La fête des moissons et des récoltes a eu lieu cette fin d'été sur douze exploitations agricoles aux quatre coins de la France, dont l'une à Crest chez Fanny et Stéphane Boutarin le 5 septembre. C'était la troisième édition de cet événement organisé par Agridemain, réseau dont ces Crestois sont ambassadeurs depuis l'an passé.
Créée à l'initiative des « principales organisations professionnelles », Agridemain est une plateforme destinée à promouvoir l'agriculture auprès du grand public. « Ce qui nous plaît, confie Stéphane Boutarin, c'est qu'elle est une plateforme de communication positive. Elle est ouverte à tous les systèmes agricoles, qu'ils soient bio ou conventionnels, intensifs ou spécialisés dans des productions particulières... On y croise des agriculteurs de tous les horizons ayant des exploitations de toutes tailles. Et avec Agridemain, on apprend à communiquer. Cela m'a conforté dans l'idée qu'il faut dire ce qu'on fait sur nos exploitations, pourquoi on part peu en vacances, on traite la nuit, on irrigue aussi le jour... C'est un réseau intéressant pour communiquer. »

Expliquer ce qu'on fait et tisser des liens

L'ambition d'Agridemain et de ses 300 ambassadeurs (300 actuellement) est de reconnecter avec la réalité l'image que le grand public se fait de l'agriculture. Ce réseau a organisé un « AgridemainTour » cet été (du 27 août au 9 septembre) avec un food truck qui s'est déplacé sur les exploitations participant à ces fêtes des moissons et des récoltes. Emploi, innovation, environnement et production ont été mis en avant pendant ce tour de France des agricultures. L'objectif était triple : donner la parole aux agriculteurs pour qu'ils expliquent la réalité de leurs pratiques, les spécificités des productions et démontrent leurs contributions aux territoires ; montrer les différentes facettes de l'agriculture ; tisser du lien. « C'est à la fois la célébration de la fin des récoltes et une fête des voisins, indique Stéphane Boutarin. L'idée, c'était d'échanger, de répondre aux questions, d'expliquer ce qu'on fait, pourquoi, comment et de créer du lien. »

Ail noir, ail éléphant...

Ceux qui sont venus ont pu découvrir l'exploitation de Stéphane Boutarin et ses productions : 65 hectares cultivés en ail, semences (maïs, tournesol, luzerne), blé, luzerne fourrage, mélisse et camomille. Quant à Fanny, son épouse, elle a créé Ail Shake, une société s'inscrivant dans le prolongement de l'activité de l'exploitation. Cette entreprise commercialise en circuits courts et sous la marque « Maison Boutarin » de l'ail IGP, ainsi que de l'ail éléphant*. En outre, elle transforme (de façon artisanale) de l'ail blanc IGP de la Drôme en ail noir**. C'est d'ailleurs le premier producteur d'ail noir en France. Restaurateurs, épiceries fines et magasins de produits régionaux sont les débouchés d'Ail Shake.

Des animations

A l'occasion de cette fête, côté culinaire, l'émission « Les Toqués » de France Bleu Drôme Ardèche s'est tenue chez Fanny et Stéphane Boutarin ce jour-là avec deux chefs étoilés : Sébastien Bonnet (restaurant « Le Kléber » à Crest) et Baptiste Poinot (restaurant « Flaveurs » à Valence). Ils ont cuisiné du pintadeau de la Drôme et du chevreau avec une sauce à l'ail noir. Ont aussi pris part à l'évènement Claire Salomon (Les Délices du Bompart, La Roche-sur-Grâne), qui a mis au point une confiture d'abricot-ail noir, et le pâtissier Denis Cochet (Crest) qui confectionne des macarons à l'ail noir.
Côté agricole, cette fête a mis en avant plusieurs filières agricoles, leurs innovations mais aussi souligné le poids de l'emploi dans la Drôme. En effet, avec 30 000 contrats saisonniers conclus chaque année et 2 500 salariés permanents, elle est le premier département employeur en Auvergne-Rhône-Alpes. Pour expliquer les emplois sur les exploitations et dire que l'agriculture recrute, il y avait l'Adefa*** et le groupement d'employeurs Agri Travail. Le Gnis****, lui, présentait la filière des semences, le syndicat caprin de la Drôme la viande de chevreau, la coopérative Valsoleil le pintadeau de la Drôme et des charcuteries à base de viande de volaille, des producteurs de Piégros-la Clastre la filière chanvre. Etaient aussi là la Cave Jaillance et sa clairette...
Fanny et Stéphane Boutarin sont satisfaits de cette fête des moissons et des récoltes : « 140 personnes ont répondu à notre invitation, indique l'agriculteur. Sont venus des voisins, des collègues agriculteurs, des amis, des amis d'amis, d'autres personnes qui avaient eu connaissance de cette rencontre... La présentation des filières a été très appréciée . »

Annie Laurie

* Depuis trois ans, Stéphane Boutarin cultive de l'ail éléphant (de la famille de l'ail des ours), pour une double production. Pour ses bulbes, dont les gousses sont grosses que celles de l'ail classique et la saveur plus douce. Mais aussi pour sa hampe florale appelée « fleur d'ail », qui nécessite d'être coupée encore en bouton (en mai) afin que le bulbe puisse grossir. La Maison Boutarin la commercialise exclusivement auprès de restaurateurs. Elle se cuisine un peu comme une asperge.
** Produit traditionnel au Japon. L'ail noir est cuit à basse température (proche de la fermentation) pendant 30 à 40 jours. Cette préparation lui confère une texture fondante comme un fruit confit.
*** Adefa : association départementale emploi formation en agriculture.
**** Gnis : groupement national interprofessionnel des semences et plants.