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Jeunes Agriculteurs

La fête de l'agriculture, jour de partage

Dimanche dernier à Etoile-sur-Rhône, la fête de l'agriculture a été un temps de promotion du métier, d'échanges mais aussi de détente pour les agriculteurs.
La fête de l'agriculture, jour de partage

La 32ème fête de l'agriculture s'est tenue à Etoile ce dimanche 28 août. Pour le président des Jeunes Agriculteurs (JA), Sébastien Richaud, elle est un moyen « de se rapprocher des citadins, faire connaître le métier, la diversité et la qualité des produits, les avancées technologiques... C'est aussi défendre notre profession, rappeler à l'État, aux élus qu'il faut nous soutenir. Malgré les difficultés, c'est un jour de fête. » Et le président des JA de Valence-Etoile, Thibaud Faure, ajoute : « C'est une journée conviviale qui mobilise des JA de tout le département. Elle permet également aux agriculteurs de se rencontrer, d'échanger avec des partenaires, des fournisseurs... »
Le président de la FDSEA, Didier Beynet, voit aussi cet évènement comme un moment de détente entre la fin de l'été et le commencement d'une nouvelle campagne agricole. Et ce, même si la conjoncture actuelle est assez morose, avec le gel et la grêle, la prédation qui pèse de plus en plus... D'ailleurs, le 27 août, il a retrouvé une de ses brebis tuée par le loup à Chalancon. Et, le même jour à Bouvante, un éleveur a prélevé un loup en tir de défense.

 

Sébastien Richaud, président de JA26. Thibaud Faure, président des Jeunes Agriculteurs de Valence-Etoile. Le slogan choisi par les Jeunes Agriculteurs de la Drôme pour cette 32ème fête de l'agriculture.

Garder le moral

En fin de matinée, les officiels ont fait un tour des stands des organisations professionnelles et partenaires de l'agriculture. Sur celui de la FDSEA, Céline Ferlay a confié : « Nous gardons le moral, malgré la conjoncture. Mais la prise en compte de nos difficultés doit passer à un échelon supérieur. Nous n'avons pas de perspectives. » Jean-Pierre Royannez, vice-président de la chambre d'agriculture, a espéré pouvoir compter sur la loi Sapin 2 pour une meilleure prise en compte des coûts de production. Le directeur de cabinet du préfet, Stéphane Costaglioli, a mis en avant les mesures conjoncturelles prises pour aider les agriculteurs « à passer au mieux le mauvais cap ». Le déjeuner-débat, lui, s'est centré sur le glyposate.

 

Les officiels pendant le tour des stands. Devant les stands des organisations professionnelles. 

Six laboureurs

En début d'après-midi a été lancé le concours de labours sur un terrain qualifié de « sec, très technique car irrégulier » par les membres du jury (présidé par Dominique Chatillon, chef du service agricole de la DDT). Les concurrents étaient six en lice (voir palmarès). Jean-Sébastien Avenant s'est une nouvelle fois classé premier en labour en planche. En labour à plat, Aurélien Armand est arrivé en tête.

 

Six jeunes étaient en compétition au concours de labours Candidat du concours de labours. Candidat du concours de labours.

 

 

Le virus de la compétition

 Le jury du concours de labour a qualifié le terrain de « très technique » Albert Viret, entraîneur de l'équipe de France de labour. Deux membres du jury.

