et cuisson), Thomas a investi quelque 110 000 euros en tout. Il a bénéficié d'aides de l'Europe et de la Région dans le cadre du PCAE(1) à hauteur d'environ 40 % (dossier constitué avec l'appui de la chambre d'agriculture). Des soutiens bienvenus, qui complètent le dispositif DJA(2).
A.L.
(1) PCAE : plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles.
(2) DJA : dotation jeune agriculteur.