La filière agroéquipement en difficulté fait preuve d’adaptation

La crise du Covid-19 a décidemment impacté tout le monde agricole. Les concessionnaires ne sont pas en reste avec des ventes quasi à l'arrêt mais qui ne devraient plus tarder à reprendre avec la mise en place du déconfinement. La plupart des commerciaux ont opté pour le télétravail ou le chômage partiel, bon nombre de leurs clients ayant stoppé ou mis en pause leurs achats. Alors que les mesures de confinement ont coïncidé avec le retour des travaux des champs, les constructeurs ont fait en sorte d'expédier un maximum de machines pour que les concessionnaires honorent la plupart de leurs commandes.
Des livraisons qui impactent les finances
Malgré ces efforts, certains n'ont pas reçu le matériel à temps, attendu par les clients. En dehors du fait de ne pas honorer une livraison qui se répercute sur la situation économique de l'entreprise, « cela entraîne aussi des manques à gagner conséquents lorsque le matériel, qui devait être repris, réalise une campagne supplémentaire. Par exemple, une moissonneuse-batteuse qui effectue une récolte de plus prend une année de décote supplémentaire supportée par le concessionnaire. Les pistes pour compenser cette perte financière sont peu nombreuses et il semble délicat de revoir les termes du contrat, au risque de s'exposer à une menace d'annulation du bon de commande », indique Pierre Prim, président du Sedima à nos confrères de Réussir Machinisme. En Auvergne-Rhône-Alpes, l'activité commerciale des concessionnaires est restée relativement stable, d'après Jean-Marc Bosson, président du Sedima Rhône-Alpes. « Dans la plupart des cas, nous avons finalisé des affaires en cours, avons mis en place la prospection téléphonique et la vente à distance. Peut-être craindra-t-on une baisse des ventes dans les semaines à venir en zone d'appellation fromagère ? C'est possible, surtout si la restauration et le tourisme restent encore à l'arrêt ! » indique-t-il.
Le SAV se réorganise
A l'échelle nationale, le service après-vente a dû être accompagné de mesures sanitaires de protection pour les salariés et les clients, notamment la fermeture des magasins de libre-service, source de revenu important pour les distributeurs. Sur le même principe que les drives des supermarchés, les entreprises ont souvent mis en place des livraisons à domicile ou des retraits en magasin pour les pièces détachées. « De leur côté, les clients ont dû patienter, car les mesures sanitaires ont allongé les délais pour la livraison finale, certains concessionnaires ayant pris la précaution de ne pas manipuler les colis dans les 24 à 36 heures suivant leur réception, afin d'écarter les risques de contamination », souligne le Sedima. Cette crise sanitaire a aussi obligé les concessionnaires à modifier la mise en route des nouveaux matériels, privilégiant le conseil par téléphone pour les produits les plus simples et le déplacement d'un technicien pour les plus complexes.
Les constructeurs préparent la sortie
Du côté des constructeurs de machines agricoles, la première semaine de confinement a marqué l'arrêt brutal des usines. Dès la semaine suivante, elles se sont organisées pour reprendre progressivement les activités selon une réorganisation des méthodes de travail, souvent sur la base du volontariat. « Le respect des gestes barrières et des distances sanitaires demande de revoir les postes de travail, de redéfinir la circulation du personnel au sein des chaînes de production, mais aussi dans les vestiaires », remarque Alain Savary, directeur général d'Axema, syndicat des industriels de l'agroéquipement. Autre problématique : l'approvisionnement en composants. En effet, une pièce manquante suffit à stopper l'ensemble de la production. « Chez Claas en Allemagne, par exemple, la fabrication de moissonneuses-batteuses a été stoppée, car il n'y a plus de moteurs disponibles. Nos contacts en Chine nous ont indiqué que certaines entreprises qui avaient repris ont dû à nouveau stopper leur production, faute de matières premières. Ces enseignements nous aident à préparer au mieux la sortie et l'après-crise », termine le directeur général d'Axema.
Alison Pelotier avec Davis Laisney (Réussir Machinisme)