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Elevage bovin

La filière bovine ne veut plus de veaux sales à l’abattoir

Depuis le 1er avril 2016, les viandes issues des animaux sales sont déclarées impropres à la consommation humaine. Jusqu’ici
la réglementation sur la propreté ne concernait que les gros bovins de plus de 8 mois, mais à partir de l’été 2018, elle va également s’étendre aux veaux.

La filière bovine ne veut plus de veaux sales à l’abattoir

Suite à l'évolution des pratiques de consommation, avec notamment une plus grande demande de viande hachée ou crue, les risques sanitaires sont plus élevés lors de l'abattage (E.coli, salmonelles). La filière bovine a donc décidé de durcir la réglementation sur la propreté des animaux pour réduire les risques de contamination. Un accord interprofessionnel a été conclu en mars 2017, et concerne les bovins de 8 mois ou plus. Mais cette année, pour la première fois, ce sont les veaux qui vont être contrôlés et classés sur un modèle similaire à celui de leurs aînés. Face aux risques existants et aux inquiétudes des consommateurs, les acteurs de la filière bovine ont décidé de prendre les devants. Interbev travaille donc en amont, afin d'éviter que des veaux sales ne se retrouvent saisis. « Afin d'atteindre un objectif de zéro veau " D " en abattoir, nous sommes en train de produire des recommandations sous forme de fiches à l'intention des éleveurs, techniciens d'élevage et transporteurs. Un classement systématique de la propreté des veaux en bouverie va être mis en place en tenant compte des salissures sèches mais aussi humides. C'est-à-dire que les veaux de propreté A et B seront en lots et que les veaux C et D seront isolés et classés individuellement. Les classements qui seront remontés dans la base de données Normabev permettront ainsi un suivi statistique », explique Romain Kjan, directeur d'Interbev Aura.

Le classement de la propreté

L'accord qui existe actuellement, et qui sera étendu aux veaux, stipule que chaque éleveur est responsable de la qualité sanitaire et de l'hygiène de ses animaux. Cela signifie que lorsqu'un animal est vendu à destination de l'abattage, il ne doit pas présenter de salissures trop importantes qui pourraient contaminer la carcasse et venir altérer la qualité sanitaire de la viande. Les salissures prises en compte pour les bovins de 8 mois ou plus, sont les salissures dites « sèches ». Cela signifie qu'elles sont vieilles et datent d'avant le transport de l'animal vers l'abattoir. Les bovins sont donc notés sur la propreté de leurs flancs et de leur arrière par l'administration de l'établissement d'abattage, et lorsqu'un animal est noté sale, c'est le vétérinaire de l'abattoir qui doit confirmer la décision. Il existe quatre classes de propreté et les animaux y sont classés en fonction de la surface et de l'épaisseur des salissures sèches : A « près propre », B « propre », C « peu sale », D « sale ». Si les catégories ne changeront pas pour les veaux, en revanche, les salissures humides seront certainement aussi prises en compte, notamment par rapport à la qualité du cuir. A consulter la grille de notation

Les conséquences d'un classement en D « sale »

Même si cela reste relativement rare, il arrive que des animaux soient classés D « sales » et les conséquences peuvent alors être lourdes pour le vendeur. Ici, la responsabilité revient au dernier propriétaire en date de l'animal. Ainsi ce ne sont pas toujours les éleveurs qui en subissent les conséquences, car il a été estimé que la personne qui vend un animal sale à l'abattoir le fait en connaissance de cause. Si l'animal est classé D « sale », il est consigné pour 48 heures, ce qui laisse à son propriétaire le temps de le nettoyer pour être ensuite réintégré dans le circuit d'abattage destiné à la consommation humaine, après approbation du vétérinaire. Dans le cas contraire, il sera abattu en fin de tuerie et sera déclaré impropre à la consommation humaine. L'application de l'accord aura alors pour conséquence l'annulation de la vente. Les vendeurs successifs peuvent alors exiger le remboursement du prix d'acquisition de l'animal à l'éleveur. L'acheteur pourra également facturer une somme forfaitaire de 100 € hors taxes à titre de dommages et intérêts au vendeur. Cependant, ce même vendeur ne pourra pas lui-même aller en demander le remboursement à l'éleveur. « Pour les veaux, en ce qui concerne le classement en propreté, la gestion des litiges et la répartition des responsabilités, la filière se donne encore six mois pour en fixer les termes et établir un accord interprofessionnel étendu. D'ici l'été 2018, l'accord devrait être effectif et le classement en propreté des veaux sera alors obligatoire », conclut Romain Kjan. 