Outre le jury, un passionné et connaisseur était sur le terrain : Albert Viret, entraîneur de l'équipe de France de labour. Natif de la Drôme et fils d'agriculteurs, ce vendeur de matériel aujourd'hui retraité, explique : « J'ai attrapé le virus de la compétition de labour en 1969 et, depuis, je forme des jeunes. En 2005, France labour international m'a nommé entraîneur officiel national. Chaque année, je fais faire une compétition de deux jours aux finalistes nationaux de l'année précédente. Les deux premiers vont au mondial, les troisième et quatrième à l'européen. Les championnats du monde de labour ont été créés dans un but de paix et fraternité des peuples et d'échange entre agriculteurs. »
Etaient aussi la fête du matériel ultramoderne et des tracteurs anciens de l'association « Les vieux pistons de la Raye ». L'un de ses membres, Yves Aubert, ancien agriculteur à Montoison, y exposait trois tracteurs, « pour montrer aux jeunes avec quoi on travaillait » autrefois. Autres attractions : des démonstrations de chiens au travail, de distillation... Le simulateur de conduite de la MSA, la conduite sur parcours, la mini-ferme, le concours de dessins sur le stand de la FDSEA..., les enfants ont aimé. De quoi, donc, satisfaire grands et petits.

 

Démonstration de cavage. Matériel agricole moderne et tracteurs anciens se faisaient face. Distillation de lavande.

Annie Laurie

Le palmarès du concours de labours

Les concurrents du concours de labour lors de la remise des prix.
Labour à plat
Premier : Aurélien Armand (Lesches-en-Diois) avec 203 points.
Deuxième : Corentin Cros (Etoile-sur-Rhône), le plus jeune concurrent (18 ans), avec 191 points.
Labour en planche
Premier : Jean-Sébastien Avenant (Montélier) avec 363 points.
Deuxième : William Gauthier (Montélier) avec 359,5 points.
Troisième : Jérémy Marlenc (Allex) avec 356 points.
Quatrième : Anthony Brunot (Divajeu) avec 299 points.

 