Manon Laurens

 

WEB / Depuis le 9 janvier, chaque éleveur de la région qui fait abattre des bovins en France peut accéder à ses données d’abattage sur le nouveau site internet d’Interbev Auvergne-Rhône-Alpes(1), ainsi qu’aux nouveaux services qu’il propose.

Vos données d’abattage pour chaque animal en ligne

Le site pour consulter les données d’abattage existe déjà depuis 2006. Les éleveurs étant payés au poids, il leur permet un suivi de leurs abattages. Mais suite à l’évolution des nouveaux périmètres régionaux, Interbev a décidé d’adapter ce service. Une fois l’onglet « Vos données d’abattage » sélectionné et les mêmes identifiants qu’auparavant saisis (numéro de cheptel et mot de passe), l’éleveur consulte les informations de chaque animal abattu (poids, conformation, état d’engraissement, couleur…). Elles sont communiquées par les abattoirs et mises en ligne par Normabev au plus tard dès le lendemain de la date d’abattage, à 7 heures. Lorsque l’on entre dans le menu des données d’abattage, on peut désormais extraire des fichiers pour faire des comparaisons et réaliser un suivi technico-économique avec un technicien. On peut également éditer son ticket de pesée, très utile en cas de contrôle, ou encore suivre des statistiques sur ses rendements tout en se comparant aux données régionales. Si certains éleveurs ne disposent pas d’internet, ils peuvent toujours appeler un serveur vocal (0 800 92 690 151 - 0,34 €/min) qui leur communiquera ces données.Depuis septembre 2017, si la carcasse a fait l’objet d’une saisie, l’éleveur a accès à toutes les informations concernant l’animal en question et est prévenu via une alerte lors de sa connexion. Pour aider les éleveurs et réduire l’impact financier lié à ces pertes, Interbev a choisi, via son site, de fournir aux éleveurs des fiches techniques explicatives par pathologies. Lorsque l’éleveur est alerté d’une saisie totale ou partielle d’un animal, il est automatiquement redirigé vers une fiche en fonction du motif de la saisie. 14 pathologies(2) relevant de la pratique d’élevage, et qui peuvent conduire à une saisie de l’animal, ont été définies par Interbev. Si l’éleveur est informé des lésions relevées (liées à la conduite de l’élevage) sur les carcasses de ses bovins, il sera en mesure d’adapter son itinéraire technique pour éviter la réapparition d’anomalies. Ainsi, la qualité sanitaire est améliorée et la valeur économique de la carcasse n’est pas dégradée. Avec plus de 25 000 éleveurs de gros bovins et veaux en Aura, c’est 98 000 connexions d’éleveurs par an sur le site, depuis qu’il existe, et 26 000 connexions via des sites partenaires de groupement ou d’EDE. Et depuis deux ans, grâce à la communication faite par Interbev, ce sont 30 000 connexions de plus qui s’ajoutent, et qui viennent attester de l’utilité de cet outil web dans le quotidien des éleveurs.  Manon Laurens(1) Se connecter à l’adresse www.interbevaura.fr(2) Les 14 pathologies sont : abcès unique ou gangrène, abcès omphalophlébitique, stéatose, affections liées aux corps étrangers, affections respiratoires, infiltration hémorragique, arthrite unique dont hémarthrose, strongylose, cysticercose, gale et teigne, abcès phyléphlébitique, distomatose, myosite éosinophilique et infiltration séreuse du tissu conjonctif.