Discussion / Comment lutter contre l'ambroisie sans le glyphosate, quelles alternatives ? Tel était le thème du déjeuner-débat de la fête de l'agriculture, qui a réuni profession, services de l'Etat et élus.
Sans alternatives, ne pas interdire le glyphosate
    Aussi atour de la table du déjeuner-débat. Pendant le déjeuner-débat sur le glyphosate : de droite à gauche, Stéphane Costaglioli (directeur de cabinet du préfet), Sébastien Richaud (président des Jeunes Agriculteurs de la Drôme), Anne-Claire Vial (présidente de la chambre d’agriculture), Didier Beynet (président de la FDSEA), Jean-Pierre Royannez, vice-président de la chambre d’agriculture. Aussi atour de la table du déjeuner-débat. 
Le glyphosate est un désherbant foliaire facile d'utilisation et efficace sur nombre d'adventices, dont l'ambroisie. Il est l'un des plus employés en zones agricoles ou non, par les professionnels et les amateurs. Fin juin, la Commission européenne a décidé de prolonger son homologation mais pour dix-huit mois seulement. « Ce qui nous inquiète, c'est après. S'en passer, oui mais comment, notamment vis-à-vis des vivaces, du chiendent, de l'ambroisie ? », s'est interrogé le président des Jeunes Agriculteurs (JA) de la Drôme, Sébastien Richaud en ouverture du débat.
« Aucune étude ne prouve que le glyphosate seul est cancérigène, a fait remarquer la présidente de la chambre d'agriculture, Anne-Claire Vial. « Ce que l'on sait, aujourd'hui, c'est que des coformulants associés à ce désherbant, notamment la tallowamine, sont probablement cancérigènes. »
Trouver des solutions
La position du sénateur Gilbert Bouchet, donnée par son attachée parlementaire, Laurence Achin-Charbonnel, est de suspendre l'interdiction du glyphosate tant qu'une solution de substitution aussi efficace n'est pas trouvée. Sur les néonicotinoïdes en général, le sénateur Didier Guillaume a dit ne pas être pour une interdiction immédiate. Les agriculteurs sont obligés d'en utiliser en attendant que soient trouvés des produits alternatifs. A ce sujet, « un insecticide n'est pas sélectif, il tue aussi des abeilles, a reconnu Anne-Claire Vial. Pour la FNSEA, des alternatives sont à trouver. Ce n'est pas le travail des agriculteurs mais celui des chercheurs. S'agissant du glyphosate, nous sommes absolument contre son interdiction. »
Halte à la sur-réglementation
Pour le député Franck Reynier, l'Europe doit être davantage efficace, être un outil d'harmonisation et la France doit arrêter de sur-réglementer. « Ce n'est pas raisonnable, réaliste d'interdire des produits tant qu'il n'y a pas de substitutions présentées. »
Le déchaumage est aujourd'hui la seule alternative au désherbage avec le glyphosate, ont noté les JA animateurs du débat. Mais le second est plus efficace et moins coûteux (35 euros à l'hectare contre environ 100). Et, en agriculture simplifiée, il est le seul moyen de maîtriser les adventices avant implantation d'une culture. Jean-Pierre Royannez, vice-président de la chambre d'agriculture, reproche à l'Etat, aux parlementaires, à la société de prendre les sujets déconnectés les uns des autres, sans regarder si les solutions ne sont pas en contradiction avec d'autres. « On nous demande de faire de l'agroécologie sans labour, sans produits phytosanitaires, ce n'est pas possible, a-t-il dit. Une micrograine semée en direct dans une végétation de 50 centimètres de haut pourrira car elle manquera de lumière. On est obligé de désherber au glyphosate pour que la plante puisse pousser. »...
Tenir compte des conséquences
Claude Aurias, conseiller régional, a estimé que, si des produits sont dangereux, ils doivent être interdits dans tous les pays membres de l'Union européenne. Et, pour toute décision, les conséquences économiques sur les exploitations doivent être prises en compte. Il a pris l'exemple de la commune de Loriol, dont il est maire, qui pratique le zéro produits phytosanitaires depuis cette année. Depuis, le temps passé par ses services techniques est en hausse de 15 à 20 %.
Quant à Françoise Chazal, maire d'Etoile et conseillère départementale, son sentiment est que « les agriculteurs sont à la fois victimes et bourreaux. Victimes car ils respectent à ce qu'ils doivent utiliser et bourreaux car on les fait passer pour des grands méchants au niveau de la santé publique et des pollueurs ».
Stimuler la recherche
Si le glyphosate est interdit, comment gérer l'ambroisie, problème de santé publique ? L'arrachage manuel, que prône des associations environnementales, « est impossible à l'échelle d'un champ », ont constaté les JA. Sur les terrains non agricoles, l'ARS (agence régionale de santé) préconise l'implantation de vivaces, l'enherbement, le paillage, a rappelé le directeur de cabinet du préfet, Stéphane Costaglioli. Pour les terres agricoles, elle conseille le déchaumage en première intention. Et s'il est insuffisant, elle admet le principe de traiter avec des produits chimiques pour maîtriser l'ambroisie.
Le directeur de cabinet du préfet a encore confié : « Quand on touche à la problématique de la santé publique, il faut avoir en tête le principe de précaution. Seule l'utilisation du glyphosate avec certains coformulants pose problème. Il faut donc se pencher sur ceux-là. La recherche sait progresser. Il faut la stimuler, lui donner un cap et un calendrier. Si cela est fait, je ne doute pas que, vu les intérêts économiques, les grands groupes mettront les moyens nécessaires pour trouver des alternatives. Le secteur étant concurrentiel, il faut créer un rapport de force pour contraindre les opérateurs à développer la recherche. » Et ce, « pour proposer des alternatives efficaces et à un coût raisonnable afin de ne pas mettre en danger le fragile équilibre de l'agriculture ».
Annie Laurie
 
L'ambroisie, problème de santé publique
Rhône-Alpes est la région française la plus contaminée par l'ambroisie : une surface estimée à 35 000 à 40 000 hectares et une progression de 1 000 hectares par an. Quelque 280 000 Rhônalpins sont potentiellement allergiques. Et les dépenses publiques liées à l'ambroisie sont estimées à 15 millions d'euros dans la région.
La Drôme est le département le plus infesté de France : 8 000 hectares. 84 % des Drômois sont exposés à un fort risque allergique (source Air Rhône-Alpes). Et 20 % souffrent d'une allergie à l'ambroisie.